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Edito

Un programme : sortir l'art et la culture de leur relative marginalité. (19/04/2012)

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J'aime les périodes électorales. Oui, je sais, les blasés, amers et déçus par avance m'objecteront que de toutes les façons ça sera toujours la même chose, que y'en a pas un pour rattraper l'autre, qu'on n'aborde pas le quart de la moitié des sujets qui mériteraient de l'être, que sais-je encore. OK, Ok !!! N'empêche, ça cause un peu plus dans les bureaux en ce moment  : « tiens tu peux me prêter le programme de ce candidat si tu l'as ? », ou bien «  le Smic à 1 700 euros, tu y crois, toi ? » ou encore : « on pourrait se positionner pour un emploi d'avenir pour développer notre projet associatif  ? »...

Si les médias ne nous proposent pas hélas de vrais débats entre les candidats eux-mêmes, il se développe malgré tout en cette période électorale une multitude de meetings et de débats, durant lesquels un certain nombre de personnes entendent, argumentent, répondent...  bref expriment leur ressenti face au contexte actuel et leurs espoirs pour l'avenir. Cela se passe dans les journaux, dans les télés (avec des meetings enregistrés dans leur intégralité sur LCP !), dans les cafeterias d'entreprise, au marché et sur internet of course !   ce que vous sentez tout d'un coup au-dessus de votre tête, c'est quand même un agréable petit vent frais de démocratie.

Et après ? et bien oui, c'est toujours pareil : après...comment faire pour que les hommes politiques, (dûment légitimés par les voix de leurs concitoyens, enfin, ceux qui votent) puissent comprendre qu'il est important que le débat, la contradiction et  l'argumentation se poursuivent  entre deux élections, comment faire pour qu'ils reconnaissent qu' existe une démocratie participative avec d'autres types d'élus, les élus associatifs qui œuvrent sur nos territoires (associations par lesquelles sont passés bon nombre de nos hommes politiques, associations ou syndicats qui leur ont permis d'être ce qu'ils sont aujourd'hui).


Et la place de l'art et des artistes dans la cité, dans tout ça ?  Même s'il existe un groupe d'experts culture de la campagne de François Hollande, même si des ateliers du Front de Gauche de la culture ont élaboré un projet culturel très complet, même si François Hollande et Jean-Luc Mélanchon ont tenu chacun un meeting dédié à la culture, même si la commission nationale culture d'Europe Ecologie les Verts s'est battue pour faire reconnaitre les questions de diversité et de droits culturels comme consubstantiels du projet écologiste... et bien à l'arrivée on ne peut pas dire que cela ait transpiré beaucoup dans les programmes des candidats, ni dans les débats télévisés.

Pourtant les enjeux sont importants. D'autant plus qu'autour de nous en Europe, le monde artistique et culturel est en souffrance, que ce soit aux Pays-Bas, au Portugal, en Espagne, en Italie, en Grèce, en Hongrie, en Grande Bretagne. Jusqu'alors la France, la Belgique et l'Allemagne ont tenu à peu près bon. Mais pour combien de temps ?

Est en jeu le maintien des moyens financiers, le nerf de la guerre. Mais pas que... il en va aussi de notre capacité à relégitimer l'importance de l'art et de la culture dans toutes les dimensions de notre vie, donc dans tous les secteurs de l'organisation administrative de notre pays (éducation, politique de la ville, social, affaires étrangères etc.) et cela dans le cadre d'une coopération publique qui fasse travailler beaucoup plus étroitement les différents échelons des pouvoirs publics, de la commune à l'Etat. Un vrai beau chantier pour le nouveau gouvernement, qui dépasse largement les questions, certes honorables, des droits d'auteur sur internet qui ont semblé centrales  ces derniers temps.

François Deschamps

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Extrait de Lettre d'information du réseau culture - N° 345 (19/04/2012)
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