consultation Handicaps et ville

Accessibilité en ville : guide des équipements publics

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V • Des évolutions sensibles dans la nouvelle législation

Fiche de cas n° 5 Le cas du handicap invisible

 

Il est courant de dire que le handicap est multiforme, en ajoutant que le handicap peut être physique, sensoriel ou mental. Mais cette présentation est incomplète et restrictive. En effet, le handicap peut être lié aux déficiences de la personne, à son état de santé, à son âge, à sa taille, à son poids…

 

Selon l’article L.114 du Code de l’action sociale et des familles, « constitue un handicap toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant ». Cette définition, créée par l’article 2 de la loi du 11 février 2005, a pour principal objectif de cadrer les mesures de compensation individuelles qui peuvent être apportées ou accordées aux personnes handicapées.

 

La compensation individuelle consiste à répondre aux besoins de la personne selon son projet de vie, par exemple l’accueil de la petite enfance, la scolarité, l’enseignement, l’éducation, l’insertion professionnelle, les aménagements du domicile ou du cadre de travail conforme à son mode de vie et à sa capacité d’autonomie, du développement ou de l’aménagement de l’offre de service, des prestations d’accompagnement ou des places en établissement spécialisé, etc.

 

Ces mesures de compensation sont définies selon les besoins de la personne exprimés dans un « projet de vie », soit par la personne elle-même, soit par ses parents lorsqu’il s’agit d’un mineur, soit par son représentant légal.

 

Dans cette définition, codifiée depuis 2005 par le Code de l’action sociale et des familles, l’état de l’environnement dans lequel vit la personne n’est pas mis en cause et le handicap de la personne est considéré uniquement comme le résultat de son état personnel.

 

En mai 2008, la France a signé la Convention internationale des droits des personnes handicapées (CIDPH) et, en mars 2010, la CIDPH a été transposée en droit français. Cette convention internationale définit le handicap comme le « résultat de l’interaction entre des personnes présentant des incapacités et les barrières comportementales et environnementales qui font obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres ».

 

Ainsi, désormais, il est admis que non seulement une personne peut être handicapée en raison des incapacités dont elle peut être atteinte, mais aussi en raison d’un environnement de vie non adapté. Un tel environnement peut renforcer le handicap de la personne ou, plus encore, lui ajouter d’autres handicaps. Un exemple qui illustre couramment cette situation est celui d’une personne paraplégique ou tétraplégique qui, à l’aide d’un fauteuil roulant comme moyen de compensation, peut se déplacer et trouver son autonomie. Mais cette personne, dans un environnement non accessible, par exemple en présence des marches d’escaliers, redevient à nouveau handicapée et perd son autonomie. De tels exemples peuvent être multipliés avec le cas d’autres formes de handicap.

 

C’est dans un environnement non accessible et dans un cadre de vie non adapté que l’on peut découvrir de multiples cas de handicap ; ceux qui sont visibles et ceux qui sont invisibles. Une personne peut être atteinte, à des degrés différents, d’une ou plusieurs déficiences, elle peut être polyhandicapée, elle peut avoir une déficience visible et un handicap invisible.

 

Le handicap est en effet multiple, mais il ne se limite pas uniquement au handicap physique, sensoriel ou mental. Il peut être visible ou invisible, il peut aussi être temporaire ou permanent.

 

Près de 80 % des situations de handicap sont invisibles

 

Selon les données de l’Insee, en France, environ 12 millions de personnes sont atteintes d’un handicap. Parmi ces personnes :

- environ 2,350 millions sont des personnes à mobilité réduite ;

- près de 9,6 millions de personnes sont reconnues administrativement handicapées et peuvent bénéficier de la PCH (prestation de compensation du handicap). Il s’agit des personnes qui déclarent avoir un problème de santé depuis au moins six mois et rencontrer des difficultés importantes dans leur activité quotidienne ou avoir eu un accident du travail dans l’année ;

- plus de 9 millions parmi les 12 millions de personnes handicapées ont un handicap invisible.

(Source : DARES 2016)

 

Les situations de handicap, comme celles du handicap moteur, des personnes aveugles, certains cas de handicap mental, sont détectables et en général peuvent être remarquées. Dans un lieu public, en milieu professionnel ou éducatif, etc., et dans un environnement inaccessible, ces personnes n’ont pas généralement besoin de rappeler qu’elles sont en situation de handicap et qu’elles ont besoin de mesures d’adaptation ou de compensation pour pouvoir mener à bien leurs activités. Tel n’est pas le cas pour les personnes dites handicapées invisibles.

 

Les déficiences auditives, certaines déficiences visuelles, les troubles liés à un handicap mental ou cognitif, les troubles autistiques, les troubles psychiques sont des situations de handicap qui sont invisibles. Une personne peut être atteinte d’un handicap invisible pour de multiples motifs, par exemple des situations liées à l’état de santé, comme l’insuffisance respiratoire ou cardiaque, ou des maladies invalidantes et des maladies évolutives comme la sclérose en plaques, la fibromyalgie, la maladie de Crohn ou encore des crises d’épilepsie, des personnes cérébrolésées… Le handicap invisible peut aussi être lié à un trouble neurodéveloppemental, ou des troubles spécifiques du langage ou d’apprentissage, comme les troubles dys… de nombreux autres cas et situations peuvent s’inscrire au nombre de handicaps invisibles.

 

Trop souvent, les personnes avec un handicap invisible sont incomprises et ignorées. Elles doivent régulièrement se justifier. Nombreuses sont celles qui doivent faire face à des situations difficiles et à des formes d’agressivité. Dans toutes les démarches administratives et autres, elles peuvent faire l’objet de remarques déplacées et ne pas pouvoir mener à bien leurs démarches.

 

Une personne peut être atteinte d’un handicap invisible, par exemple dans les cas suivants :

 

- les maladies invalidantes sont des troubles de la santé qui peuvent rendre la personne atteinte handicapée. Elles peuvent entraîner des difficultés de déplacement, de mouvement des membres, de stationnement debout ou prolongé. Ces troubles créent des situations de handicap souvent invisibles, comme les insuffisances respiratoires ou cardiaques. Les personnes souffrant de ces troubles sont facilement fatigables, leur mobilité est très réduite et elles se trouvent en difficulté pour monter ou descendre les escaliers ;

 

- les affections de longue durée peuvent être, dans la plupart des cas, classées comme handicap invisible. Les difficultés d’une personnes liées à une grande fatigue, à des douleurs permanentes ou à des troubles du sommeil ou de mémoire peuvent avoir des conséquences multiples. Par exemple, la personne atteinte peut se trouver en incapacité de mener une vie autonome ou d’avoir une activité professionnelle D’autres affections de longue durée comme les maladies cardiovasculaires, les maladies génétiques, le diabète, l’asthme, des affections psychiatriques de longue durée peuvent être la cause de handicaps invisibles ;

 

- les troubles du langage et de la parole. Il s’agit pour l’essentiel des troubles cognitifs appelés les « dys », comme la dyslexie, la dysphasie, la dyspraxie, la dyscalculie, la dysgraphie, la dysorthographie, le TDAH, un handicap invisible et les symptômes associés, comme la perte de confiance en soi, l’anxiété, l’agressivité ;

 

- les déficiences visuelles couvrent différentes situations. Il s’agit souvent d’un handicap invisible. Par exemple, les personnes qui ont perdu la vue à l’âge adulte ont souvent conservé une gestuelle naturelle et, pour certaines, elles peuvent même donner l’impression de suivre du regard sans rien distinguer. Les personnes qui ont un handicap visuel peuvent, selon le cas, avoir des incapacités totales ou partielles pour lire et écrire. Elles peuvent avoir un champ visuel réduit, être gênées par faible éclairement, avoir des mauvaises perceptions de couleurs. Se trouver en difficulté pour se repérer, s’orienter, se déplacer ou utiliser certains appareils comme les automates, s’ils ne sont pas conçus accessibles. Ces personnes peuvent se confronter à des problèmes notamment de sécurité dans un environnement non accessible ;

 

- le handicap auditif couvre de multiples situations qui peuvent aller d’une légère déficience auditive à la surdité totale. Il s’agit souvent d’un handicap invisible. Parmi les personnes qui ont un handicap auditif, on distingue les personnes malentendantes et les personnes sourdes de naissance ou devenues sourdes à l’âge adulte ;

 

- le handicap psychique représente le cas de handicap invisible le plus courant et est très présent, notamment en milieu professionnel, sans qu’il soit toujours pris en charge. Le handicap psychique couvre un spectre très large des situations multiples de handicap invisible. Dans un travail mené sous l’égide de l’Agefiph (Association nationale de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) et de l’Unafam (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques), une liste de l’état des personnes atteintes de handicap psychique a été dressée. Cette liste relève les difficultés qu’une personne atteinte de handicap psychique peut rencontrer en milieu professionnel et qui peuvent impacter son travail si elle n’est pas reconnue en tant que travailleur handicapé. Cette liste, bien que partielle, a la mérite de présenter les cas les plus fréquents.

 

Les signes (non exhaustifs) à travers lesquels le handicap psychique peut être détecté en milieu professionnel sont :

- difficulté de concentration, de mémorisation, de planification (gestion/organisation) ;

- troubles du jugement, des capacités décisionnelles ;

- difficulté à gérer les changements (« ça ne va pas de soi ») ;

- apragmatisme : difficulté à entreprendre, à agir, ce qui fait qu’on peut les croire « fainéants » alors qu’il n’en est rien ;

- anxiété massive liée au vécu de la maladie elle-même ;

- imprévisibilité ;

- dévalorisation de soi ;

- difficulté à « demander » ;

- variabilité de ces éléments : la maladie est « oscillante ».

 

D’autres signes peuvent également être révélateurs d’une situation de handicap, par exemple :

- retards ;

- absences ;

- fatigabilité ;

- oublis ;

- évitement ;

- isolement par rapport aux collègues ;

- tristesse ;

- agressivité ;

- colère ;

- propos incohérents…

 

Cette liste n’est pas exhaustive et ne recouvre pas tous les cas de handicap psychique, il convient de l’utiliser avec discernement.

 

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