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V • Hommages publics

Fiche pratique n° 3 Journée internationale des droits de la femme

 

Vendredi 8 mars 2019 - Square de la laïcité à Auxerre

Hommage à Lucie Aubrac – Femme – Résistante – Enseignante

 

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la ville d’Auxerre a rendu un vibrant hommage à une femme d’exception : Lucie Aubrac.

Le sens de cette cérémonie était de rappeler l’engagement des femmes dans la Résistance, à travers le parcours de Lucie Aubrac et son engagement personnel dans l’évolution de la condition féminine et le combat pour les droits des femmes après-guerre.

C’est dans le square de la laïcité, ce lieu symbolique où s’affichent les portraits de grands républicains qui ont œuvré pour la défense des libertés, de la République et de la laïcité, que le portrait et la biographie de Lucie Aubrac ont été dévoilés, en présence de Monsieur Olivier Vallade, petit-fils de Lucie Aubrac, de Madame Isabelle Alonso, écrivaine et féministe, marraine de la Journée internationale des droits de la femme et des autorités préfectorales, municipales, civiles et militaires.

 


 


 

C’est par la voix de Lucie Aubrac que débuta cette cérémonie empreinte de respect et d’émotion.

 


Source : Photo ville d'Auxerre

 

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Qui était Lucie Aubrac ?
 
 
Il est des noms qui ont valeur de symbole, qui honorent à la fois la République et la nature humaine et qui, à leur simple évocation, imposent humilité, émotion et respect. Lucie Aubrac est l’un d’eux !
 
C’est le 29 juin 1912, à Paris, que naquit Lucie Bernard. C’est dans une famille aimante et solidaire qu’elle grandira. Sa mère, Louise, infatigable travailleuse, assurera l’éducation de ses deux filles lorsque son père, Louis, sera mobilisé en 1914 ; blessé en 1915, il deviendra partiellement invalide en 1918. Lucie et sa sœur Jeanne seront alors reconnues comme pupilles de la nation et obtiendront une bourse leur permettant de poursuivre des études. Elle a 17 ans lorsqu’elle réussit le concours d’entrée à l’École normale d’institutrices à Paris.
 
Elle prendra très vite conscience de la montée du fascisme en Europe et découvrira, en 1936, en se rendant à Berlin à l’occasion des Jeux olympiques, la réalité du nazisme. Tout en militant activement au sein des jeunesses communistes, elle entreprend alors des études d’histoire et sera reçue, en 1938, à l’agrégation d’histoire-géographie qui la conduira à devenir enseignante.
 
Elle est en poste à Strasbourg lorsque la guerre éclate. Elle fait la rencontre de celui qui sera l’homme de sa vie : Raymond Samuel. Il est ingénieur des Ponts et Chaussées et sera mobilisé comme officier du génie. Ils se marieront le 14 décembre 1939. Fin juin 1940, Raymond est fait prisonnier par l’armée allemande et détenu à Sarrebourg. Lucie parviendra à le faire évader fin août 1940.
 
À l’automne 1940, alors que l’Université de Strasbourg est repliée à Clermont-Ferrand et qu’elle doit s’y présenter pour avoir une affectation, elle formera un premier noyau de Résistance avec notamment Emmanuel d’Astier de la Vigerie dénommé « la dernière colonne », qui amènera à la constitution du mouvement « Libération-Sud ». C’est à ce moment que Lucie et Raymond Samuel décident d’adopter comme « nom de guerre » celui d’Aubrac.
 
En 1941, le couple Aubrac s’installe à Lyon. Raymond Aubrac exerce son métier d’ingénieur tandis que Lucie est nommée professeur au lycée de jeunes filles Edgar-Quinet. Toujours militante et membre de la direction du réseau de résistance « Libération-Sud », elle s’adonne alors, entre ses cours, à de multiples activités clandestines, contribuant à la parution du premier numéro du journal « Libération », fabriquant de faux papiers, aidant des résistants à franchir la ligne de démarcation ; elle sera toujours volontaire et à la pointe du combat contre l’occupant nazi.
Le 15 mars 1943, Raymond Aubrac, qui est dans la clandestinité l’adjoint du général Delestraint, chef de l’armée secrète, est arrêté à Lyon par la police de Vichy et incarcéré à la prison Saint-Paul. Avec un aplomb incroyable, Lucie Aubrac réussira, une fois encore, à le faire libérer. Puis viendra ce 21 juin 1943. Ce jour verra l’arrestation, à Caluire, de Jean Moulin et de plusieurs responsables de la Résistance, dont Raymond Aubrac. Ils seront incarcérés au fort de Montluc et seront interrogés sous la torture, par Klaus Barbie, au siège de la Gestapo. Le 21 octobre 1943, c’est les armes à la main qu’elle mènera l’attaque du camion transférant Raymond Aubrac et une dizaine d’autres résistants. Désormais recherchés par la police allemande et celle de Vichy, ils rejoindront Londres le 8 février 1944.
 
En juillet 1944, elle participera à la mise en place des comités de libération dans les zones libérées.
Puis viendra la victoire. La France sera libérée. Lucie Aubrac reprendra son métier d’enseignante sans pour autant mettre un terme à son action militante. Elle se mobilisera pour la décolonisation, l’évolution de la condition féminine, les problèmes de société et rejoindra la Ligue des droits de l’homme.
À l’heure de la retraite, elle reprendra la direction des établissements scolaires pour s’adresser à la jeunesse et transmettre aux nouvelles générations le sens des valeurs de solidarité et de justice qui firent la grandeur du combat de la Résistance.
 
Lucie Aubrac était vice-présidente d’honneur de la Fondation de la Résistance. Elle était titulaire de la médaille de la Résistance, de la croix de guerre 39/45, elle était commandeur des palmes académiques, grand-croix de l’ordre national du mérite et grand officier de la Légion d’honneur, la République honorant ainsi celle qui s’était donné pour mission de transmettre ces mots simples et pourtant essentiels : la LIBERTÉ, l’ÉGALITÉ et la FRATERNITÉ. Ces trois valeurs étaient pour elle une évidence et elle en avait tiré à la fois son parcours de vie et de la Résistance.
 
Lucie Aubrac nous a quittés le mercredi 14 mars 2007 à 94 ans. Les honneurs militaires lui seront rendus aux invalides en présence du président de la République, Jacques Chirac, qui clôtura son propos en soulignant « que le combat de Lucie Aubrac devait permettre de garder vivante dans nos cœurs la flamme des luttes de la République pour la liberté ».
 
En ce 8 mars, Journée internationale des droits de la femme, c’est une page d’histoire et le combat d’une femme d’exception que nous honorons aujourd’hui.

Texte lu par Floris Janssens, directeur de cabinet adjoint du maire d’Auxerre.

 

La cérémonie d’hommage s’est accompagnée de nombreux morceaux musicaux symbolisant la vie de Lucie Aubrac :

- le chant des partisans, pour honorer la Résistante ;

- l’hymne à l’amour, pour honorer la femme, l’épouse et le couple qu’elle formait avec Raymond Aubrac, qu’elle fera évader à maintes reprises des prisons de la gestapo ;

- la Marseillaise, pour honorer la femme républicaine, pour honorer la citoyenne et le combat qu’elle mena pour la défense des libertés.

 

* Les prises de paroles lors de la cérémonie :

- Monsieur Guy Paris, premier adjoint au Maire d’Auxerre ;

- Madame Alix Barboux, directrice départementale de la cohésion sociale de l’Yonne, représentant Monsieur Patrice Latron, préfet de l’Yonne ;

- Madame Isabelle Alonso, écrivaine et féministe, marraine de la journée internationale des droits de la femme ;

- Monsieur Olivier Vallade, petit-fils de Lucie Aubrac, représentant la famille.

 


Intervention de Monsieur Guy Paris,
premier adjoint au maire de la ville d’Auxerre

 


 

Madame Alix Barboux, représentante du préfet,

 

Madame Isabelle Alonso, notre marraine de cette journée internationale des droits de la femme,

 

Monsieur Olivier Vallade, petit-fils de Lucie Aubrac,

 

Mesdames et Messieurs les élus,

 

Mesdames et Messieurs les présidents et membres d’associations,

 

Mesdames et Messieurs, chers amis,

 

C’est toujours un immense plaisir de nous retrouver ici, dans ce square presque intime, reposant, arboré, dédié à la laïcité, avec de grands hommes qui ont marqué nos valeurs fondamentales de Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité, un immense plaisir de nous retrouver en cette journée internationale des droits de la femme, pour rendre hommage ici, à une femme, une grande dame !

 


Que dire de plus après avoir entendu la biographie de Lucie Aubrac ?

Lucie Aubrac, femme parmi les femmes, est une de ces femmes remarquables qui s’est retrouvée à devoir s’adonner à des activités clandestines et de résistance pendant la guerre de 1940. Lorsque j’entends la lecture de ces faits héroïques qui ont animé de nombreuses personnes durant cette guerre, je suis à chaque fois admiratif de tels courages, et interrogatif : si aujourd’hui, de tels événements se produisaient, quelle serait notre capacité collective et individuelle à résister, à combattre ?

 

Avons-nous aujourd’hui en 2019, la même imprégnation du sens du mot LIBERTÉ et celui de LAÏCITÉ ?

 

Plusieurs événements récents, malheureusement, montrent que sont toujours présents la haine, l’antisémitisme, les nombreux comportements violents envers tel ou tel parce que différent par la couleur de peau, par ses origines, par son option religieuse, par sa sexualité. Tous ces comportements prouvent que le pire est toujours possible.

Le « Plus jamais ça !» n’est jamais gagné !

Alors, oui, encore d’avantage aujourd’hui qu’hier, il est important d’honorer cette femme, Lucie Aubrac, ici à Auxerre aux côtés de ces grands hommes, pour, comme cela a été dit par le président Jacques Chirac et rappelé il y a un instant, « garder vivante dans nos cœurs la flamme des luttes de la République pour la liberté ».

 

FEMME, RESISTANTE, ENSEIGNANTE, voilà un triptyque complexe et difficile, un combat permanent. Résistante, je l’ai évoqué, enseignante, c’est la transmission des SAVOIRS et aussi des VALEURS, que de responsabilités pour le devenir, femme, et en cette journée du 8 mars, comment ne pas être étonné qu’il faille encore revendiquer les droits de la femme ? Il n’y a que depuis quelques jours qu’un indicateur impose aux entreprises de mesurer et d’agir sur l’égalité professionnelle femme-homme ! Dans « Histoires de pionnières », Martine Fournier qui sera à la conférence à 18 h 30 dit (en parlant des femmes) : « Pendant des millénaires, elles ont été cantonnées au rôle d’épouse et de génitrice, dans le cadre d’une domination masculine qui instaurait une hiérarchie entre les deux sexes. Ce n’est que depuis deux siècles qu’elles ont commencé à s’émanciper de cette condition dans un mouvement social inédit dans l’histoire, qui a irrigué toute la planète et reste encore inachevé aujourd’hui. »

 

Monsieur Vallade, vous pouvez être fier d’être le petit-fils de cette grande dame que fut Lucie Aubrac, c’est un grand honneur que vous nous faites par votre présence en cette journée du 8 mars et je vous en remercie au nom de tous les élus ici présents et au nom du maire Guy Férez et de la Ville d’Auxerre.

 

Madame Alonso, merci d’être la marraine de cette journée du 8 mars, présente ce matin à cet hommage puis dans quelques instants actrice du dévoilement du portrait de Lucie Aubrac, présente à 18 h 30 à la table ronde sur le thème « Femmes en résistance d’hier et d’aujourd’hui ». Vous êtes native d’Auxerre, de parents réfugiés politiques espagnols, et je ne doute pas que votre émotion soit grande, ici dans ce square, face à celui qui rend hommage à vos parents, familles et amis espagnols.

 

Je vais conclure simplement par cette belle phrase, digne d’une femme, résistante et enseignante, qui figure sur l’invitation à cette cérémonie :

 

« Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent » !

 

Guy Paris,
premier adjoint au maire d’Auxerre

 


 

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