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Les villes, protection ou mouvement ?

Article du numéro 471 - 01 octobre 2013

Repères

Après tout, pourquoi une ville, un territoire devraient-ils évoluer ? Ne peut-on rester entre soi, arrêter le mouvement, se contenter de ce que l'on a ? Peut-être, et l'idéologie du développement à tous crins, de la course continue vers l'avant a du plomb dans l'aile. Les questions posées par le type de développement en cours depuis des décennies ne sont pas fausses. Elles devront trouver des réponses concrètes et pas seulement à un hypothétique niveau planétaire, car l'échelon local est aussi un niveau auquel on peut et doit faire des choix.

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Après tout, pourquoi une ville, un territoire devraient-ils évoluer ? Ne peut-on rester entre soi, arrêter le mouvement, se contenter de ce que l'on a ? Peut-être, et l'idéologie du développement à tous crins, de la course continue vers l'avant a du plomb dans l'aile. Les questions posées par le type de développement en cours depuis des décennies ne sont pas fausses. Elles devront trouver des réponses concrètes et pas seulement à un hypothétique niveau planétaire, car l'échelon local est aussi un niveau auquel on peut et doit faire des choix.


L'immobilisme est un leurre

Cependant, laisser croire qu'une cité peut s'abstraire de l'évolution, se figer dans un état donné, est un leurre pour de multiples raisons. Faisons un exercice de prospective simplifié. Il existe de nombreux échanges entre les territoires, mais si on observe un déséquilibre entre eux, faute d'intervention, il s'accentuera. Et s'il y a manque d'activités ici, il y a alors moins d'emplois, l'on va donc en chercher ailleurs. De même, si l'habitat se dégrade et ne correspond plus aux demandes actuelles, une part de la population s'en va pour habiter plus loin. Se concentrent alors les populations captives, mettant en cause la mixité et accentuant les difficultés sociales. La population et les activités diminuant, les recettes baissent tandis que les problèmes à résoudre augmentent. Qu'en est-il alors des investissements publics nécessaires en termes de services urbains, de déplacements, de vie culturelle, d'éducation, de loisirs ? Comment faire face aux nombreuses friches qui ne constituent pas tant des opportunités que des charges en plus, quand le secteur privé se révèle bien peu présent dans un tel contexte ? Comment résoudre des problèmes urbains, des inégalités grandissantes avec des moyens de plus en plus faibles ? Et la qualité de la vie citadine diminuant au regard de l'offre que d'autres territoires apportent, les activités économiques susceptibles de s'implanter vont plutôt ailleurs...


L'évolution naturelle n'est pas vertueuse

Cette vision n'est pas un scénario catastrophe. Cela s'est passé de manière semblable dans de nombreuses villes suite aux restructurations industrielles des années 1970 et 80 : une évolution naturelle n'est pas vertueuse. La plupart de ces cités le savent, qui se sont battues pour retrouver une place, un attrait, un rôle, pour de nouveau être des lieux de production de richesse et d'épanouissement des personnes. Et l'on sent bien intuitivement, après toutes ces années, que certaines villes semblent à présent porteuses d'énergie, d'enthousiasme collectif, quand d'autres semblent fanées. Il ne s'agit d'ailleurs pas du passé mais bien d'une histoire actuelle du monde des villes et qui risque fort de se reproduire en d'autres temps, ailleurs, dans d'autres circonstances.
Ce court essai prospectif - bien sûr caricatural -, entend montrer en négatif les enjeux du développement urbain. À présent, chacun est en général convaincu du fait qu'il n'y a pas vraiment de choix, que l'inaction serait dramatique. L'objectif est souvent partagé que la ville, le territoire, doivent évoluer et se construire un avenir collectif se déclinant aussi en avenirs individuels. Reste à savoir quoi mettre dans le terme de « développement urbain », quelles priorités se donner, quelle stratégie adopter ? C'est tout l'enjeu de n'en pas rester aux généralités mais de prendre en compte le contexte, de le considérer comme une ressource de laquelle va naître une stratégie, un projet lui-même traduit en de multiples initiatives.