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« Les femmes s'autocensurent trop dans leur travail»

Article du numéro 470 - 16 septembre 2013

Leader

Anne-Cécile Sarfati est rédactrice en chef adjointe au magazine Elle, et auteur de Être femme au travail, Ce qu'il faut savoir pour réussir mais qu'on ne vous dit pas, un guide, nourri d'expertises de coaches et de témoignages éclairés. Une nouvelle formule vient de sortir chez Odile Jacob.

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Dites-vous aux femmes : « ne comptez pas trop sur les quotas, mais sur vous-mêmes pour faire carrière » ?

En fait, je dis qu'il faut agir sur une multitude d'aspects. Premièrement, sur tout ce qui peut, dans la loi, aider les femmes à prendre place dans la vie professionnelle, deuxièmement, continuer de faire pression sur le pouvoir politique, troisièmement, faire pression également sur les entreprises privées et publiques, afin qu'elles se rénovent en interne et permettent aux femmes de mieux accéder aux postes à responsabilité. Tout cela est important. Mais je dis aussi : cela ne suffit pas ! Les femmes ont des petites marges de man½uvre individuelles sur lesquelles agir. D'abord, parce que c'est la vérité : nous avons vraiment des faiblesses, nous, les femmes... Et puis aussi : c'est une vision plus optimiste de la vie ! Plutôt que d'attendre que ça bouge et de ne rien faire...


Vous notez un sérieux problème de temporalité entre l'âge de la promotion dans le monde du travail et la vie des femmes...

En effet, c'est entre 30 et 40 ans que se joue la vie professionnelle des gens. C'est une sorte de règle non écrite dans le monde du travail... Les entreprises privées ou publiques regardent dans leurs viviers des 30-40 ans, pour repérer leurs candidats à promouvoir. Pourquoi ? Parce qu'à 30 ans, on est formé, on commence à avoir de l'expérience et puis, c'est la force de l'âge. Sauf que pour les femmes, ce n'est pas la meilleure période pour elles. C'est l'âge où elles font leur couple, leurs enfants. Alors forcément, les dirigeants vont se tourner plus vers les hommes...


Vous déconseillez aux femmes de prendre un congé parental... C'est dur, non ?

Ce n'est pas une réflexion idéologique, mais très pragmatique ! S'arrêter pour élever son ou ses enfants est un non-choix aujourd'hui... Tous les spécialistes vous expliquent qu'une femme qui s'est contentée de prendre son (ses) congé(s) maternité, se met dans une position bien plus vertueuse sur le marché de l'emploi qu'une femme qui a pris un congé parental. Non-choix aussi parce que le congé parental est trop mal payé en France pour qu'une femme soit vraiment autonome en le prenant, parce qu'il est trop long pour rester dans la course du marché du travail... Rien n'est fait sur le statut des femmes au foyer, qui ont de moins en moins de protection juridique. Elles se remettent complètement entre les mains du père de leurs enfants.


Quels sont les leviers pour prendre enfin sa carrière professionnelle en main ?

Les deux choses principales que les femmes peuvent apprendre à mieux utiliser pour en tirer le meilleur pour elles, et notamment pour obtenir les postes de pouvoir, ce sont le « savoir être » et le « faire savoir ». Ces règles s'appliquent dans tous les univers de travail. Le « savoir être », c'est tout ce qui ne relève pas de la compétence technique de chacune. Mais c'est aussi tout le reste : comment vous interagissez avec vos collègues de travail, votre chef, mais aussi l'extérieur... Le « faire savoir », c'est ne pas se contenter de faire bien son travail, mais aussi de le faire savoir, habilement bien sûr. C'est ce que j'appelle dans mon livre le « marketing de soi »...


Les femmes sont multitâches et épuisées de l'être. Or, vous leur proposez de devenir chef pour mieux gérer leur temps... Expliquez-nous !

Les femmes s'autocensurent trop, elles ont peur de ne pas arriver à tenir un poste de manager, de chef... Elles ont le syndrome de la bonne élève. Une femme candidate accepte un poste quand elle est sûre d'avoir 120 % des qualités requises... Les hommes se contentent de 60 %. Ils ont raison ! Les fonctions hiérarchiques s'apprennent en les pratiquant. Il y a une part de risque à prendre, mais une fois qu'on a appris à le faire, on obtient un vrai confort. Plus vous montez, plus vous êtes autonome sur votre emploi du temps, plus vous avez le pouvoir de fixer les règles du jeu (heure des réunions, présentéisme ou télétravail...). Je ne dis pas que l'on travaille moins ainsi, mais on travaille comme on veut...