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Ivry révise son Bac en bibliothèque

Article du numéro 467 - 01 juillet 2013

Expériences

Une vingtaine de bibliothèques municipales du Val-de-Marne ont offert plusieurs semaines de révision aux lycéens qui préparaient les épreuves du Bac.
Cette opération a apporté un soutien décisif à la réussite scolaire de jeunes concernés. Mais elle a aussi donné aux agents l'occasion de réfléchir au sens de l'action des bibliothèques.

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Le succès de la semaine de révision des épreuves du baccalauréat initiée par la bibliothèque de Fresnes en 2010 a suscité l'intérêt de nombreux élus car elle répond à un besoin évident. Cet intérêt a été relayé par nombre de cadres territoriaux qui résident dans des villes limitrophes et qui ont été sensibilisés à cette action en faveur des jeunes et en lien avec des enjeux de réussite scolaire. Le positionnement dynamique des bibliothèques-médiathèques est devenu une exigence progressive des élus. Ce mouvement a été amplifié au travers des différentes formes d'intercommunalités. Ce sont aujourd'hui une vingtaine de bibliothèques qui offrent entre une et trois semaines de révision rien que dans le Val-de-Marne.


Une démarche de projet

L'initiative de la bibliothèque-médiathèque d'Ivry s'inscrit dans cette dynamique départementale. La semaine de révision est un des axes du projet d'établissement dont elle constitue une démarche de projet - pour qui ? pour quoi ? comment ? avec qui ? à quels coûts ? - permettant de fédérer les énergies autour de la réussite scolaire des jeunes Ivryens.
Répondant à une demande récurrente des étudiants, notre projet de « Semaine de révision » améliore pour cette occasion l'accessibilité de la bibliothèque du centre-ville qui passe de 31 heures d'ouverture hebdomadaires à 48 heures avec une amplitude allant du lundi au vendredi de 11 à 19 heures, puis le samedi du 10 à 18 heures. Nous inspirant du modèle de Fresnes, il nous a semblé opportun de rechercher des professeurs bénévoles ainsi que des partenaires municipaux (Centre médical de santé, Direction jeunesse) qui ont accepté de conseiller et d'accompagner les jeunes Ivryens dans leurs révisions finales.
Cette opération a été menée en mode projet. Une réunion générale a permis de présenter le sens et les objectifs de cette action afin d'en faire un projet compris et partagé par l'ensemble de l'équipe. Cette réunion s'est conclue par la mise en place d'un groupe de travail associant des agents de tous grades et de tous secteurs. Les propositions de ce groupe de travail ont notamment contribué à l'organisation du temps de travail des agents.
Deux scénarios ont été présentés aux équipes et aux partenaires sociaux. Le scénario d'organisation de travail retenu a été présenté puis validé au bureau municipal et en CTP.


Un travail d'équipe

Les trente-huit agents des deux médiathèques (Plateau Monmousseau et centre-ville) se relaient par roulement de deux équipes travaillant du lundi au samedi en demi-équipe (9 h 45-17 h 15/13 h-19 h 15). Durant cette période, les agents ont fait l'effort de ne pas demander de congés. Par mesure d'équité, le temps de travail hebdomadaire des agents ainsi que les temps partiels ont été scrupuleusement respectés, ainsi que la répartition des trois soirées travaillées par agent (jusqu'à 19 heures). Compte tenu de l'importance de l'effectif, cette organisation nous a permis d'éviter les heures supplémentaires et des récupérations. Bien évidemment, la direction des médiathèques s'est inscrite dans les permanences de service public.
La phase de communication a alors été lancée. Elle a bénéficié de nombreux articles qui ont paru dans la presse municipale et locale. Elle a été relayée par l'édition val-de-marnaise du Parisien et de France 3 pour l'ensemble des médiathèques du Val-de-Marne. En diffusant largement l'information, les agents se sont faits les représentants de la bibliothèque-médiathèque auprès des jeunes et des partenaires, dans et hors les médiathèques.


Une interrogation collective sur le sens de l'action

L'organisation d'un événement de ce type n'est pas simple. Elle bouleverse les habitudes de travail ainsi que l'organisation personnelle des agents, mais elle permet par là même une interrogation collective sur le sens de l'action et le positionnement de la bibliothèque dans la ville. La réticence des agents ne porte pas, ou peu, sur les enjeux mais sur une organisation de travail plus dynamique et transversale. Dans un contexte de changement, les inquiétudes face à la nouveauté ont pu être exprimées lors de temps formels et informels. Tous les agents n'ont pas les mêmes parcours professionnels, les mêmes motivations, mais tous se sont montrés attachés aux enjeux d'une action qui valorise le sens et la reconnaissance de leur travail.
En ouvrant la médiathèque plus largement, les agents ont été mobilisés, pour orienter les jeunes vers les salles de travail, les accompagner vers les ressources documentaires, et finalement assurer de plus longues plages de service public, ce qui les ramène vers le c½ur de leur métier de bibliothécaire.
Les coûts se répartissent notamment entre les dépenses de ressources humaines - augmentation maîtrisée des heures de vacations étudiantes, de présence des agents de sécurité, des agents d'entretien du bâtiment - mais aussi de communication - tracts, affiches. Divers services municipaux comme les espaces verts se sont montrés très coopératifs et investis afin de faire leur possible pour assurer le succès de cet événement.
En devenant acteur de cette initiative, les équipes ont pris la mesure des besoins des jeunes en matière d'ouverture des bibliothèques, tout particulièrement en période d'examens. Cette prise de conscience contribue à solidariser l'équipe autour de nouvelles pratiques professionnelles au service de la population. Loin d'être un service isolé, la bibliothèque-médiathèque s'est affirmée comme moteur de la transversalité de l'action publique.


Témoignage

David Sandoz, directeur des médiathèques d'Alfortville, Agglomération Plaine centrale
Adapter nos services aux besoins du public
« Au moment des révisions du Bac, l'affluence de lycéens dépassait nos capacités d'accueil. L'équation d'Objectif Bac était donc simple sur le papier : offrir plus de places de travail et plus d'heures d'ouverture afin de contribuer à la réussite éducative des lycéens. Trois collègues ont travaillé sur le projet, inspirés par l'expérience d'autres médiathèques du département. Leur objectif ? Proposer ce nouveau service à faible coût. Convaincus du sens d'une telle action, les collègues ont accepté de décaler leurs horaires et pendant deux semaines ils se sont consacrés exclusivement à l'accueil du public. Cela a permis de passer de 31 h à 45 h d'ouverture. Les médiathèques ont vocation à s'intégrer à différentes politiques publiques : culture, mais aussi emploi, intégration, réussite éducative, etc. Pourtant, l'évolution des services offerts reste trop souvent méconnue par les habitants. Communiquer globalement sur la généralisation de ce service dans le département par le biais de l'association professionnelle Valmédia auprès du Parisien et de deux chaînes de télévision a permis une meilleure visibilité de nos établissements dans les médias et contribué à faire évoluer notre image ».