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« L'après-Printemps arabe doit être celui de la jeunesse »

Article du numéro 455 - 15 décembre 2012

Leader

Jean-Louis Reiffers Économiste, président du comité scientifique de l'Institut de la Méditerranée, il participait récemment à Marseille à la sixième semaine économique de la Méditerranée.
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A-t-on à ce jour suffisamment de recul pour appréhender les possibilités d'échanges économiques avec les nouveaux pouvoirs issus des printemps arabes ?

Dans tous les cas, les nouveaux pouvoirs devront continuer à développer leurs échanges économiques. Mais leur priorité reste que ces échanges puissent contribuer davantage à répondre aux demandes sociales qui ont accompagné les Printemps arabes. Par le passé, les échanges commerciaux ont eu des effets positifs sur la croissance économique mais ils ont, en même temps, renforcé les inégalités sociales et celles qui existent entre les territoires. Cela provient d'un mécanisme bien connu et qui joue également dans nos pays : les secteurs, entreprises et territoires qui ont des avantages comparatifs et sont compétitifs se développent, les autres régressent ou disparaissent. Et derrière la scène, vous avez des transferts de main-d'œuvre et un ajustement souvent important. Comme les dispositifs de transferts publics entre les gagnants et les perdants sont à bout de souffle, le risque est que, progressivement, des politiques protectionnistes s'installent. Heureusement le niveau d'intégration à l'économie mondiale rend cela difficile.


L'état d'incertitude sociale sur place constitue-t-il un réel handicap ?

Bien entendu car il crée des risques pour le niveau de la demande intérieure. Or, nous savons que, dans l'économie moderne, des anticipations positives sont nécessaires pour que les gens consomment, les entreprises investissent et les touristes arrivent. La diminution des entrées d'investissements étrangers, de même que celle des recettes touristiques a été considérable dans les pays leaders du Printemps arabe. Heureusement, contrairement à ce qui se passe chez nous, la consommation privée reste forte, ce qui explique que les prévisions de croissance tournent autour de 2 % en 2012 et 3 % en 2013.


Existe-t-il des modèles de coopération sur place qui préfigureraient l'état des prochains échanges ?

Le vrai enjeu, c'est que les pays des Printemps arabes s'intègrent davantage entre eux, y compris avec nous, qu'ils soient susceptibles de créer des valeurs de plus haut de gamme, que les productions se diversifient et que les économies d'échelle qui accompagnent l'extension des marchés permettent de diminuer les coûts. Mais le plus important, peut-être, est de mettre en place des politiques structurelles qui permettent d'offrir des emplois à la jeunesse. Ces politiques doivent se développer dans un climat de transparence absolue et s'adosser à une vision correspondant à un nouveau contrat social. Il me semble que l'avantage de la situation actuelle est qu'une page blanche a été ouverte. Il y a, on le voit bien, plusieurs possibilités pour la remplir : garder les mêmes institutions et attendre que tout se calme pour revenir au « business as usual », mettre en place un modèle totalement distributif associé aux pouvoirs religieux radicaux, créer un nouveau modèle de croissance plus inclusif au sens où il fera davantage participer la population, notamment les jeunes. C'est cette dernière hypothèse que je veux envisager. Ce modèle pourrait se développer dans le cadre d'une vision proposée à la jeunesse qui pourrait être l'après-Printemps arabe. Les nouveaux pouvoirs arabes doivent construire avec la jeunesse une société de la connaissance ouverte, développer leur créativité dans les domaines scientifiques et culturels, de façon à participer à la construction du savoir humain comme aux temps anciens et produire des innovations porteuses de nouvelles valeurs marchandes.