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Redorer le blason de la déontologie des journalistes

Article du numéro 453 - 15 novembre 2012

Leader

Pourquoi un Observatoire de la déontologie de l'information ?
C'était une grande attente de nombreux professionnels. La presse souff re d'un gros déficit de crédibilité. Les sondages le mesurent régulièrement. Moins de la moitié des Français fait confi ance aux médias. Et maintenant avec Internet, les journaux sont confrontés à des centaines de milliers de journalistes amateurs. Les journalistes professionnels vont devoir se distinguer de cet océan de concurrents plus ou moins doués. Si les journalistes professionnels veulent tirer un salaire de leurs articles, productions télévisuelles, ou multimédia, ils vont devoir le mériter, et revoir à la hausse leurs exigences, et donc observer une déontologie irréprochable.

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Didier Epelbaum

est président du nouvel Observatoire de la déontologie de l'information. Il a été journaliste, correspondant en Israël, rédacteur en chef à France 2 et médiateur pour France Télévisions. L'ODI a été créé, en septembre dernier, sous forme associative, à l'initiative d'une vingtaine de personnes : médiateurs de presse, représentants d'organisations professionnelles (Fédération française des agences de presse, écoles...), ou de la société civile (Ligue de l'enseignement, Informations et Citoyenneté).


Pourquoi un Observatoire de la déontologie de l'information ?

C'était une grande attente de nombreux professionnels. La presse souffre d'un gros déficit de crédibilité. Les sondages le mesurent régulièrement. Moins de la moitié des Français fait confiance aux médias. Et maintenant avec Internet, les journaux sont confrontés à des centaines de milliers de journalistes amateurs. Les journalistes professionnels vont devoir se distinguer de cet océan de concurrents plus ou moins doués. Si les journalistes professionnels veulent tirer un salaire de leurs articles, productions télévisuelles, ou multimédia, ils vont devoir le mériter, et revoir à la hausse leurs exigences, et donc observer une déontologie irréprochable.


N'existe-t-il pas de chartes de déontologie pour les journalistes ?

Si, il en existe même plusieurs : celle du SNJ (ndrl : principal syndicat des journalistes) (1), de Munich, et celle de Bruno Frappat. Notre observatoire va entreprendre leur synthèse. Rappelons que le projet d'une nouvelle charte issue du groupe constitué autour de Bruno Frappat a achoppé en 2011. Ce projet de réécriture avait été lancé aux États généraux de la presse en 2009 (ndlr : initiés par l'ancien président Nicolas Sarkozy). En matière de respect de la déontologie, le CSA exerce une surveillance pour l'univers de la télé. Il lui arrive d'ailleurs de prendre des sanctions. Mais dans la presse écrite prévaut le règne du laisser-faire. Le plagiat n'est jamais sanctionné. Il n'existe pas en France de Conseil de la presse à l'instar de ce qui se fait dans d'autres pays comme la Belgique par exemple, ou l'Angleterre, qui en a créé un, tirant la leçon du dérapage du système d'écoutes (ndrl : des milliers de personnes écoutées par un média dirigé par Murdoch).


Que comptez-vous faire concrètement ?

Nous allons observer ce qui se passe, analyser les causes des manquements des journalistes et/ou de leurs supports, et proposer des solutions pour y remédier. Nous rendrons tout cela public dans un rapport annuel que nous présenterons aux prochaines Assises internationales du journalisme. Mais notre souhait avant tout est de mettre en valeur les bonnes pratiques, telle celle qui consiste dans certains médias à corriger rapidement leurs erreurs (en ligne notamment). L'ODI est en phase avec Bourdieu quand il dit « il faut que le système récompense la vertu ». C'est la clé à mon avis pour redorer le blason de la déontologie. Il y aurait sans doute d'autres moyens incitatifs pour y parvenir : l'État pourrait flécher ses aides aux médias en fonction du respect de la déontologie. Mais cela me semble difficilement réalisable : qui aurait la légitimité pour fixer les critères ?


Quels sont les principaux manquements constatés aujourd'hui dans la profession ?

Le principal écueil, selon moi, est le problème de la véracité de l'information, du fait d'un manque de vérification. Dans le même chapitre, il faut mettre le plagiat, le bidonnage de l'information... Le deuxième gros souci est le conflit d'intérêts individuels ou collectifs (entre le journal et ses annonceurs par exemple). Troisième manquement : celui au respect du droit de la présomption d'innocence. Enfin, dans certains médias, les conditions de production sont très précaires et ne permettent pas aux journalistes de travailler correctement. Il y a des rédacteurs en chef qui sont de véritables « pousse au crime ». Enfin, certains se demandent si les nouvelles pratiques du journalisme (presse en ligne, réseaux sociaux, multimédia, etc.) sont susceptibles de mettre à mal la déontologie... Je ne le pense pas : j'enseigne dans une école de journalisme et je constate que les jeunes sont tout à fait à l'aise...

1. Le SNJ a aussi appelé à la création d'une instance déontologique le 5 octobre dernier (NDLR : sans préciser s'il soutenait l'ODI).