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Un nouveau "boullet" pour la FPT

Article du numéro 451 - 15 octobre 2012

Tribune libre

Tout propos qui s'en prend aux collectivités semble systématiquement nimbé d'une légitimité particulière. Comme si, dès lors qu'il s'agit de taper sur les fonctionnaires, on avait tous les droits. À quand une telle présomption d'innocence pour ceux qui disent du bien de l'action locale ?

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Marc Thébault

m.thebault@agglo-caen.fr
directeur de la communication de la CA Caen la mer et éditorialiste du site ressources.cap-com.org.
Marc Thébault est aussi l'auteur de l'ouvrage Construire la communication intercommunale - Méthodes et pratiques, réf. DE 650 aux Éditions Territorial.


Les rentrées sont souvent difficiles. Et elles sont souvent chargées. Pour preuve, celle tonitruante du Figaro avec ces deux articles : «Fonctionnaires : et si on s'attaquait aux privilèges» et «les sept avantages du statut des fonctionnaires». Autant de titres accrocheurs qui promettaient de laver plus blanc. Et je ne dis rien d'un troisième article, cette fois publié par Challenges, qui évoquait «ces fonctionnaires qui gagnent mieux que Hollande et Ayrault». Papier qui a sans doute beaucoup fait sourire, jaune au moins, chez les agents de catégorie C de la territoriale. On le voit, la fonction publique était sous les feux de la rampe en ce début d'automne.


Des attaques forcément fondées

Mais le plus beau reste toujours à venir... Ainsi, revenons au Figaro, qui cette fois et sous le titre «La fonction publique à vif», assure la promotion du deuxième livre d'Aurélie Boullet, Ta carrière est fi-nie, signé une fois de plus sous le pseudo Zoé Shepard ! Souvenez-vous... Il y a deux ans, Aurélie Boullet avait beaucoup fait parler d'elle avec Absolument dé-bor-dée ! Soutenue par beaucoup lorsque sa collectivité d'origine l'avait suspendue en raison de ses écrits, elle fut aussi parfois décriée. J'avais été moi-même assez réservé sur l'engouement de l'époque, en raison, non pas de l'ouvrage lui-même, mais bien des réactions qu'il déclenchait. En effet, j'avais été très interpellé par un passage de l'auteure dans Le Grand Journal (Canal +) où, à l'évidence, les réactions des journalistes et du public démontraient sans équivoque que peu importe la qualité ou non de l'écriture, peu importe la réalité ou non des faits relatés, sitôt que des attaques sont portées sur les fonctionnaires et les élus locaux, elles sont aussitôt classées «véridiques «et «fondées». Sacré exploit que d'obtenir en un claquement de doigts de telles adhésions !
Désormais, avec cet opus 2, nous allons traîner quelque temps un nouveau Boullet (je sais, c'est facile) et ouvrir une nouvelle série de dénonciations du népostime, de la démagogie, des gaspillages, des libertés prises avec les marchés publics... et j'en passe. Le tout, j'en prends le pari, avec la même implicite crédibilité qui va, une fois de plus, valoir à l'auteure les honneurs des plateaux des meilleurs talk-shows.


Le sens du service public n'intéresse-t-il personne ?

Mais comprenons-nous bien, mon propos n'est pas de remettre en cause le livre et les propos contenus. Il est plutôt question, techniquement, de tenter de comprendre pourquoi un tapis rouge se déroule en un rien de temps sous les pieds d'un auteur qui dénonce, même sans preuves, alors que personne n'attacherait la moindre importance à un autre qui tenterait de vanter les mérites des collectivités, de leurs élus locaux et de leurs fonctionnaires. Ainsi, je suis curieux de voir le sort qui sera réservé à Etan Parker, nouveau fonctionnaire-auteur - et DGS d'une commune de Seine-Saint-Denis - qui publie de son côté Au boulot Zoé, histoire de remettre quelques pendules à l'heure. Puis-je affirmer qu'il ne connaîtra ni la télé, ni les radios, à peine la presse spécialisée ? Forcément, parler de fonctionnaires qui aiment leur métier et qui ont, au quotidien, le sens indéfectible du service public, ça n'intéresse personne...