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Culture : experise ou compétences managériales

Article du numéro 435 - 15 janvier 2012

Management - Tribune

Le recrutement en 2010 d'un administrateur territorial sur un poste de directeur de la lecture publique d'une importante agglomération, poste a priori réservé à un conservateur de bibliothèque, a causé beaucoup d'émois. Il n'est pourtant que le symptôme visible d'un mouvement de fond qui touche la définition des missions des cadres supérieurs dans le secteur culturel. Un an après, quels sont les enseignements tirés ?

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Le statut de la fonction publique territoriale n'identifie que trois grades de niveau A + au sein de la filière culturelle : ceux de conservateur du patrimoine, de conservateur de bibliothèque et de directeur d'établissement d'enseignement artistique.


De nouvelles formes de politiques culturelles

Depuis quelques années, les politiques culturelles mutent vers de nouvelles formes. En se positionnant au c½ur des politiques publiques, en investissant pleinement le projet social d'un territoire comme son projet d'aménagement, en devenant un levier incontournable de son attractivité, en assumant l'effacement des frontières qui séparaient le monde artistique et le monde économique, ces politiques sont devenues un enjeu majeur nécessitant le recours à des compétences renouvelées. Cette mutation se traduit par deux phénomènes :
- d'un côté, les généralistes des politiques publiques se sentent de plus en plus légitimes à investir des postes autrefois réservés aux experts de la culture. L'intérêt croissant pour les politiques culturelles des élèves administrateurs à la sortie de l'INET en est un signe évident ;
- a contrario, les experts des questions culturelles et patrimoniales se sentent fragilisés par l'importance des exigences managériales requises. Qui n'a pas fait le regrettable constat du faible nombre de candidatures de A + issus de la filière culturelle sur des postes de direction d'établissement, qui demandent à la fois expertise, qualités managériales et bonne compréhension des politiques publiques dans leur ensemble ?


Favoriser la complémentarité des compétences ?

Doit-on alors se contenter de prendre acte et encourager la remise en cause de l'expertise au nom de la prédominance des compétences managériales, au risque de l'uniformité des profils ?
Il s'agirait là, à n'en pas douter, d'une erreur. La richesse des politiques culturelles doit indéniablement s'asseoir à la fois sur les compétences organisationnelles, l'expertise et la créativité, cette dernière émergeant notamment des interactions entre des univers de pensée différents.
C'est donc bien en favorisant la diversité des parcours et en organisant leur complémentarité que les compétences des cadres supérieurs du secteur culturel seront à la hauteur des nouvelles exigences du métier. Ces nouveaux paramètres ont d'ailleurs été intégrés par l'ENSSIB et le CNFPT qui assurent en partenariat la formation des conservateurs de bibliothèque : le volet managérial du cursus a été en partie confié à l'INET lequel multiplie, par ailleurs, les occasions pour que se croisent administrateurs et conservateurs au sein de modules communs.
Nous serions bien inspirés de suivre cet exemple dans nos collectivités en associant davantage nos cadres experts culturels à la construction de l'ensemble des politiques publiques. C'est une des conditions que requiert le développement de politiques culturelles durables et puissantes.