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Article du numéro 428 - 15 septembre 2011
Suite à un mouvement social des « tatas » de la commune réclamant plus de personnel, le maire, Jean-Pierre Bertrand, a trouvé la parade : il va recruter neuf vigiles auprès d'une entreprise de sécurité. Le syndicat SDU 13 FSU est indigné, les parents d'élèves sceptiques. Tous les articles du numéro 428 |
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À Plan-de-Cuques (près de Marseille), le personnel des écoles primaires est confronté à d'habituels (petits) problèmes d'incivilités dans les cours de récréation : bousculades, bagarres, etc. Un conflit social avait éclaté au début de l'année 2011 entre les femmes de services, communément appelées « tatas », et le maire, Jean-Pierre Bertrand. Elles lui réclamaient plus de moyens pour affronter ces contrariétés quotidiennes. Ce dernier a fourni sa réponse au mois de juin dernier : il embauchera, pour les remplacer, neuf agents d'une société de sécurité pour assurer la surveillance des inter-cantines pour l'année scolaire 2011-2012.
Une décision hallucinante pour certains parents d'élèves : « Ce sont des enfants de 6 à 11 ans qui sont concernés. Comment peut-on imaginer que des vigiles aient la formation adaptée pour les surveiller ? », s'inquiète une maman. Le syndicat SDU 13 FSU s'insurge : « c'est une première dans une école primaire. Même dans les banlieues difficiles, personne n'a osé faire cela ».
Dans un chat organisé par le quotidien La Provence (3 juillet 2011), Jean-Pierre Bertrand fait face à la fronde : « Les personnes qui surveillent actuellement la cantine ne perdront pas leur emploi, elles seront désormais affectées aux tâches de nettoyage pour remplacer une autre entreprise privée qui s'occupait de cela jusqu'à présent. On va donc créer des emplois supplémentaires sans licenciement ». Et d'ajouter : « Il faut accroître la sécurité mais on ne peut le faire avec un personnel de service qui n'est pas formé spécialement pour encadrer les enfants ».
Giovanni Favaloro, délégué départemental du syndicat SDU 13 FSU, conteste la lecture municipale des faits : « Les tatas n'ont jamais dit qu'elles ne voulaient pas travailler avec les enfants : elles demandaient du personnel supplémentaire, deux agents supplémentaires dans les écoles à problèmes ».
Le responsable syndical insiste sur « le manque total de considération à leur égard » et « un maintien dans la précarité ». « Cette société privée va coûter 193 000 euros par année scolaire à la ville ! », assure-t-il. Quant au profil des futurs vigiles, c'est le flou le plus complet : « On va essayer d'avoir un maximum de personnes titulaires du BAFA, puis le personnel devra suivre une formation spéciale pour encadrer les enfants », assure le maire. Et quand on l'interroge sur les raisons d'un tel recours à une entreprise privée, il tranche : « Les enfants sont très turbulents, difficiles à maîtriser parce qu'ils ne le sont pas à la maison (sic) ». Il assure que l'annonce de son initiative a brisé un tabou puisque plusieurs maires, depuis, l'ont appelé pour en savoir un peu plus. « Si le privé est une bonne chose, il ne faut se l'interdire, d'autant plus que c'est légal », conclut-il.
Acteurs de la vie scolaire
Le magazine des professionnels territoriaux de l'éducation et des temps de l'enfant.
Au sommaire du numéro de septembre :
- Dossier : périmètres scolaires, l'école à la carte
- Juridique : réforme territoriale : que vont devenir les syndicats scolaires ?
- Débat : l'école démocratique aux oubliettes.
Pour recevoir un n° gratuitement : marie-aurelie.colpin@territorial.fr