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Les métropoles préfèrent les pôles

Article du numéro 418 - 15 mars 2011

Territoires

La réforme territoriale a été taillée pour faire naître de grandes métropoles. Mais la solution intercalaire des pôles métropolitains a la préférence de toutes les grandes communautés urbaines, car elle offre la possibilité de mettre en oeuvre une intercommunalité à la carte et désirable. De Valenciennes à Marseille, de Nice à Bordeaux, de Lyon à Saint-Etienne, tous les élus sont en pôle position...

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Ce devait être une formalité : la communauté urbaine Nice Côte d'Azur (NCA), présidée par l'ancien ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, serait la première à décrocher le titre officiel de métropole, comme le permet désormais la réforme territoriale votée le 16 décembre 2010. Le contexte politique des Alpes-Maritimes y paraissait propice, en raison du large accord politique existant entre le président du conseil général, le député UMP Éric Ciotti et Christian Estrosi.


Petit Nice, grands pôles métropolitains ?

De la coupe aux lèvres, ce fut loin d'être une promenade des Anglais : le député-maire d'Antibes, Jean Léonetti, y oppose un niet catégorique : « Christian Estrosi assure qu'il ne poussera pas les autres communes à rejoindre Nice. Dont acte. Dans le même temps, certains échos arrivent de la préfecture, laissant supposer que les services de l'État travaillent sur cette hypothèse », redoute le député.

Depuis, Cannes, Antibes et Grasse ont opposé une fin de non-recevoir polie. Pour l'heure, le Grand Nice se résume donc aux 27 communes de NCA et à l'accord de principe de trois petites communautés de communes (Cians, Vésubie, Tinée) du haut-pays niçois.

En revanche, l'hypothèse des pôles métropolitains séduit. David Lisnard, premier adjoint de Cannes (une des rares grosses communes françaises encore aujourd'hui célibataire) résume l'ambiance générale : « Je ne suis pas convaincu qu'un changement d'échelle institutionnel apporte un plus, sauf en matière de marketing territorial. En revanche, les débats internes aux Schémas de cohérence territoriale (SCoT) nous permettraient de localiser les priorités pour donner un grand souffle métropolitain au département. Je suis par exemple clairement favorable à la fusion de toutes les autorités organisatrices des transports du département pour sortir de l'aberration actuelle qui consiste à acheter plusieurs billets pour traverser le territoire azuréen ».


Le Grand (méchant loup) Marseille

Au sein de l'agglomération marseillaise, la situation est aussi fortement marquée par le contexte politique. Porté à la présidence de Marseille Provence Métropole (MPM) à la grâce de dissidences à droite, le socialiste Eugène Caselli veille scrupuleusement au maintien des équilibres politiques, dans le cadre d'une gouvernance partagée. Son principal opposant, l'UMP Renaud Muselier, premier vice-président, a voulu enfourcher le dada du Grand Marseille pour se refaire une visibilité politique, soulevant une vague de protestations des intercommunalités des Bouches-du-Rhône. Dans l'affaire, Eugène Caselli a adopté une attitude d'abord discrète, soucieux de ne pas jouer le funambule sur la corde d'un équilibre politique hésitant. Avant de sauter pieds joints sur l'opportunité du pôle métropolitain, un Plan B inespéré pour les présidents des EPCI.

Le 7 janvier dernier à la préfecture des Bouches-du-Rhône, à l'occasion d'une réunion inter-SCoT, les neuf présidents des intercommunalités départementales ont remis une lettre commune au préfet, Hugues Parant. Leur souhait est de mettre progressivement en place cette formule : « Cette forme souple de regroupement volontariste, qui privilégie l'efficacité de l'action à la lourdeur d'une structure trop lointaine du terrain, rejette par là même, la contrainte d'une gestion et d'une gouvernance intégrées au sein d'une grande métropole monolithique. Sans attendre la loi, certains EPCI des Bouches-du-Rhône ont d'ores et déjà engagé des coopérations en mettant en œuvre des projets supra/intercommunaux », indiquent les neuf présidents. La réponse préfectorale est attendue pour la fin de l'année.


Lyon est déjà grand(e)

Le Grand Lyon est déjà... grand, assurait dans nos colonnes le président de la CU et maire, Gérard Collomb (La Lettre du cadre territorial n° 413, 15 décembre 2010). « On n'a pas besoin de s'appeler métropole. En revanche, c'est la notion de pôles métropolitains qui nous intéresse puisqu'elle va nous permettre de faire travailler ensemble des communautés d'agglomération différentes. Nous sommes en train de former un pôle métropolitain avec Saint-Etienne, avec les CA iséroises et viennoises, plus une communauté de communes autour de notre aéroport. Nous allons former une métropole de 2,5 millions d'habitants centrée autour de quatre compétences : aménager le territoire, pour éviter le mitage du territoire, l'étalement urbain ; former une véritable autorité des transports métropolitaine englobant tous les réseaux de transport et les TER régionaux ; renforcer les campus universitaires et les pôles de compétitivité ; enfin, monter ensemble de grands événements culturels. Cet ensemble sera une réalité sous peu ».

Gérard Collomb met ainsi en pratique sa vision de l'aménagement du territoire : la diversité des cas territoriaux est telle qu'une application uniforme serait contre-productive. D'où son enthousiasme à rentrer dans la dynamique des pôles.


Feltesse crée son club

Le nom du collectif sonne comme le titre d'une thèse d'architecture : « Les métropolitaines ». L'initiative en revient à Vincent Feltesse, maire de Blanquefort et président de la CU de Bordeaux, associé dans l'affaire par Olivier Mongin, directeur de la revue Esprit. Le collectif vise à pointer « le décalage entre une réalité de tous les jours, celle d'une métropolisation, et un déficit de représentation institutionnelle, politique et médiatique de cette thématique », assurait Vincent Feltesse, le 19 janvier dernier, lors d'une présentation à la presse. Il entend provoquer ainsi un « militantisme métropolitain » : trois colloques sont programmés pour 2011, les dates restant à définir. D'après l'INSEE, huit Français sur dix vivent en ville. Dans une économie mondialisée, la compétition des territoires se joue là.
Au détriment d'une « métropole citoyenne », pour reprendre l'expression de Feltesse ? « On est tous dans cette logique-là (NDLR, de compétition) mais elle a pourtant ses limites », assure-t-il. Les métropoles ont pris de vitesse les lois. Le temps d'une meilleure coordination arrive.


« La masse critique d'une agglo ne suffit pas »

Valérie Létard
Présidente de Valenciennes métropole

Vous souhaitez créer un pôle métropolitain sur le territoire du Hainaut (1). Qu'est-ce qui vous séduit dans cette formule ?
Le Hainaut se répand sur un territoire cohérent de 750 000 habitants. Je suis convaincue que les pôles métropolitains doivent être des outils stratégiques pour porter des projets de développement économique à l'échelle d'un pays. Nous disposons par exemple d'un pôle de compétitivité dédié au ferroviaire sur le territoire. En conférence de presse, les deux présidents des intercos concernées prennent la parole. Parler d'une seule voix serait plus symbolique, plus fort. L'université, les chambres de commerce, les services hospitaliers s'organisent à l'échelle du territoire du Hainaut. La masse critique d'une agglo ne suffit pas à correspondre à un bassin d'emploi, de vie. J'ai rencontré les maires de Cambrai et de Maubeuge ainsi que leurs regroupements intercommunaux. Je continue. Seul Alain Bocquet, le maire communiste de Saint-Amand-les-Eaux et président de la communauté d'agglomération de la Porte du Hainaut, semble hésitant. Fin avril, j'espère pouvoir réunir tout le monde pour établir le cahier des charges du futur pôle et avancer sur sa forme juridique.
1. Le Hainaut est à cheval entre la France et la Belgique. Côté français, il comprend, entre autres, Valenciennes, Maubeuge, Avesnes-sur-Helpe, une partie de Douai.


DocDoc

À lire
- « Métropoles, des propositions pour espérer », La Lettre du cadre territorial n° 416, 15 février 2011
- « Des communes franciliennes célibataires pour toujours ? », La Lettre du cadre territorial n° 413, 15 décembre 2010

Pour se former
EPCI et réforme territoriale, quelles conséquences ?
Paris : mardi 5 avril
Renseignements au 04 76 65 99 81 ou par e-mail soumiya.el-amiri@territorial.fr

Pour aller plus loin
« Métropoles : 25 propositions pour fonder le développement solidaire du territoire »
Un ouvrage de Territorial Éditions. Sommaire et commande sur http://librairie.territorial.fr


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