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« Les régions sont la principale cible de la réforme territoriale »

Article du numéro 391 - 01 décembre 2009

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Alain Rousset est président de l'association des régions de France. Député de Gironde, il est président du conseil régional d'Aquitaine.

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Les régions seront-elles victimes du projet de loi sur la réforme territoriale ?

Alain Rousset
est président de l'Association des régions de France.
Député de Gironde, il est président du conseil régional d'Aquitaine.

Les régions sont la principale cible de cette ­réforme. Une des preuves est qu'elles perdent leur légitimité en perdant leur élection propre. La région redevient, du fait du mode d'élection, un établissement interdépartemental. Cela dénote une volonté de ­­­revanche politique, mais surtout une volonté jacobine de recentralisation. L'appareil d'État ne s'est jamais satisfait de l'existence des régions. L'histoire de la France jacobine et centralisée fait que les provinces et les ­régions ont toujours été vécues comme les adversaires de l'État : c'est stupide, c'est l'inverse de tout modèle européen, mais c'est ainsi.


Y avait-il réforme plus urgente que la décentralisation ?

On ne peut pas utiliser le terme de décentralisation pour qualifier cette réforme territoriale. On ne rapproche pas le pouvoir des citoyens, on ne transfère pas de compétences. Tous les textes de lois actuels, le fait que les régions ne soient pas associées au
débat actuel sur la politique économique, montrent un retour en arrière par rapport aux lois de décentralisation de 1982. Ce projet est un projet de recentralisation.

Il y avait donc bien entendu une autre voie : poursuivre la décentralisation. Nous avons suffisamment de politiques publiques qui n'ont pas de pilote et dont la gouvernance conduit à des gâchis humains, des échecs ou des retards. C'est le cas des politiques de l'emploi et du logement : avec des centaines d'organismes dans les régions, sans gouvernance, ces deux principales préoccupations des Français se retrouvent sans pilote. On aurait pu confier la gestion du service public de l'emploi, de l'orientation et de la formation aux régions : elles ont déjà la compétence du développement économique, leurs services connaissent le monde de l'entreprise et ses besoins. Dans le même temps, elles ont la responsabilité de la formation professionnelle des demandeurs d'emploi. Les régions ont donc naturellement vocation à piloter la compétence emploi : on aurait d'ailleurs pu commencer par des expérimentations que nous avait promises Mme Lagarde. Nous vivons ­aujour­d'hui dans un capharnaüm, où le chômeur est souvent un nomade qui se retrouve ­finalement devant le bureau du maire, faute d'avoir trouvé la formation ou l'emploi ­nécessaires. C'est affligeant.


Les régions doivent-elles, comme certains départements, se retirer des cofinancements demandés par l'État ?

Là est le vrai problème qui plombe les ­finances des régions. L'État endetté ne peut plus financer ses propres politiques et vient nous demander de les cofinancer. Or, les régions ont déjà à leur charge la rénovation des lycées, qui n'est pas terminée, les écoles d'infirmières, les CFA, les locaux de l'AFPA qui ont aussi de considérables ­besoins de réhabilitation. Les régions ont passé 15 milliards d'euros sur 10 ans de commandes pour de nouveaux TER. Et dans le même temps, l'État nous demande de participer au financement de ses propres compétences : les réseaux ferroviaires, les LGV, la réhabilitation des campus...
C'est étonnant : la décentralisation se fait toujours par défaut, lorsque l'état des services publics est si catastrophique qu'il faut trouver un nouveau responsable pour les moderniser, comme on l'a fait pour les ­lycées ou les TER. Ceux-ci, en échec total, ­allaient disparaître. Aujourd'hui, grâce à l'action des régions, leur fréquentation a augmenté de 40 % et il y a partout du ­matériel neuf.


ARF

Le 5e Congrès de l'Association des régions de France se tiendra les 10 et 11 décembre 2009 au Palais des Congrès de Marseille
Les plénières du programme :
- Jeudi 10 décembre
9h30/12h - La réforme territoriale : 30 ans après l'avènement des Régions, le jacobinisme est-il de retour ?
14h30/17h  - La réforme des finances locales : menace sur l'autonomie des Régions ?
- Vendredi 11 décembre
9h - Identités et réalités régionales : repères pour le citoyen à l'heure de la mondialisation
11h30/13h - Interventions de Jacques Pélissard, président de l'AMF et de Claudy Lebreton, président de l'ADF. Discours de clôture d'Alain Rousset et intervention de Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur.

Inscription et programme détaillé : www.arf.asso.fr
Le congrès sera retransmis en direct sur Public Sénat