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Travail le dimanche : un compromis acceptable

Article du numéro 373 - 01 février 2009

Leader

Philippe Meunier est député UMP de la 13e circonscription du Rhône, membre de la commission des affaires économiques, de l'environnement et du territoire, ancien directeur de cabinet, il est conseiller municipal de Saint-Priest.

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Philippe Meunier est député UMP de la 13e circonscription du Rhône, membre de la commission des affaires économiques, de l'environnement et du territoire, ancien directeur de cabinet, il est conseiller municipal


Vous avez fait partie des députés qui se sont opposés au travail le dimanche. Pourquoi ?

Pour plusieurs raisons. La première touche à des questions sociétales. La civilisation française s'est construite sur des créations de repères dont le dimanche. On ne peut ­réformer notre pays que si l'on garde des points fixes. Le repos dominical en est un, essentiel. Le dimanche, chacun fait ce qu'il entend pour avoir une vie sociale épanouissante : ce peut être la famille, la vie cultuelle pour ceux qui vont à la messe, la vie sportive pour ceux qui font des compétitions, toutes activités où l'on peut se rencontrer sans échanger de l'argent ou des marchandises. Deuxième raison : l'inefficacité de la ­mesure dans certaines zones. Le projet de départ prévoyait 52 dimanches ouverts par an dans toutes les métropoles : or la plupart n'ont pas de touristes japonais qui viennent visiter leurs grandes surfaces de périphérie !

On peut donc comprendre une telle mesure pour Paris, mais elle n'a aucune justification dans nos communes de banlieue. Enfin, il y a des raisons sociales. Tout le monde connaît les conditions de travail dans les grandes surfaces : y généraliser le travail des femmes aux caisses, souvent à mi-temps de surcroît, n'était pas acceptable. Qu'auraient-elles fait de leurs enfants durant ces journées ? Ou alors, il faudrait également ouvrir les crèches, des services publics, ce qui supposait des changements sociétaux qui n'étaient pas acceptables pour de nombreux députés de la majorité.


L'argument selon lequel seuls les volontaires travailleraient le dimanche est-il recevable ?

Non, dans un très grand nombre de cas, ­notamment dans la grande distribution. On sait très bien que pour de nombreux salariés, l'acceptation du travail le dimanche conditionne le recrutement. Dans ce ­domaine, la liberté n'existe pas.


Les commerçants des centres-villes n'ont-ils pas tout à perdre à cette réforme ?

Bien sûr, la plupart d'entre eux y étaient d'ailleurs radicalement opposés. C'était par exemple le cas de 98 % des membres de l'association des commerçants de la presqu'île lyonnaise. Il y a une raison simple : pour une grande surface, il suffit de charger ses rayons au maximum le samedi pour pouvoir travailler avec des équipées ­réduites le dimanche. Avec seulement un ou deux vendeurs, les petits commerçants ne disposent pas de cette souplesse. Ils n'auront d'autre choix que de fermer ou de travailler eux-mêmes, pour un gain de chiffre d'affaires qui n'est pas évident, excepté à Paris.


En quoi le compromis trouvé vous satisfait-il ?

D'abord, il réduit l'ouverture aux zones touristiques et à Paris, où il était absurde d'avoir à la fois des magasins ouverts et d'autres ­interdits d'ouverture, sous prétexte que leur activité ne concernait pas le tourisme. Le tourisme est une force de la France, il faut la préserver. De même, il fallait régulariser la situation de Plan de campagne à Marseille, qui ouvre depuis des années le dimanche et fait ainsi vivre de nombreuses familles. ­Enfin, le passage de cinq à huit dimanches d'ouverture, sur autorisation du maire, a été préconisé par le Conseil économique et ­social, où siègent tous les partenaires ­sociaux. Cela ne représente pas, de plus, un changement majeur de civilisation. Le président de la République a écouté nos arguments et les a acceptés. Finalement, cela débouche sur un compromis très positif, qui répond aux problèmes de Paris et conforte son statut de capitale européenne, mais qui refuse d'étendre le dispositif à l'ensemble du territoire par le biais de la métropolisation. Ce compromis est acceptable par tous.