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Jardins familiaux : un nouveau printemps

Article du numéro 371 - 18 décembre 2008

Air du temps

Les jardins familiaux sont revenus à la mode et connaissent un engouement accru de la population. Les communes sont directement concernées au titre de leurs actions urbanistiques, environnementales et de développement durable, mais également d'insertion sociale des personnes ou des familles les plus défavorisées.

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À l'origine, les jardins « ouvriers » étaient considérés comme un ­remède à la misère du peuple. En 1896, l'Abbé Jules Lemire, député du Nord, fonda la « Ligue française du coin de terre et du foyer » dont l'objectif essentiel était « d'établir la famille sur la base naturelle et divine qui est la possession de la terre et du foyer ». Un net revirement s'est manifesté à partir des années 1970 sous l'influence des nouvelles idées écologiques : recherche d'une plus grande qualité de vie, ­retour à la nature, lutte contre la pollution des centres-villes, volonté des pouvoirs publics de préserver les espaces verts...


Une demande croissante


Bien que les délais d'attente soient en général relativement longs (environ deux ans), la demande ne cesse d'augmenter. Un nouvel intérêt est observé pour le potager, devenu très « tendance ». Signe de la situation économique et sociale actuelle, de nombreux candidats de condition modeste, voient dans la récolte des fruits et ­légumes un moyen de subsistance complémentaire pour la famille. De plus, consommer des produits frais et sains, sans traitement chimique, n'est-ce pas « le top » à l'heure du bio ? Beaucoup apprécient aussi la possibilité de retrouver le contact avec la nature et la terre, dans un cadre de verdure calme et agréable. La plupart des demandeurs vivent dans des logements collectifs et travaillent en usine ou dans des bureaux. La saine détente en plein air offerte par l'entretien d'un jardin leur convient parfaitement.

Le contexte économique explique également l'essor des jardins. Les hausses du prix du pétrole ont sensiblement majoré le prix des légumes (transport, engrais, chauffage des serres...), mais aussi le coût des déplacements de loisirs qui incite de nombreuses familles à passer leur week-end ou leur RTT au jardin, à peu de frais, loin du bruit et de la pollution.


Des aménagements exemplaires

Face à cette progression de la ­demande, au réveil significatif de la vie associative et, plus récemment, aux besoins d'insertion sociale, l'aménagement et la réhabilitation des jardins sont largement engagés par les communes. La ville de Strasbourg, par exemple, en sa qualité de maître d'œuvre, privilégie la création de « lotissements de jardins permanents », inscrits comme tels dans les documents d'urbanisme. Ils sont généralement situés en « zone verte », intégrés dans un parc public ou implantés sur les berges d'un cours d'eau ou en lisière de forêt. Ces nouveaux aménagements requièrent, en effet, un site privilégié pour répondre à la forte sensibilisation à l'environnement, à la protection de la nature et aux besoins d'amélioration de la qualité de vie des habitants. Les aménagements de jardins doivent être exemplaires. Aussi, Strasbourg s'attache-t-elle à investir dans du ­matériel de qualité et durable : cabanons aux façades lasurées ou peintes, réalisés par des entreprises spécialisées, clôtures, portillons en bois régulièrement traité, pompes à eau peintes.


L'effort porte essentiellement sur l'esthétique. Sont ainsi créés des ensembles comprenant, en sus des pavillons et clôtures, des plantations de haies ­séparatives, des aires de jeux, allées de promenades bordées d'arbres, espaces verts communs. Ces lotissements « modèles » sont, en outre, dotés d'une fosse à déchets et d'un parking réservés exclusivement aux locataires des jardins. D'autres collectivités ont opté pour l'aménagement de « parcs-jardins », ­espaces multifonctionnels qui permettent de satisfaire à la fois les amateurs de jardinage et ceux qui cherchent avant tout un lieu de promenade et de détente dans la nature. Ont été retenus des terrains proches de l'habitat des demandeurs, mais disposant, de par leur configuration naturelle ou leur environnement, d'atouts essentiels : l'authenticité, la verdure et la tranquillité, contrastant avec le béton et le bruit des centres urbains.


Intégration maximale

De manière générale, il importe que les jardins soient parfaitement intégrés dans le site et qu'ils contribuent ainsi à son embellissement et à sa ­valorisation. Il est souhaitable que les équipements aient un aspect attrayant et s'insèrent, le plus discrètement possible, dans l'élément végétal. Le bois, matériau noble, est le plus souvent utilisé pour la construction du pavillon, ainsi que pour la clôture et le portillon, de préférence au grillage en fil de fer, guère esthétique et moins durable. Des arbustes décoratifs peuvent être plantés, soit par la commune ou par l'association si elle est gestionnaire, soit par les locataires eux-mêmes. La présence de jardins familiaux ­apporte indéniablement un agrément significatif au site environnant. Quoique de superficie modeste, ces parcelles participent à l'amélioration de la qualité de vie de la population de plus en plus urbaine, de l'habitat, dans le cadre de la restructuration des ­ensembles collectifs dégradés, des ­espaces verts publics qu'elles peuvent valoriser et sécuriser et des loisirs en général en offrant une distraction agréable et saine pendant le temps ­libre.


Le bonheur des locataires

« Ce jardin a vraiment changé notre vie ! » Tel est l'avis de la grande majorité des locataires de jardins familiaux. Souvent issus de villages agricoles et habitués au travail de la terre, ils se sont installés « en ville » pour diverses raisons, familiales ou professionnelles. Le retour à leurs racines via l'entretien d'un jardin leur paraît évident.

« L'attente sur la liste d'inscription était longue, mais que de satisfactions maintenant ! » confie une mère de famille nombreuse. Elle est ravie d'avoir obtenu un lot à proximité d'un parc public, sur les berges aménagées d'un cours d'eau. Soucieuse de répondre à la forte demande de ses habitants, la collectivité a créé dans ce site un lotissement d'une trentaine de jardins permanents équipés de cabanons en bois, soigneusement entretenus par les locataires.


Financement : des aides d'État

Des subventions de l'État sont accordées pour des réalisations d'importance. La loi du 10 novembre 1976 et son décret d'application du 30 novembre 1979 fixent les conditions d'attribution qui sont peu contraignantes :


- l'aménagement des jardins doit être compatible avec les documents d'urbanisme et les dispositions relatives aux espaces protégés ;


- la surface à aménager ou à restructurer doit avoir au moins un hectare ;


- il doit être tenu compte du voisinage, du paysage et des abords.


Ces aides ont un caractère essentiellement incitatif à un urbanisme de qualité et peuvent couvrir jusqu'à 50 % du coût de l'opération.


Doc-Doc


Pour aller plus loin

« Les jardins familiaux », un ouvrage de la collection « Essentiel sur » des éditions Territorial, à paraître en janvier 2009.  Sommaire et commande