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La Lettre du Cadre Territorial

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Les attachés ont trente ans !

Article du numéro 369 - 15 novembre 2008

A la une

Il y a trente ans cette année, paraissait le décret officialisant la création du cadre d'emplois des attachés territoriaux. La Lettre du cadre a tenu à fêter dignement cet anniversaire en consacrant un dossier spécial donnant la parole à des attachés dont les parcours, les responsabilités, les domaines de compétences, les choix professionnels sont révélateurs de la très grande diversité de ce cadre d'emplois.

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Issus de la filière administrative, les attachés sont aussi des chevilles ouvrières indispensables à leur collectivité. En charge des services dits « généraux », ils gèrent les finances, les ressources ­humaines, les moyens généraux, les questions juridiques, le fonctionnement des assemblées... Bref, ils assurent une cohésion de l'ensemble sans laquelle il ne peut y avoir de service public efficace.


Sur le terrain...

Ils sont aussi souvent ces cadres intermédiaires, en prise directe avec la réalité de la gestion quotidienne des équipes, avec toutes les difficultés que cela comporte. Pour les attachés, c'est sûr, le « management » des hommes est plus qu'un discours.

Il y a quelques années, La Lettre du cadre territorial avait consacré un dossier aux jeunes fonctionnaires qui avaient choisi la territoriale. En les interrogeant sur les raisons de leur choix, nous avions pu nous rendre compte à quel point était essentielle chez eux la notion de service public. Mais ils y ajoutaient une autre dimension, spécifique à la territoriale celle-là : celle des territoires et de la proximité.


Mieux traiter les attachés

Certes, les attachés souffrent encore de nombreuses impasses statutaires. Ils sont en particulier souvent moins bien traités que leurs collègues ingénieurs en matière de régimes indemnitaires et de ­déroulement de carrière. La douloureuse question des fins de carrière n'est pas non plus réglée : les directeurs territoriaux en savent quelque chose, dont la rémunération et la carrière plafonnent, sans perspective concrète d'évolution statutaire pour l'instant.

Au regard du rôle essentiel qu'ils jouent, il convient de mieux les traiter. Commençons dans ces pages. Certes, les attachés ne sont pas les éléments les plus visibles de la territoriale. On donne, et la presse territoriale y prend sa part, plus volontiers la parole à quelques administrateurs emblématiques. Nous voulons ici rendre hommage aux attachés territoriaux sans lesquels le service public local ne serait pas.


Une modernité constante

Claudine Raguillet
Directeur des ressources humaines, conseil général du Loiret

Accompagnant la décentralisation, le cadre d'emplois des attachés offrait enfin aux collectivités la possibilité de disposer de cadres formés et motivés. Cet engouement n'a cessé de progresser depuis 30 ans : ce cadre d'emplois nous a offert la possibilité d'exercer de multiples emplois, de construire un parcours professionnel et de prendre des responsabilités de direction dans les villes moyennes. Une carrière d'attaché territorial, cela peut être se passionner pour une expertise (juridique, finances, foncier, urbanisme...) et/ou développer des qualités de manager en prenant des responsabilités d'équipes de variables dimensions. Généralistes, experts, managers, en tous les cas décideurs, réformateurs, forces de propositions constantes auprès des dirigeants et des élus, toujours dans le souci de satisfaire l'intérêt général des usagers des services public locaux. L'acte II de la décentralisation montre la nécessité de s'adapter à de nouveaux métiers. Le mouvement s'opère, les potentiels s'accroissent. Une réforme institutionnelle s'accélère en direction des départements et des régions : un nouveau défi pour les ­attachés territoriaux qui auront la formidable ­opportunité de participer en action à cette nouvelle aventure territoriale qui ne sera certainement pas la dernière


Attaché, une profession ?

Marie-Automne Thepot
Responsable du pôle développement, direction de la lutte contre les exclusions et prévention de la santé, conseil général du Nord

Une profession de foi, plutôt. Attaché au service public, au service du public, au service d'un projet politique. Le ­bonheur territorial doit se trouver entre le citoyen et ses ­aspirations parfois contradictoires relayées de multiples ­associations, l'élu et ses contingences politiques, l'organisation ­administrative et ses agaçantes rigidités, l'État et sa (sur) production normative prolixe... Défier les lois de l'équilibre, les réinventer, dans une impérieuse exigence d'excellence, c'est là toute l'ambition des attachés. Comment peut-on s'en détacher ? L'action publique locale questionne, bouge, se recompose, réagit. La preuve !

Après un premier poste transversal de chargée de mission aux relations ­internationales dans une « grande ville moyenne », me voilà, quatre ans après, à la tête d'une équipe d'une vingtaine de personnes, dans un département vaste comme une région, à piloter une réforme majeure de l'insertion. Profession ? Territoriale !


Révélateurs de la diversité du cadre d'emplois...

...ils participent à ce dossier :

> Claire Alisaid-Guérin,
Adjointe au responsable des établissements pour personnes âgées


> Jean-François Crost,
Attaché principal, service archives


> Élodie Defecques,
DRH


> Aymeric Deleu Nabet,
Directeur de l'immobilier


> Muriel Dunet,
Chargée de programmation urbaine


> Édith Martin,
Directrice d'un centre de gestion


> Tai Nguyen Du,
Chargé de mission RH


> Frédéric Obert
DGS


> Stéphane Lenoël,
Directeur financier


> Cyril Lozano,
Directeur de la communication


> Claudine Raguillet,
DRH


> Manuel Schabaillie,
DGS


> Marie-Automne Thepot,
Responsable du Pôle développement Direction de la lutte contre les exclusions et prévention de la santé


> Jérôme Trinquier,
DGS


Les attachés sont devenus des managers

Stéphane Lenoël
Directeur financier,
ville d'Aubervilliers

Le cadre des attachés a 30 ans. Nous sommes nés presque en même temps. On dit que 30 ans, c'est l'âge de raison, celui où l'on acquiert la stabilité, celui également des premiers bilans. Que voit-on dans ce cadre d'emplois ? Une montée en compétence et professionnalisme continue, à l'image de la fonction publique territoriale elle-même. De cadres administratifs, les attachés sont devenus également des managers, des dirigeants, des gestionnaires, occupant des postes variés de conception, de direction, dans des collectivités elles-mêmes diverses. À l'image de ces trentenaires dont je suis, le cadre des attachés est riche de sa diversité qui, loin d'en faire un handicap, permet une polyvalence et une adaptation certaine, que la formation (qui ne saurait être sacrifiée), les parcours personnels et les échanges professionnels aident à façonner. Et, dans ces temps troublés pour la société et le service ­public, cette richesse sera précieuse pour les collectivités territoriales.


Osons sans tabou le service public !

Jérôme Trinquier
DGS, ville de Saint-Jean-d'Angély

Mettre en valeur la richesse des territoires ! Conseiller, coordonner, accompagner, exécuter : les missions de l'encadrement territorial sont diversement appréhendées mais le socle commun est là ! Aujourd'hui, la fonction de directeur général s'est diversifiée : il s'agit autant de repérer et de mettre en valeur les compétences et les richesses d'un territoire, que de gérer les contraintes et les enjeux qui se posent à lui, dans un premier et ultime souci de gérer la diversité et la rareté des ressources. D'aucuns diraient les inégalités et la pénurie.

Mais osons ! Sans tabou ni frilosité : le service public n'a de sens qu'ancré sur un territoire, au service de nos concitoyens. C'est un objectif majeur de notre organisation institutionnelle. Des femmes et des hommes travaillent, jour après jour, à le moderniser. Les attachés investis de fonctions d'encadrement et de direction y concourent. Sans bruit, mais toujours de façon indéfectible !


Le travail, l'½uvre et l'action...

Manuel Schabaillie
DGS, ville de Denain

Des moments de vie intenses et le sentiment d'avoir entre les mains l'avenir d'un territoire : c'est ce qui reste lorsqu'on a tout mis ­entre parenthèses. En plus de dix ans passés dans ce grade d'attaché territorial - sur des postes de DGS principalement - je caractérise mes fonctions par les grands traits suivants, que j'emprunte à la philosophie politique : le travail, l'½uvre et l'action. Le travail, parce que nous n'en manquons pas ; l'½uvre, parce que ce que l'on fait a un caractère durable qui engage le devenir d'un territoire ; l'action, parce que nous avons la chance de participer à ces moments animés de démocratie où l'on échange, on décide, pour améliorer la vie quotidienne. C'est finalement à la plénitude professionnelle que peut conduire l'exercice des missions du grade d'attaché lorsqu'on s'interroge sur ses pratiques et que l'on prend garde de ne pas se laisser happer par le quotidien.


Fonctionnaire !

Aymeric Deleu Nabet
Directeur de l'immobilier, communauté d'agglomération Toulon-Provence-Méditerranée

Comme beaucoup de Français, attachés au service public mais pas à ceux qui l'incarnent, j'ai longtemps vu les fonctionnaires comme des privilégiés qui passent leur journée à compliquer l'existence de leurs concitoyens. Pourtant, après avoir travaillé sept ans dans le privé, j'ai repris des études et passé le concours d'attaché, avec une envie : être utile aux gens et servir l'intérêt général.

Cinq ans de « territoriale » plus tard, j'ai toujours à c½ur de suivre cette idée un peu naïve, guidé par quelques principes : ne pas s'enfermer dans une technocratie qui ne roulerait plus que pour elle, garder le contact avec le terrain, chercher des solutions aux problèmes de ses interlocuteurs, expliquer encore et toujours son action, rester ouvert aux idées des autres...

Mais le plus important dans tout cela, c'est que je ne suis pas le seul à partager cette vision de notre métier. Alors, ­fonctionnaire ? Oui, et j'en suis fier.


30 ANS D'HISTOIRE TERRITORIALE

LA MNFCT, en partenariat avec le CNFPT, organise le 18 décembre à l'ENACT d'Angers, des « Ateliers de l'Histoire », un cycle de conférence consacrées au « personnel territorial face à son histoire ». Pour cette journée du 18 décembre, ce seront précisément les 30 ans du grade d'attaché qui seront au c½ur des débats. On y parlera des problématiques d'encadrement dans les collectivités territoriales, avec des éclairages sur les institutions à la Libération et les débats sur le personnel communal, le contexte du service public territorial en l'enjeu de la fonction d'encadrement entre 1948 et 1978, et une mise en perspective des fonctions des attachés territoriaux depuis 1978.


Contact : Mission Histoire, Colette Grandclaudon
colette.grandclaudon@cnfpt.fr
Tél. 01 55 27 42 22


Libérez les attachés !

Jean-François Crost
Attaché principal, ville de Moulins, vice-président du SNCT

Connaissez-vous un orga­nisme qui néglige sa colonne vertébrale et donne priorité aux seuls organes soit-­disant nobles ? Non ? Et bien moi oui ! C'est la fonction publique territoriale ! Connaissez-vous une collectivité territoriale qui puisse ­fonctionner sans ses cadres administratifs qui, avec sérieux et professionnalisme, en assurent tous les jours avec compétence la bonne marche ­juridique, financière, réglementaire et ­humaine ? Non ? Et bien pourtant, depuis trente ans, nous, attachés, dits de base, sommes les ­parents pauvres de cette FPT !

Un statut inadapté, conçu sans reconnaître ­aucune spécificité, si ce n'est d'être ­corvéable à merci ou remercié par quelques placards bien propices, un régime indemnitaire peu évolutif et non motivant, ­notamment au niveau des primes, des conditions de travail peu valorisantes (on n'attrape pas de coups de soleil à l'ombre !) expliquent ce mal-être du cadre ­administratif.

Oui, appelons à la Révolution : qu'était le Tiers État avant 1789 ? Rien. Qu'aspirait-il à devenir ? Tout !
Pour une FPT moderne, donnons à la filière administrative toute la reconnaissance et la place qui lui est due.


Conte d'hiver...

Édith Martin
Directrice du centre de gestion de la FPT de l'Isère

Imaginons qu'un jour, mère Statut ait donné naissance à un garçon, nommé Attaché, et trois ans plus tard à une fille, Ingénieur. Tous deux font, sur cinq années, de brillantes études, ­passent des concours, l'un dans la ­filière « administrative », l'autre dans la ­filière « technique »... Chacun ­devient cadre dans une collectivité qui, par son dynamisme et son développement, leur offre de belles perspectives de carrière... Jusqu'ici, tout va bien... Mais plus tard ? Attaché devra bientôt passer un examen pour devenir attaché principal, et si la taille de la collectivité le lui permet, s'il est parmi les « happy few », il pourra être nommé directeur. Bien heureux d'en être arrivé là, mais s'il ne veut pas voir sa carrière bloquée jusqu'à sa ­retraite, il lui faudra encore beaucoup s'investir pour franchir le cap difficile du concours d'administrateur... Quant à Ingénieur, elle pourra passer ­directement ingénieur principal. Un examen lui sera malgré tout nécessaire pour devenir ingénieur en chef de classe normale, où elle atteindra une grille équivalente à celle des administrateurs. Et plus tard, sur la même lancée, elle pourra devenir ingénieur de classe exceptionnelle, ­côtoyant les administrateurs hors classe. Bien sûr, Attaché et Ingénieur n'auront pas tout à fait le même régime indemnitaire, dans la majorité des cas. Moralité : je ne l'ai pas trouvée... Et vous ?


Congrès du syndicat national des cadres territoriaux

Le 31 janvier 2009 à Paris, le SNCT organise son congrès anniversaire à l'occasion de ses 20 ans.
Au programme de cette journée, 2 tables rondes :


- Sauvons la filière administrative
Quelle place spécifique pour la filière administrative dans la FPT en pleine mutation ? Quel statut pour quels enjeux ?


- Sauvegardons la santé des cadres !
Comment la souffrance psychique est-elle reconnue dans la FPT ? Quelles solutions pour protéger la santé des cadres des risques psychosociaux ?

Renseignements et inscription : Jean-François Crost, crost.audin@orange.fr , Tai Nguyen Duc, nguyenductai@hotmail.fr , ou sur le site internet du SNCT : http://www.syndicat-snct.fr


J'assume

Cyril Lozano
Directeur de la communication, ville de Montpellier

Qui l'eût cru, qui l'eût dit ? Moi, journaliste « de ­formation », futur ex-branché, devenu... attaché territorial. Traduire : fonctionnaire, traduire : rond de cuir, Courteline, municipal, on est mal... Parce que bon, on est entre nous, là hein, c'est encore un peu ça l'image qu'on renvoie. Beaucoup s'en chargent pour nous, aux plus hauts niveaux de l'État, n'est-ce pas : ces fonctionnaires qui doivent être moins nombreux, plus modernes, plus performants... Forcément, faut le lire en creux : des ringards en surnuméraire, un rien feignasses... Moi qui rêvais d'être Bowie, voilà que je suis Blondel.

Et bien, disons-le : j'assume. Parce qu'il faut dépasser la contradiction, comme disait l'autre. J'assume de travailler pour le collectif, dans ce beau terme de « collectivité » ; j'assume d'½uvrer pour le public, loin d'intérêts privés ; j'assume de privilégier la rigueur et le souci de la chose publique bien faite à la performance. J'assume : je suis attaché et j'en suis fier.


Renouvellement

Muriel Dunet
Chargée de programmation urbaine, CA Grenoble Alpes Métropole

Travailler dans la fonction publique territoriale, c'est pour moi un choix ­réfléchi, après plusieurs années d'activité dans le secteur privé. Mes premières expériences de conseil en développement ­social m'ont convaincue que ce sont les collectivités locales qui savent et peuvent influer sur le développement territorial et l'amélioration de la qualité de vie.

Bien sûr, 10 ans après, j'ai appris à compter avec les contraintes administratives, à faire avec - et à tirer toute la richesse - de politiques partenariales et de compétences par nature partagées... coordination, vigilance à ne pas perdre de vue le projet commun - malgré les méandres techniques. Les projets de ­rénovation urbaine pour lesquels je travaille ­aujourd'hui ouvrent le champ des partenaires vers le monde de l'habitat, de l'économie.

Renouvellement, justement, c'est bien à quoi oblige la fonction d'attaché territorial ; c'est cela qui fait pour moi l'intérêt du statut.


Pour le service public et par engagement

Élodie Defecques
DRH,
ville de Pont-de-Claix

> Sortir des routes tracées pour devenir attaché.
> Pour le service public et par conviction.
> Rencontrer la confiance, apprendre à travailler.
> Découvrir élus, collègues et habitants,
> Partager des valeurs au service des projets.
> Aider à décider, réfléchir, se projeter,
> L'intérêt général toujours en ligne de mire.
> Puis changer de métier, écouter, se former,
> Au service des agents mettre ses compétences.
> Construire aussi sa vie, un mari, des enfants.
> Croiser de belles routes faites de diversité.
> Rencontrer l'imprévu, des visions différentes.
> Modifier ses projets, continuer son chemin.
< Croire toujours en l'avenir pour rester attaché,
> Pour le service public et par engagement.


« Attachée quoi ? »

Claire Alisaid-Guérin
Attachée territoriale depuis dix ans

Lorsque l'on me demande ce que je fais dans la vie, j'hésite toujours avant de répondre « attachée territoriale », car je sais pertinemment que cela ne dira rien à mon interlocuteur, sauf s'il connaît un tant soit peu la fonction publique. Alors souvent, je préfère dire « cadre de la fonction publique » ou encore « je travaille au conseil ­général, au service des personnes âgées ». Mais au-delà du mot, il y a la fonction et le niveau de compétence. Et là, on aurait beaucoup plus de choses à dire. ­Aujourd'hui adjointe au responsable des établissements pour personnes âgées dans un conseil général, hier responsable du service habitat d'une commune, et demain, d'autres responsabilités dans un domaine différent ? Les parcours des attachés territoriaux d'aujourd'hui sont ­variés et reflètent bien toute la diversité des postes et des domaines d'activité des collectivités territoriales.


Extrait du vagabondage d'un serviteur engagé...

Frédéric Obert
DGS, ville de Schweighouse-sur-Moder

La fonction territoriale est en pleine mutation, époque charnière, à l'articulation entre une fonction publique territoriale historique de gestion et une fonction territoriale experte et prospective. Celle-ci est à la croisée des chemins, elle est au terme de sa maturation. Sa genèse l'amène à un carrefour de son évolution, où le questionnement, l'évaluation, l'introspective, la confrontation exogène devient un passage obligé. Être, en tant qu'attaché territorial - dépositaire des habitants, acteur de ce changement, de cette « révolution » - invite à prendre des risques pour l'avenir, prendre le risque d'échouer et d'endosser des responsabilités en tant que bâtisseurs de l'avenir territorial. L'enjeu est fondamental, la fonction territoriale se doit d'être « la locomotive » de cette évolution, « l'actrice » de la construction de la société de demain. Notre culture spécifique doit contribuer aux débats, au service des générations futures, afin de jouer son rôle de garante de l'homéostasie sociétale.


À quand la fin de la parité État-Collectivité ?

Tai Nguyen Duc
Chargé de mission RH, CA Ventoux Comtat Venaissin, secrétaire national adjoint du SNCT

Il y a encore trop de disparité entre la ­fonction publique d'État et la fonction ­publique territoriale. À quand la fin de la ­parité État-collectivités ? La fonction territoriale est bien cadrée, les métiers dûment déterminés et les décideurs locaux sont des gens responsables. Ce résiduel d'avant-décentralisation est un véritable frein à une gestion dynamique des ressources humaines et une atteinte à l'autonomie des collectivités locales.

Pourquoi encore se référer à des modèles étatiques, alors que les ­missions des territoriaux évoluent constamment ? Par exemple, la filière technique n'a plus rien à voir avec le paradigme « Équipement » en voie d'extinction. Et je peux citer d'autres cas. Le contrôle des ­ministères concernés sur la nomination des administrateurs et des conservateurs territoriaux est une ingérence, voire un tutorat, de l'État dans la libre administration des agents des collectivités.

À la traditionnelle question « Quelle est ta profession ? », aujourd'hui je susurre « fonctionnaire territorial ». Demain quand la fonction ­territoriale ne sera plus calquée sur celle de l'État, je répondrai ­fièrement « TERRITORIAL ».