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Le RSA doit mener à un vrai emploi

Article du numéro 365 - 15 septembre 2008

Leader

Michel Dinet, 60 ans, est président du conseil général de Meurthe-et-Moselle et premier vice-président de l'Assemblée des départements de France (ADF).

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Michel Dinet 60 ans, est président du conseil général de Meurthe-et-Moselle
et premier vice-président de l'Assemblée des départements de France (ADF).


Vous n'aviez pas participé à l'expérimentation du RSA. Les mesures de financement récemment annoncées vous satisfont-elles ?

Bien avant l'élection présidentielle, le conseil général de Meurthe-et-Moselle avait adopté à l'unanimité une position disant que nous étions prêts à participer à l'expérimentation du RSA, question sur laquelle nous travaillions depuis longtemps. Nous avions cependant posé deux conditions : que l'allocation du RSA soit intégralement financée par la solidarité nationale, le département prenant en charge les dispositifs d'animation dans le cadre de sa compétence « instruction », et qu'on déclenche le RSA à partir de la reprise d'un emploi. Les premiers arbitrages imposant un financement à 50 % par les départements, nous n'avons pas participé à l'expérimentation. Depuis des années, je mène le combat pour que toutes les allocations de solidarité soient prises en charge au niveau national et non par des impôts payés par les contribuables locaux.


Suis-je aujourd'hui satisfait ? Je constate que le financement actuel du RSA est en dessous de ce qui avait été annoncé, puisqu'il est de 1,5 milliard, alors qu'il en aurait fallu 5 à 7. Mais il y a des sujets de satisfaction, comme le financement national ou l'abandon d'un ­financement avec la suppression de la prime pour l'emploi. Reste qu'il n'est pas normal que les plus hauts revenus ne participent pas à cette dépense. Mais, comme la loi TEPA, qui a fait le choix de moins imposer les plus riches, le bouclier fiscal est une question ­politique, qui ne porte pas sur le RSA lui-même.


Pourquoi le durcissement des sanctions, préconisé par le président de la République, ne vous apparaît-il pas suffisant pour s'assurer « que le RSA ne se transforme pas en une impasse dans la précarité » ?

Je ne suis pas près de faire de la lutte contre les abus de Rmistes un discours idéologique. J'ai en revanche cru comprendre que le président voulait prévenir les abus des ­employeurs : il faut en effet mettre en place les négociations nécessaires avec eux pour que nous évitions de créer une nouvelle classe de travailleurs précaires à faibles heures de travail et à financement public. Il faut en effet garder l'objectif premier du RSA, qui est d'aller vers un contrat à temps plein, même si l'on ne peut exclure le temps partiel s'il est choisi, pour favoriser un vrai emploi, une vraie profession, respectant des conditions normale de rémunération. De ce point de vue, il y a encore du travail à faire.


Vous insistez aussi sur le fait que le RSA n'est pas en soi la réponse à la pauvreté et à l'exclusion, mais qu'il n'est qu'un outil...

Le travail précaire et la pauvreté sont le produit d'une société incapable d'arriver au plein-emploi et qui n'a pas encore réglé la question du développement des activités susceptibles d'y arriver. Ce chantier reste entier. Si j'avais une posture idéologique, je dirais que cela reste de la responsabilité de l'État et des partenaires sociaux. Mais je ­refuse qu'on acte l'idée qu'il y aurait une ­population privilégiée, qui aurait accès au contrat de travail, et une autre qui serait condamnée à la précarité et aux petits boulots. Je souhaite donc qu'on poursuive la réflexion, notamment sur la durée du travail car je pense qu'on n'a pas tout fait dans ce domaine, sur le développement de nouveaux métiers et de nouveaux services dans l'environnement, le transport, la lutte contre les solitudes, le vivre ensemble, la culture, l'éducation populaire... C'est pourquoi je continue aussi à défendre des politiques de type emplois-jeunes, dont on a bien vu qu'en cinq ans, on trouvait les moyens de les solvabiliser.