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Démocratie participative : ce n'est qu'un début

Article du numéro 361 - 15 juin 2008

Idées

Le constat sévère du sociologue Loïc Blondiaux ne l'empêche plus pas de souhaiter un avenir à une démarche plus que jamais nécessaire.

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Loïc Blondiaux admet d'emblée que la ­démocratie participative est, à bien des égards, dans une mauvaise passe. La conjoncture politique n'est guère propice à son essor : l'élection présidentielle de 2007 a vu la défaite de la candidate qui en avait fait un point clé de son programme, et porté au pouvoir un président qui se met en scène comme « délégataire de la volonté générale, solitaire et ­omniscient, ­résumant à lui seul le peuple agissant ».


Une démarche octroyée par les pouvoirs locaux

Il fait une large place dans son analyse aux ­déceptions que suscite souvent sa mise en pratique. Son état des lieux est sans complaisance : « les espérances que le mot soulève sont à la hauteur des frustrations que la chose engendre ». Il inventorie scrupuleusement les raisons qui rendent si peu convaincantes les tentatives en la matière. Elles relèvent paradoxalement d'une démarche descendante et sont octroyées par les pouvoirs locaux à des publics pas toujours clairement demandeurs. Elles sont le plus souvent prises au « piège de la proximité », cantonnées au niveau du quartier qui n'est pas celui des vrais problèmes, ni des choix majeurs. Elles pêchent surtout par une articulation peu lisible à la décision : les participants sont appelés à débattre, sans que le sort qui sera réservé à leur production soit clairement établi. De fait, nombre de démar­ches participatives dérivent vers des opérations de communication ou de marketing, au service d'un mode d'exercice du pouvoir qui reste pour l'essentiel inchangé.

À ce point du réquisitoire, on pourrait croire ­réhabilitée la bonne vieille démocratie représentative, faute de mieux. Ce n'est pourtant pas le point de vue de l'auteur. Ce qu'il s'emploie au contraire à montrer, avec rigueur et clarté, c'est que l'impératif participatif est désormais au c½ur de l'action publique et de la vie de nos institutions. Parce que les modes traditionnels d'exercice du pouvoir sont partout à bout de souffle, parce que la capacité des ­autorités à imposer d'en haut des décisions est partout érodée, il n'y aura pas de réhabilitation du politique sans que soit entendu le besoin impérieux des citoyens d'être reconnus comme parties prenantes des actions les concernant.


Les conditions de la réussite

Ce n'est surtout pas le moment de renoncer, au prétexte des travers et ambiguïtés de cette ­démocratie participative encore balbutiante. Il faut au contraire rechercher les points forts, porteurs d'avenir, des expériences les plus abouties : les budgets participatifs, le débat public, les jurys de citoyens... De précieuses leçons s'en dégagent. De vraies réussites sont possibles lorsque deux conditions de base sont réunies : un véritable enjeu à la discussion, clairement identifié, et un dispositif crédible quant à l'impact de la consultation sur la décision. Devrait s'y ajouter le respect, dans ces échanges, de l'expression des intérêts : c'est un point crucial, car l'intérêt général est trop facilement et trop vite invoqué pour clouer au pilori - et du coup faire taire - des acteurs qui font valoir des préoccupations qui leur sont propres.

La vision donnée ici de ce nouveau mode d'exercice du pouvoir en émergence n'est pas que projection d'avenir. Loïc Blondiaux montre aussi que l'impératif participatif a d'ores et déjà produit des effets de grande portée sur la manière d'agir des acteurs publics : élus, professionnels, experts. La reconnaissance de la compétence citoyenne s'impose à eux ; l'argument d'autorité n'est plus de mise ; l'action publique en est définitivement transformée, et l'art de la décision publique obéit à de nouvelles règles. Ce n'est qu'un début, certes, mais rien, néanmoins, ne sera plus jamais comme avant.


Le nouvel esprit e la démocratie,
Loïc Blondiaux,
Éditions du Seuil.
Retrouvez des extraits de cet ouvrage sur www.territorial.fr,
rubrique « presse en ligne »
puis complément rédactionnel n° 844 .


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