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Edito

La culture et l'Europe. (15/10/2012)

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A l'occasion d'un récent colloque au cours duquel a été présentée l'ouvrage Vivre l'Europe - les programmes européens et la culture en Rhône-Alpes 2001-2010 », Anne-Marie Autissier, directrice del 'Institut d'études européennes  de l'Université de Paris 8 (notre photo)  a retracé l'histoire de la politique européenne de la culture (stricto sensu, sans aborder la politique régionale et de cohésion (FEDER, FSE) qui s'est développée avec une entrée « développement territorial », cf. les programmes interreg, Leader etc., et qui a permis de soutenir de multiples investissements ou projets culturels).

A la fin des années 50, le Conseil de l'Europe s'est intéressé à la culture dans une conception humaniste, englobant les arts mais aussi l'éducation, l'inter-connaissance des cultures propres à chaque pays. Il avait avant tout un rôle de conseil et de ressources. La fondation européenne de la culture, créée au début des années 1960 à Genève puis Amsterdam, est un lieu de recherche et d'expérimentation, qui soutient des projets. On retrouve dans les travaux du Conseil de l'Europe le lien entre culture, éducation, citoyenneté et environnement.


Dans la tension de la guerre froide (rappelons-nous les dictatures en Espagne et au Portugal) se crée la Communauté européenne, qui a précédé l'Union européenne. Elle  s'est d'abord structurée sur une base économique (traité de Rome = liberté de circulation des hommes et des capitaux). Chaque pays veut garder peu ou prou sa liberté. Des référentiels d'action voient le jour (en France, la démocratisation culturelle).

C'est à partir de la fin des années 70 que le jeune Parlement européen s'empare des enjeux éducatifs et audiovisuels. Si le Traité n'a pas attribué de compétence culture, par défaut rien n'empêche de s'en occuper ! De là nait un timide  premier Plan « d'action culturelle » avec une entrée juridique et économique (études sur le statut des artistes, sur le coût de la restauration du patrimoine etc).

L'Europe quand elle avance le fait par crises successives. C'est parce qu'on sent un défaut d'adhésion que se fait ressentir dans certains pays (hormis l'Angleterre) la nécessité de politiques culturelles publiques. Le projet de « villes européennes de la culture », devenus « capitales européennes de la culture »,  a été lancé en 1985 dans le but de contribuer au rapprochement des peuples d'Europe.

Créé par la Communauté européenne en décembre 1990 , le programme MEDIA a démontré qu'on pouvait avoir une politique bien que le Traité ne l'ait prévu. Mais les compétences étaient limitées, il s'agissait d'assurer la complémentarité des efforts déployés au niveau européen par rapport à ceux entrepris au niveau national (subsidiarité).

Le programme Culture 2000, au-départ établi pour une durée de 5 ans (2000-2004), a été prolongé pour 2005-2006, pour aujourd'hui se développer sur la période 2007-2013. Tous les domaines culturels sont concernés et de nombreux projets de coopération culturelle ont pu être aidés, créant un capital de connaissances et de savoir-faire trop méconnu.

Au gré du temps se crée une prise de conscience que l'Europe n'est pas isolée par rapport au reste du monde, elle est regardée dans le monde.

En novembre 2007 la Commission propose un nouvel agenda européen de la culture, qui tente de répondre aux défis de la mondialisation en se concentrant sur une série de propositions concrètes :

- un dispositif permettant aux Etats d'avancer plus vite (méthode ouverte de coopération - MOC) ;

- des moyens pour mieux travailler avec la société civile culturelle européenne (réseaux européens) ;

- une articulation des politiques intérieures de l'Europe par rapport à la capacité d'accueil  des non-européens.

Aujourd'hui, en terme de bilan, doit-on voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ? Les budgets des programmes européens purement « culturels » restent limités et les procédures assez contraignantes. Si globalement l'on peut se réjouir d'avoir vu l'Europe développer une prise de conscience des enjeux culturels, les contraintes restent nombreuses quant au montage et au suivi des projets européens, qui font en outre l'objet de multiples contrôles.

Aujourd'hui  "Europe créative" , nouveau programme que la Commission européenne a proposé le 23 novembre 2011 pour la période 2014-2020, fusionne les outils actuels et sera doté d'un budget de 1,8 milliard d'euros (l'industrie culturelle et créative représente en effet 4,5 % du PIB et plus de 3,8 % des emplois de l'UE). Dans la période à venir, pour Pascal Brunet (Relais Culture Europe), en terme d'enjeux, la culture sera moins considérée par l'Europe comme un facteur d'attractivité territoriale mais davantage comme un facteur possible d'innovation : innovation technique (industries créatives) et sociale (économie sociale et solidaire). Et on devra travailler davantage avec des pays périphériques, africains et russes...

François Deschamps

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Extrait de Lettre d'information du réseau culture - N° 364 (16/10/2012)
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