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Une question de valeur(s). (22/05/2011)

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Le mois de mai est toujours une bonne occasion de faire un break, surtout quand comme cette année il est d'une exceptionnelle douceur. Le moment était tout trouvé pour une visite familiale dans une charmante cité balnéaire de la côte atlantique, que nous appellerons Trifouillis-les-Bains. Cette sympathique petite commune, comme une bonne partie de celles de sa catégorie, voit chaque été sa population multipliée par dix. Quel rapport avec notre beau métier, me demanderez-vous ? C'est qu'à Trifouillis-les-Bains, il y a une bibliothèque. Elle s'apprête même à vivre un grand chambardement, qui repose inévitablement la question du bénévolat en bibliothèque.


Cette petite bibliothèque associative aux horaires réduites (un peu moins en haute saison) va prochainement se muer en médiathèque, avec un agent permanent pour encadrer les bénévoles. On pourrait facilement commenter la nuance sémantique entre bibliothèque et médiathèque, mais je ne suis pas suffisamment au fait du projet pour juger de sa pertinence. En revanche, je continue d'être un peu gênée par "l'emploi" de bénévoles en bibliothèque, surtout si, comme cela va être le cas à Trifouillis-les-Bains, ils sont encadrés et/ou secondés par des personnels salariés.

Je ne jette pas la pierre aux bibliothèques associatives, qui ont le mérite d'exister dans des zones généralement mal équipées en services publics et s'apparentant parfois à de vrais déserts culturels. Elles reposent sur la bonne volonté de bénévoles qui souvent ne comptent pas leur temps et se décarcassent avec les moyens du bord, c'est-à-dire pas grand chose, pour permettre au plus grand nombre d'accéder à leurs collections et mettre un peu d'animation culturelle (parfois la seule) dans les communes qu'elles desservent.

Je commence toutefois à pâlir dès lors que, comme à Trifouillis-les-Bains, ces associations prennent un caractère franchement paramunicipal et servent de faire-valoir à des élus qui n'hésitent pas à mettre le boulot des bénévoles au crédit de leur bilan. Je m'étouffe quand ces mêmes élus comptent sur ces bonnes volontés, pour la plupart retraitées, pour donner plus d'ampleur à l'établissement sans faire le choix politique de le faire basculer vers un mode de fonctionnement plus institutionnel. Je vous parle là d'une commune qui sait trouver les fonds pour des projets urbanistiques pharaoniques (mégalomanes disent certains autochtones), mais refuse la mise en place d'un fonctionnement pérenne pour une petite bibliothèque qui pourrait tourner sans difficulté avec un personnel statutaire réduit pendant l'année et quelques contractuels en renfort pour la haute saison.

La cas de Trifouillis-les-Bains n'est malheureusement pas isolé, et il contribue chaque jour un peu plus à la dévalorisation de nos métiers. Après tout, pourquoi se compliquer la vie avec des fonctionnaires compétents quand de gentils bénévoles font gratuitement un travail qui semble identique ?

A lire également : illustration de la situation dans une petite commune, qui propose un poste à temps partiel et faiblement rémunéré pour gérer sa bibliothèque ("Certains employeurs ne doutent de rien", Franck Cario, InfoDocBib). Preuve que ces communes gagneraient à jouer la carte intercommunale pour mutualiser les dépenses et donner accès à la lecture au plus grand nombre...

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Extrait de Lettre d'information du réseau documentation - N° 302 (23/05/2011)
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