Lettre Documentation

Accueil > Services > Newsletters > Documentation

Lettre d'information du réseau documentation

A LA UNE

Amnésie numérique. (07/02/2008)

Soyez le premier à rédiger un commentaire !

L'ADBS a dernièrement réagi à la publication du rapport Attali visant à la "libération de la croissance française". Dans un communiqué du 31 janvier dernier, l'association déclare ne pas vouloir prendre part dans le sempiternel débat opposant logiciels libres et propriétaires mais souligne néanmoins sur son rôle d'accompagnement des professionnels de l'information dans leurs démarches d'informatisation/réinformatisation. Dans cette optique, l'ADBS "insiste sur la nécessaire interopérabilité des outils par le développement et le respect des standards d'ouverture et d'échange".


L'association conclut son communiqué sur un point crucial, qui n'a pas été abordé dans le rapport : "la question de la pérennité de l'information et du stockage des données au risque, majeur, de la perte de la mémoire des contenus diffusés aujourd'hui". Et ceci, documentalistes, bibliothécaires et surtout archivistes ne le savent que trop bien. A ce propos (et d'ailleurs ce communiqué de l'ADBS y fait sans doute écho), Le Monde a publié dans son édition du 27 janvier une passionnante tribune de Franck Laloë, directeur de recherche émérite au CNRS, intitulé "Attention, l'humanité perd la mémoire" (accès web réservé aux abonnés ou payant à l'unité). Il s'inquiète de la faible durée de vie des modes de stockage numériques que nous connaissons aujourd'hui, qu'il s'agisse des CD-Rom, des DVD, des bandes magnétiques ou des disques durs et relève que "jamais, dans toute son histoire, l'humanité n'a utilisé de techniques aussi instables pour enregistrer ses données". Et il enfonce le clou, un peu plus loin : "Comment en sommes-nous arrivés à une telle régression, alors que les parchemins du Moyen Age ou les tablettes cunéiformes assyriennes ont traversé des dizaines de siècles ? Notre civilisation de consommation n'est pas armée pour traiter ce type de problème". Et c'est bien là que le bât blesse... On peut en effet de demander si le peu de motivation des sociétés fabriquant les supports de stockage utilisés aujourd'hui ne viendrait pas (un peu...) de son intérêt à voir se renouveler à un rythme régulier les besoins de leurs clients... Car Franck Laloë le souligne, nous sommes techniquement capables aujourd'hui de fabriquer des supports beaucoup plus résistants au temps et permettant de conserver des documents pour plusieurs siècles. Il ne manque qu'un peu de volonté, tant de la part des industriel et que des pouvoirs publics qui pourraient impulser des développements technologiques allant dans ce sens. Les administrations sont d'ailleurs concernées au premier chef par ces problématiques de stockage et de pérennité des supports, puisqu'elles sont censées être garantes de la conservation de la mémoire du pays. Christine Albanel a aujourd'hui un projet de loi Archives entre les mains ; peut-être est-ce une occasion unique pour l'Etat de montrer qu'il se préoccupe de sauvegarder correctement et à coûts maîtrisés une part inestimable de son patrimoine, en apportant son soutien aux quelques laboratoires publics qui planchent déjà sur cette question.

Lettre d'information du réseau documentation
Extrait de Lettre d'information du réseau documentation - N° 146 (08/02/2008)
Téléchargez le N° 146 - Archives - Vous abonner