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Débats autour de l'emploi associatif (28/07/2015)

Date de mise en ligne : 28/07/2015.

Edito

Associations

On se réjouit parfois trop vite lorsqu'on constate que, dans une situation générale où le chômage progresse toujours, la situation de l'emploi associatif se maintient, voire progresse. Mais attention ! L'arbre du chiffre positif cache parfois la forêt de situations plus problématiques. C'est ce que nous rappelle le Collectif des associations citoyennes.

Nous nous étions fait l'écho dans un récent Filhebdo de la dernière note de Recherches et Solidarités
http://recherches-solidarites.org/media/uploads/ecso-2015.pdf publiée en juin 2015 qui montrait que l'emploi associatif progressait. Au passage signalons que l'augmentation de 2% de l'emploi dans l'ESS et la baisse de 0,7% dans le secteur privé concernait non l'année 2014, comme nous l'indiquions par erreur, mais l'année 2010. En 2014 ces chiffres sont en réalité de + 0,9% pour l'ESS et de + 0,3% pour le secteur privé.
Précisons également qu'en parlant d'une augmentation de l'emploi spécifiquement associatif de 2,1% entre de 2013 et 2014, nous nous basions uniquement sur l'évolution de la masse salariale. En nombre de salariés cette augmentation n'est que de 0,8%.

De son côté le Collectif des associations citoyennes (CAC), apporte quelques bémols supplémentaires. Ainsi il fait remarquer que « l'évolution de l'emploi décrite dans cette note cumule indistinctement des emplois à temps complet et des emplois à temps partiel. Le fait de raisonner ainsi masque le phénomène de multiplication des emplois précaires et temporaires, parfois de très courte durée. » Mais surtout il indique qu' « avec les chiffres qui sont publiés, on constate que l'emploi associatif total oscille entre +0,1 % et -0,1% chaque trimestre, ce qui correspond à une stagnation et non une progression. En effet, 0,1 % de 1 800 000 emplois correspond à 1 800 emplois, ce qui est inférieur à la marge d'incertitude des estimations. »
Pour le collectif (sans contredire sur ce point Recherches & Solidarités) l'augmentation de l'emploi associatif entre 2013 et 2014 est évidemment lié aux emplois d'avenir : « En leur absence, l'emploi associatif aurait fortement diminué, d'environ 40 000 emplois, ce qui correspond à l'estimation qu'avait fait le Collectif en septembre 2013. Le plan social invisible dont nous avions parlé est malheureusement bien en marche. »

Ce « plan social invisible » agité comme une menace par le CAC avait été sévèrement critiqué en décembre 2014 par la sociologue Viviane Tchernonog dans un tribune publiée par Juris Associations : «  Il y a deux ans, expliquait-elle, le CAC avait annoncé une suppression de 30 000 à  40 000 emplois en 2014 qui ne s'est jamais réalisée. Les associations continuent de créer des emplois, peu - et beaucoup moins qu'avant - mais elles en créent. » La sociologue reprochait au CAC de brouiller la réalité et ne pas poser les bonnes questions : « Où le secteur perd-il des emplois  ? Où en crée-t-il  ? Dans quels types d'associations disparaissent et apparaissent des emplois ? Quels types d'emplois sont concernés ? Comment améliorer la qualité des emplois associatifs ? »
Le CAC a bien écouté les conseils de la sociologue puisque c'est sur ce thème qu'il poursuit sa démonstration : « L'approche globale de cette note de conjoncture ne fait pas de distinction entre les secteurs et surtout les tailles d'associations. Cette approche masque la bipolarisation des structures associatives, avec d'un côté quelques milliers de grandes entreprises associatives qui ont pour la plupart une logique d'entreprise et de croissance externe, et de l'autre une masse de petites associations sans beaucoup de moyens. Entre les deux, on assiste aujourd'hui à une remise en cause massive du travail et de l'existence des associations moyennes, qui tiennent le terrain et sont pourtant le meilleur rempart contre la désespérance civique. Cette hécatombe ne fait que commencer avec les nouvelles restrictions budgétaires programmées pour 2016 et 2017. D'ailleurs, Recherches et Solidarités reconnaît dans sa note que 250 000 associations dans les secteurs de la santé, du social, des loisirs, de la jeunesse et l'éducation populaire (auquel il faut ajouter la culture) sont en extrême difficulté et risquent de disparaître. »

Ces débats montrent bien que la situation est complexe, mais aussi réellement problématique pour le monde associatif. Derrière des approches différentes, nos commentateurs, ne cachent cependant pas les difficultés, même si c'est avec des tonalités différentes. Viviane Tchernonog le disait déjà en décembre dernier : « Les associations rencontrent aujourd'hui des difficultés importantes, liées à la fois à la contraction de nombreux financements publics et à la mise en concurrence, alors même qu'elles doivent affronter l'augmentation des besoins de solidarité issus de la crise. Ces difficultés ont de fortes chances de s'accroître dans les années à venir. »

Lire le communiqué intégral du Collectif des associations citoyennes

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