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Générosité, philanthropie et mécénat : "Peut mieux faire" (18/11/2013)

Date de mise en ligne : 18/11/2013.

Edito

Culture

Organisé par le Groupe les Echos, le Forum National des Associations et Fondations s'est tenu le 24 octobre dernier au Palais des Congrès de la Porte Maillot à Paris. Il comportait un salon où curieusement peu d'associations et de fondations étaient représentées. On y trouvait plutôt des stands de banques et de cabinets comptables. Un espace était dédié aux cinq grandes fédérations de fondations : France générosités, le Centre français des fonds et fondations, l'Admical, l'Association française des Fundraisers et le Comité de la charte du Don en Confiance . Celles-ci ont présenté, lors d'une table ronde, un état des lieux et les tendances actuelles de la générosité, de la philanthropie et du mécénat. En voici les principaux éléments.

Si la progression de la générosité des français s'est exprimée entre 2008 et 2012 par une progression de 3 % par an, le mécénat des entreprises, lui, a chuté de 17 % sur la même période. Les nouveaux modes de donations touchent de nouvelles populations plus jeunes qu'auparavant. Le don moyen a augmenté de 25 % entre 2007 et 2012, passant de 320 à 394 ¤. Les donateurs fidèles donnent de plus en plus. Cette progression des dons est en croissance sur des causes de proximité : l'aide à la protection de l'enfance, la solidarité liée à la pauvreté, le handicap. Elle est en baisse sur les causes internationales. Ce marché de la collecte de fonds représente aujourd'hui entre 5,4 millions et 5,6 millions de donateurs, loin des chiffres des pays anglo-saxons. Mais comme l'a dit un des orateurs de cette table ronde, la comparaison avec les pays anglophone n'est pas raison : « nous ne sommes pas sur les même valeurs de services publics, et sur les parts de financement public ».

Cette évolution de la générosité de proximité s'est accompagnée du développement de fondations territoriales qui inscrivent leur action sur le terrain. Elles fédèrent les énergies des donateurs privés et des entreprises sur ces territoires, à l'image de la fondation Mécène Catalogne qui intervient sur des problématiques culturelles.

Après les années noires de la générosité liées au scandale de l'ARC, les acteurs du don et du mécénat se sont solidarisés autour du Comité de la Charte. Ils inscrivent leurs actions hors du temps politique (mandat) et du temps économique (temps court à risques). Ils ont professionnalisé leur démarche de récolte et leurs partenariats. Ils ont construit des réseaux de confiance, accordant « une part essentielle à l'humain. » Cette confiance existe. Aujourd'hui 50% des français donnent et font confiance aux associations et fondations. Mais, comme le dit le Président du Comité de la Charte : « Peut mieux faire ». On perçoit aussi, selon lui, une montée en confiance de l'outil Internet pour la collecte de dons. Le contrôle de ces organismes ne semble pas assez présent du côté des donateurs, alors que les fondations pensent l'être trop.

Du côté des entreprises le mécénat semble revenir. Selon l'Admical, au regard des chiffres qui seront présentés début 2014, l'envie est là. Les PME sont de plus en plus présentes dans le mécénat. Le mécénat culturel remonte (+26 % en 2012). Les salariés sont de plus en plus impliqués, en particulier sur le mécénat de compétence. Ce mécénat se croise, dans une approche d'ensemble, avec une ouverture de plus en plus importante à la philanthropie des particuliers.

Cette approche collective de plus en plus présente sur les territoires, cette convergence des compétences va aussi avec une augmentation des collecteurs, avec en particulier la création de fonds de dotation par les collectivités territoriales. En exemple le fonds de dotation de la mairie de Bordeaux : « Bordeaux Solidaire et Fraternelle » créé par la mairie de Bordeaux, son CCAS et le Crédit Municipal de Bordeaux.

La recherche de fonds (le fundraising) se complexifie de plus en plus avec une forte technicité de la collecte. Il n'y a pas aujourd'hui de collecte s'il n'y a pas de relation qui se renouvelle, d'échanges sur les stratégies et les façons de faire. Les modèles de financement s'hybrident pour des objets différents dans lesquels les financements de l'Etat, des collectivités territoriales, de l'Europe et des fondations se croisent. Cela implique des gouvernances modernes (qui fait quoi, et comment ?) et une stratégie, des programmes, des projets avec des impacts forts sur des populations cibles. La générosité, la philanthropie et le mécénat ont besoin aujourd'hui de retours sur investissements sociaux et sociétaux, comme on peut le voir dans l'alliance entre mécènes pour l'éducation sur la question du décrochage scolaire...

La table ronde s'est conclue sur trois attentes : la loi sur l'économie sociale et solidaire, le souhait d'une relecture de l'intérêt général qui s'accorde à réunir en même temps que les collectivités territoriales les différents acteurs sociaux, culturels et économiques des territoires, le respect de la loi de 2003 sur le mécénat. Enfin une inquiétude est apparue liée aux comportements des français face à la crise : est-ce que cette embellie de la générosité de 2007 à 2012 va passer le cap des années difficiles que nous vivons ?

Vincent Lalanne
Consultant

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