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Archives et obsolescence accélérée (16/04/2012)

Date de mise en ligne : 16/04/2012.

Edito

Documentation

L'édition du 12 avril du Nouvel Observateur s'est penchée le temps d'un court article ("Musique contemporaine : le numérique m'a tuer") sur la difficulté de conserver la musique contemporaine. Bien que ciblé sur une niche musicale - la création électronique contemporaine élaborée à l'Ircam - l'article soulève néanmoins une question plus large, celle de la conservation et de la consultation des œuvres / documents nativement numériques. Un véritable casse-tête... 

L'article de Jacques Drillon, qui n'est malheureusement pas en ligne sur le site du Nouvel Obs, évoque le millier d'œuvres conçues à l'Ircam dont soixante, seulement, sont encore jouables en concert, faute de logiciel ou de machine adéquats pour les lire ! Il met en avant une réalité à laquelle on pense encore trop peu : la rapidité avec laquelle les logiciels, les supports et les formats deviennent obsolètes et entraînent dans leur chute des quantités considérables de données. Une problématique à laquelle archivistes et informaticiens sont de plus en plus souvent confrontés dans les collectivités et à laquelle il n'existe aucune réponse toute faite.

L'Ircam tente quelques sauvetages, mais ils sont isolés et relèvent du cas par cas. La solution trouvée à l'obsolescence des anciennes versions du logiciel Max, initialement développé par l'Ircam, est l'écriture d'un patch permettant de transformer ses actions en équations mathématiques, qui, elles, pourront toujours être lues. Ironie de l'histoire, l'article rapporte que celles-ci sont imprimées sur papier et précieusement conservés par des bibliothécaires...

Le problème posé par la création musicale numérique contemporaine va bien au-delà de son champ. C'est la création au sens large qui est concernée, qu'il s'agisse du son, de l'image ou de l'écrit. Pierre Assouline évoquait l'année dernière la disparition programmée des brouillons d'écrivains et ses conséquences sur l'analyse scientifique de leur écriture. Une question mineure, finalement, si l'on se place du point de vue de l'archiviste, qui avant de songer à exploiter les différentes versions d'un document s'interroge sur les modalités de conservation sur le long terme de sa version définitive...

Plus le temps passe et plus les documents deviennent complexes à conserver. La problématique des papiers acides se pose de façon accélérée pour le numérique en général et les formats de niche en particulier. Qui ose encore affirmer qu'archiviste est un métier du passé ?

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