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Guide des usages, du protocole et des relations publiques > Partie 7 L’organisation de réceptions > II • Les buffets

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III • Les déjeuners et les dîners

Fiche pratique n° 55  Organiser une exposition dans un lieu atypique (ou alternatif)

 

« Nous devons préserver les lieux de la création, les lieux du luxe de la pensée, les lieux du superficiel, les lieux de l’invention de ce qui n’existe pas encore, les lieux de l’interrogation d’hier, les lieux du questionnement. Ils sont notre belle propriété, nos maisons, à tous et à chacun. Les impressionnants bâtiments de la certitude définitive, nous n’en manquons pas, cessons d’en construire. La commémoration elle aussi peut être vivante, le souvenir aussi peut être joyeux ou terrible. Le passé ne doit pas toujours être chuchoté ou marché à pas feutrés. Nous avons le devoir de faire du bruit », écrit joliment Jean-Luc Lagarce (Du luxe et de l’impuissance), dans ce qui pourrait tenir lieu de propos symbolique d’ouverture à cette problématique. Demeures historiques, musées et galeries d’exposition, lofts et ateliers d’artistes, théâtres et espaces de congrès, hôtels particuliers et lieux confidentiels, terrasses, parcs ou jardins, hôpitaux, autobus réformés ; les possibilités aujourd’hui d’accueillir des expositions dans des lieux insolites, pas nécessairement prestigieux d’ailleurs (voir le Musée International des arts modestes à Sète par exemple), s’inscrivent parfaitement dans l’air du temps. Les collectivités recherchent, à plus forte raison quand elles ne sont pas dotées de salles de spectacle, des lieux innovants, qui bousculent les idées reçues, les habitudes, et peuvent attirer de nouveaux publics. Dans le même esprit, on voit d’ailleurs se développer des espaces de travail atypiques et évolutifs en dehors des murs de l’entreprise comme c’est le cas pour les tiers lieux. Au carrefour entre sphère professionnelle et sphère privée, ces tiers lieux représentent des espaces se distinguant de la maison et du travail, comme les cafés de coworking qui se multiplient. Rechercher des lieux novateurs correspond à une tendance forte, cohérente, mais nécessite des processus de travail adaptés (et renouvelés). Une exposition dans une friche industrielle désaffectée ou dans un wagon SNCF ne se conçoit pas de la même manière que dans un lieu classique. Le protocole même s’en trouvera bousculé. Cette fiche a vocation à rassembler les recommandations, les préconisations protocolaires permettant de réussir les événements dans des lieux insolites, quels qu’ils soient (hors période Covid-19 toutefois, ou dans le respect de strictes recommandations sanitaires).

 

A - Innover sur un lieu doit avoir du sens

 

Une station de métro à Paris, un lieu de plein air pour une performance, une friche industrielle pour une exposition, un hôpital même pour un vernissage, la gamme des possibles est immense… Les bonnes idées ne manquent pas quand il s’agit de rechercher la nouveauté, mais pas à tout prix. Si innover dans le choix d’un espace surprenant peut être une excellente idée d’un point de vue de la communication, ce ne peut – par définition – représenter une solution systématique, qui se banaliserait. On ne saurait donc que trop conseiller de recourir à des lieux atypiques que si cela a du sens (artistique) et de façon rare. Si on entend créer l’événement en choisissant des lieux insolites, il faut par définition être parfaitement en lien avec la thématique de l’exposition ou de la démarche (exemple : organiser une exposition sur le parcours d’un futur tramway dans une rame de tram ; une exposition patrimoniale dans un lieu à découvrir ou redécouvrir…). Il faut donc considérer que le choix de tel ou tel lieu n’est pas un acte isolé d’une démarche d’ensemble, mais bien un aspect (important) d’une démarche plus vaste dans laquelle l’objectif final ne doit pas être perdu de vue.

 

Pour l’organisateur, quels bénéfices à faire appel à un lieu atypique ?
 
- Pour susciter la curiosité, éveiller l’attention sur une démarche que l’on souhaite valoriser fortement (avec un accompagnement de communication approprié à prévoir) ;
- parce que l’on veut créer un lien fort entre l’objet de l’exposition et le lieu d’accueil ; c’est parfois le cas quand il s’agit de concertation ;
- dans une pure démarche artistique, qui souhaiterait vraiment se distinguer des expositions habituellement présentées ;
- pour sortir du lot, pour briser la routine parfois mécanique des initiatives déjà vues ou reproduites d’année en année sans véritable renouvellement (mais qui ont le mérite d’être repérées) ;
- pour permettre un partenariat avec un acteur privé ou un mécène et monter en commun une opération dans un lieu inédit ;
- pour permettre de découvrir ou redécouvrir un site voué à l’ouverture (exemple de la Poudrerie de Saint-Chamas longtemps fermée au public et progressivement rouverte lors de week-ends événementiels avant une ouverture définitive au public) ;
- parce que les formats souhaités, le cahier des charges d’une exposition nécessiteraient des volumes hors normes ou des salles spécifiques ;
- pour en faire un élément même de la communication : orienter le grand public vers un site qui est en lui-même un élément fort de la manifestation.
 

 


1. Quelques conseils pour ne pas se tromper

 

Pour donner de la cohérence à sa démarche :

Se lier à un événement national, européen (Journées du patrimoine, Fête de la Science) ou à un projet bien précis (exposition d’art contemporain dans une friche, choix d’un parcours de mobilité dans une rame, un wagon, un bus ou un tram).

Disposer en amont d’un inventaire précis du point de vue des lieux disponibles sur son territoire, ce qui est la base ! Pour choisir un lieu adapté, mieux vaut connaître la ressource existante.

Bien valider le choix, croiser les avis.

Ne pas se tromper de date est déterminant : c’est vrai de toute manifestation, mais encore plus vrai s’agissant d’événements organisés dans des lieux atypiques qui doivent ne pas rater leur cible et donc toucher un large public.

Ne pas hésiter à sortir des sentiers battus. Les établissements d’accueil des personnes âgées, les hôpitaux, plus largement tous les équipements ou hébergements insolites représentent des vecteurs d’innovation pour l’action culturelle.

Attention également à ne pas vouloir innover à tout prix au risque de se tromper sur la destination d’un lieu (un garage par exemple) ou de déstabiliser le public qui ne viendrait pas parce que le lieu choisi n’est pas attractif. Mieux vaut alors parfois un lieu classique et adapté.

Intégrer la question des délais de fabrication des supports : ils sont souvent démultipliés quand on sort des standards habituels.

 

2. Le cas d’une intervention artistique dans une maison de retraite

 

Plusieurs types de manifestations sont susceptibles d’être organisées dans des établissements d’accueil de personnes âgées. D’abord des interventions ponctuelles à caractère exceptionnel : à l’occasion de fêtes, de temps choisis par la structure, la prestation s’assimile au spectacle. Les concerts constituent la forme la plus développée. Cela représente un point de départ d’une politique culturelle à décliner par des actions régulières. Dans ce cas précis, c’est ce type de démarche qui serait intéressant pour une collectivité qui privilégierait un public précis et un lieu bien particulier.

Mais ce type d’événement s’inscrit nécessairement dans une programmation propre à un équipement qui comprend d’autres initiatives :

- la programmation régulière d’animations et de spectacles rythmant la vie des résidents et leur donnent des points de repère ;

- des ateliers réguliers animés par des intervenants extérieurs, avec un objectif de découverte ou de redécouverte d’une activité artistique et un objectif de pratique ;

- des rencontres intergénérationnelles en partenariat avec un établissement scolaire : maternelle, école élémentaire, collège, lycée ;

- des interventions hors les murs.

Certains spectacles, visites ou expositions, en partenariat avec une structure culturelle, sont proposés aux résidents. Cette activité concerne les pensionnaires aptes à sortir.

 

B - Rédiger un cahier des charges adapté au lieu

 

Pour accueillir un événement quel qu’il soit, mieux vaut disposer d’un cahier des charges précis. Si cette consigne est vraie pour tous les organisateurs, elle est encore plus juste s’agissant d’un lieu atypique. Le cahier des charges (avec un prestataire, un gestionnaire…) permettra de préciser les besoins, dans l’esprit d’un dossier de financement.

Il doit a minima intégrer les éléments suivants :

- présentation du service et de ses missions ;

- présentation du partenaire culturel ;

- descriptif du lieu choisi et ses caractéristiques principales, spécificités ;

- descriptif du projet ;

- étapes de réalisation du projet ;

- présentation des publics concernés par le projet ;

- financement indiquant le budget prévisionnel précis (l’enveloppe globale peut être déterminée afin d’éviter les dépassements imprévus) ;

- nature du lien : convention entre les acteurs du projet (quand il y a des partenariats).

Un cahier des charges bien rédigé, incluant des plans de l’espace, permettra d’éviter bien des mauvaises surprises au moment de l’organisation même. C’est une étape qui permet de se rendre compte d’éventuelles incohérences et de changer, le cas échéant, son fusil d’épaule. Ce n’est donc jamais du temps perdu.

 

C - Un protocole à anticiper et à adapter aux caractéristiques du lieu choisi

 

Le cahier des charges (ou l’appel à projets) a permis de jeter les bases de ce qui est attendu par les organisateurs. Le choix d’un lieu atypique n’étant jamais anodin, il renseigne généralement sur ce qu’attendent les organisateurs qui veulent généralement surprendre. Dès lors, la communication et le protocole étroitement associés vont devoir être au diapason de cette approche originale.

Ainsi, les supports de communication devront faire l’objet d’une attention toute particulière : choix d’une forme (carton d’invitation, flyer…) en lien avec le choix du lieu. S’agissant d’un lieu innovant, on veillera à ce que la localisation soit bien valorisée sur les supports de communication (plan, adresse exacte, indications…). La recherche du dépaysement ne doit pas aller à l’inverse de l’efficacité : il faut guider le public vers le lieu, voire l’expliquer intelligemment avec quelques lignes de présentation du choix (qui peuvent être rédigées avec « poésie » pour préserver une part de mystère).

S’agissant du protocole proprement dit, il est important de bien associer le service protocole/événementiel à toutes les étapes du projet.

Celui-ci doit être présent à toutes les réunions, disposer des informations permettant d’adapter les prestations au cadre souhaité. Prenons le cas de vœux municipaux organisés en plein air en janvier (c’est la période). Le choix d’un site surprenant à cette période devra nécessairement conduire à adapter le concept des vœux à la période : discours raccourci, braseros, buffets adaptés au plein air… À chaque lieu, la prestation protocolaire sera différente, selon le principe du clé en main.

 

À noter
Pour être capable de s’adapter à des lieux très différents, il est primordial de disposer de supports mobiles, tels que des roll-up, des stands parapluie qui serviront à habiller les lieux les plus divers où ils recréeront une ambiance chaleureuse aux couleurs de la collectivité organisatrice. Ces supports doivent être autant que possible intemporels : un stand parapluie aux couleurs d’une commune peut passer partout et être très utile dans un lieu où l’on souhaite néanmoins recréer une ambiance institutionnelle.


 

Les bonnes questions doivent être posées très en amont : Quels lieux pour quelle pratique artistique ? L’artiste a-t-il besoin d’un lieu spécifique pour intervenir et être reconnu dans sa spécificité ? Faut-il prévoir un espace dédié pour les artistes, des loges ? La gamme des questions à se poser est importante s’agissant de lieux qui ne sont pas nécessairement adaptés à des prestations classiques.

 

- Le lieu est-il adapté pour recevoir des personnes à mobilité réduite ? (si non, le signal envoyé aux publics est négatif ou dommageable)

- Les espaces et les salles d’exposition sont-ils adaptés à la démarche ? Quelles adaptations sont possibles (et à quel budget) dans un espace contraint comme une rame de métro, de tram, un wagon, voire un garage ?

- Dispose-t-on dans ces lieux particuliers d’endroits non visibles du public pour accueillir les artistes, les exposants ?

- Comment gérer une présence en continu dans ces lieux atypiques afin de ne pas banaliser la démarche dans le temps ?

- Quel signal visuel prévoir (au delà des supports d’invitation) à l’entrée de l’exposition pour matérialiser celle-ci ?

- Dispose-t-on de toilettes accessibles ou faut-il les faire installer ?

- Dispose-t-on des systèmes d’accroches nécessaires dans le cas d’une exposition ?

- Faut-il prévoir un service de transport, peut-on s’appuyer sur des transports déjà existants ?

Dans tous les cas, les organisateurs devront travailler en lien permanent avec le service du protocole pour éviter tout « bug », tout frein découvert parfois trop tard au projet initial. Le cahier des charges mentionné plus tôt peut être un outil très pertinent pour recenser tous ces points qui devront avoir été soigneusement travaillés et préparés.

 

Soigner la mise en scène
 
Le cadre d’une exposition intègre l’espace présent, l’exposition présentée et la déambulation des visiteurs. L’espace de l’exposition doit être envisagé comme un parcours de visite, répondre à un besoin de mouvement. Les visiteurs bougent et évoluent effectivement au sein d’un espace qu’ils connaissent rarement à l’avance. L’espace devra éviter la monotonie, la lassitude ou le découragement. Il doit y avoir un rythme, des coupures, des moments plus forts. Les circuits obligatoires doivent être eux le plus discret possible. Il faut des parcours bien conçus avec des ambitions raisonnables.
 

 

D - Quelques exemples de lieux atypiques et de démarches possibles

 

1. Dans un lieu privé original (ferme, entreprise, garage…)

 

On insistera tout particulièrement sur l’importance de la collaboration avec le propriétaire des lieux : s’agit-il simplement d’investir un lieu spécifique ? ou d’intervenir pour le compte du propriétaire ? Il faudra disposer de tous les éléments techniques nécessaires quand ils existent (fiche technique avec les aspects électriques, les installations incendie…). Le préalable à l’organisation de l’exposition ou de la démarche sera vraiment de bien avoir défini les obligations de chacun, les dates de mise à disposition d’un lieu qui ne peut être appréhendé comme le serait un espace dont la collectivité est propriétaire.

 

À noter
Un lieu public ou privé utilisé pour des actions nécessite toujours un accompagnement des actions qui y sont organisées. Prenons le cas d’une exposition qui serait organisée dans un logement dans le cadre d’une opération de renouvellement urbain. Il faudra toujours un accompagnement humain (visites, bornes, jeux…) pour être crédible. La scénographie devra redoubler d’efforts et d’imagination dans de tels espaces.


 

2. En plein air

 

Le cas du plein air peut être considéré comme atypique quand il s’agit d’une exposition, de vœux, de cérémonies généralement organisées à l’intérieur et qu’on décide de faire à l’extérieur. Le principal paramètre tient à la météo qui impose souvent des contraintes importantes quand il s’agit d’organiser un événement non repliable. Des expositions de plein air et permanentes se tiennent par exemple dans des lieux comme les grilles du Jardin du Luxembourg, imposant des cahiers des charges bien spécifiques. Mais il convient de disposer – en plein air – d’une commande précise sur la durée d’une initiative, les caractéristiques liées aux supports à fournir, le gardiennage, et ce ne sont pas des aspects anodins. Les collectivités ont en revanche l’habitude de fournir des tentes et des chapiteaux.

 

3. Dans un lieu dont la vocation n’est pas culturelle (bus, tram, garage, avion à l’arrêt…)

 

Ici, la gamme des possibilités est immense et sans doute de nouvelles initiatives ne manqueront pas de voir le jour. S’agissant de ces lieux atypiques, on insistera sur l’importance d’être bien en lien avec le thème de la démarche ; la cohérence ne doit pas devoir s’expliquer, elle doit se comprendre naturellement, donnant du sens à l’initiative. L’exemple du wagon est, de ce point de vue, illustrant. C’est un lieu à la symbolique forte, aménageable moyennant des frais non négligeables, mais permettant une véritable valeur ajoutée pour une démarche autour des mobilités. Cela peut aussi permettre un partenariat avec la SNCF et de partager la communication. Les contraintes d’aménagement sont à prendre en compte dès le début du projet : le projet doit s’adapter au lieu, non l’inverse. La dimension protocolaire est importante : où organiser le vernissage, le pot d’accueil ou le cocktail ? Là encore, on insistera sur l’indispensable adaptation du protocole aux contraintes du lieu d’accueil. Des cas plus classiques vont concerner des friches industrielles qui ont parfois été « réaménagées » ou transformées en lieu d’exposition temporaire et dans lesquelles les principales commodités sont accessibles.

 

4. Dans un collège, une école, un lycée

 

Les établissements scolaires sont coutumiers des démarches visant à promouvoir l’art ou à s’adresser à un public bien spécifique. Les salles de classe, réfectoires, gymnases offrent des lieux d’exposition potentiels intéressants. Ces sites imposent en revanche un vrai travail avec la communauté éducative. Il ne s’agit pas simplement de les tenir pour des lieux d’accueil, mais bien pour des établissements de projet.

Un lycée ou un collège se prêtent bien par exemple à une exposition sur les droits de l’enfant, les questions de santé publique. L’enjeu principal est alors de réussir à faire venir un public extérieur, ce qui n’a rien d’évident. Un autre enjeu est de trouver des formats et des supports adaptés à des équipements souvent « encombrés » (murs surchargés…).

 

5. Dans un établissement de soin

 

On peut estimer que c’est un cas bien particulier, mais qui ne manque pas d’intérêt selon la démarche poursuivie. Les lieux de santé sont, du reste, de plus en plus fréquemment dotés d’un référent culturel qui sera un interlocuteur attentif. Le choix d’un hôpital, d’une maison de retraite (très compliqué en période de restrictions sanitaires), obéit généralement à un objectif bien spécifique en termes de public. Mais c’est une option intéressante pour amener la culture dans des établissements dont ce n’est pas la vocation initiale.

 

Investir un hôpital
 
La majorité des interventions à l’hôpital se déroulent dans des espaces qui ne sont pas spécifiquement dédiés aux activités culturelles. Une résidence d’artistes à l’hôpital peut, le cas échéant, se dérouler potentiellement dans tous ces lieux, moyennant des contraintes d’organisations plus ou moins complexes :
- la salle d’attente : espace organisé mais aussi lieu d’angoisse et de stress dans lequel il faut gérer le temps. Les interventions qui s’y déroulent visent autant les patients que leurs familles ;
- les couloirs : lieux intéressants (mais pas toujours accessibles) dans lesquels se croisent soignants, patients et familles ;
- la chambre : intervention au chevet du patient. La présence de l’artiste ne peut pas être imposée dans cet espace intime ; le malade doit accepter (ou pas) sa venue ;
- la salle de jeux : espace de détente, trait d’union avec le monde extérieur, en particulier dans le rapport enfants/parents ;
- la salle d’activités : lieu de création, d’expérimentation, appréhendé comme tel par les patients et les soignants ;
- le hall d’accueil : lieu de passage pour entrer ou sortir et retrouver le monde extérieur. Tous les regards passent par cet endroit stratégique ;
- l’amphithéâtre : habituellement dédié aux cours et conférences, il peut, grâce aux artistes, changer d’identité et devenir un endroit de diffusion éphémère.
 

6. Le cas de la résidence artistique

 

La résidence représente un projet artistique et culturel qui met à la disposition d’un artiste ou d’une compagnie les conditions de production d’une œuvre. Ce dispositif vient enrichir une programmation. Il faudra jauger l’implication de toute structure et des agents mobilisés pour les aspects suivants :

- la mise à disposition d’un lieu de travail (atelier, plateau, salle dédiée…) ;

- la mise à disposition de moyens techniques ;

- la mise à disposition de moyens logistiques (hébergement, matériel, disponibilité des équipes…) ;

- la mise à disposition de moyens financiers ;

- l’implication active dans la phase de production ;

- la communication, la diffusion de tout élément favorisant le rayonnement du projet et valorisant la démarche choisie.

La résidence nécessite, comme tout dispositif, de mettre en place une méthodologie de projet. L’artiste établit, en lien avec les organisateurs (au premier rang desquels le service du protocole), son plan de travail :

- définition du projet et rencontre avec les partenaires. Cette étape permet de préciser les questionnements et d’élaborer la définition de la résidence et ses objectifs ;

- élaboration d’un planning de travail précis, avec notamment la liste des lieux et des horaires d’occupation ;

- accompagnement et rencontre des publics : définition des formes d’intervention et des publics concernés (âge, nombre, compétences…) ;

- choix des réalisations : dans le travail d’accompagnement et de rencontre des publics, des activités peuvent donner matière à production ;

- définition de la clôture de résidence et de sa forme ;

- temps de bilan.

Quand une résidence s’installe dans un établissement scolaire, les incidences sur les personnels permanents ne sont pas anodines. Il est important de bien les informer, de s’assurer de leur collaboration et de bien proportionner leur implication. Un travail avec l’équipe administrative est donc nécessaire.

 

7. Vers des expositions virtuelles

 

S’agissant des expositions, difficile d’ignorer la Covid-19 dans ce qu’elle risque de profondément changer, même une fois les équipements culturels « définitivement » rouverts. Sans doute faut-il anticiper l’irruption de plus en plus régulière du virtuel dans le monde des expositions, de la même façon que les maires de métropole ont systématiquement présenté leurs vœux sur le net. Le concept des lieux atypiques pourrait se voir concurrencer par des formats numériques qui permettent (en complément, voire en substitution), de toucher un large public, à moindres frais, même si manque le présentiel, essentiel en matière d’art et de culture. Mais pour choisir la couleur d’une ligne de tram, le nom d’un équipement, les formes virtuelles offrent une infinie variété.

 

E - Les caractéristiques d’un « bon » lieu atypique

 

Pour trouver un lieu atypique adapté aux besoins des projets territoriaux, on peut identifier des critères ou des caractéristiques permettant de définir le meilleur choix :

- un lieu qui présente une singularité en lien avec la thématique de l’exposition (objet roulant par exemple…, pour une exposition sur les mobilités) ;

- un lieu garantissant l’unité de lieu pour que tout puisse être organisé sur un seul site, facilitant organisation et communication ;

- un lieu qui corresponde à une symbolique forte pour les habitants ;

- un lieu qui présente des caractéristiques patrimoniales exceptionnelles comme une verrière, un aspect monumental, un point de vue, tout en permettant de disposer d’une salle adaptée aux besoins de l’exposition ;

- un lieu qui serait très peu connu du grand public et aurait un caractère mystérieux ou inattendu provoquant le dépaysement ;

- un lieu qui doit rester passant, visible, où il faut pouvoir amener du monde (le plus mauvais scénario étant de ne pas pouvoir bénéficier d’un flux de public, au risque de rater sa cible) ;

- un lieu dont les possibilités d’aménagement ne sont pas hors de portée (local commercial non réaffecté mais présentant les commodités nécessaires) ;

- un lieu dont l’ouverture exceptionnelle ne présente pas de caractère polémique ;

- un lieu où l’on n’ait pas une impression de déjà vu, ce qui serait contradictoire avec le message attendu.

 

À noter
Sans doute n’y a-t-il pas de bons lieux ni de mauvais, juste des projets qui méritent d’être soutenus ou accompagnés. Même « idéal », le lieu ne fera pas tout. Il est un des ingrédients de la réussite, pas le seul bien entendu. Un bon projet, c’est la véritable clef du succès.


 

Ouvrir un lieu atypique ou insolite pour une exposition, qu’elle soit culturelle ou pas, renvoie donc à des questionnements qui vont au delà des aspects protocolaires. Les aspects à prendre en compte tiennent, le plus souvent, à l’intégralité de la démarche, qu’elle soit artistique ou liée à un dossier d’aménagement. Le choix du lieu – identifié, repéré, connu des habitants – représente déjà en temps normal un enjeu, même quand on dispose d’une salle ou d’un espace identifiés. Mais si on entend bousculer les codes, il faut alors redoubler de vigilance pour ne pas perdre le public. Nous avons rappelé quelques recommandations protocolaires au sens large : bien lier la thématique de la démarche avec le choix du site, associer le service ou la direction protocole à toutes les étapes du projet (en lien étroit avec les services techniques), s’appuyer sur un cahier des charges aussi complet et précis que possible, bien définir les attendus du projet et prévoir un délai suffisant car qui dit lieu atypique ou alternatif dit prestations qui peuvent être plus longues (exemple : fabrication de supports à des formats inhabituels). À ces réserves ou recommandations près, on peut estimer intéressant de proposer un tel choix – un lieu original – à une époque où sévit rapidement le sentiment de déjà vu. L’innovation ne doit toutefois pas se faire à tout prix : elle doit être porteuse de sens, s’avérer « rare » pour ne pas se banaliser. Innover est toutefois aujourd’hui plus facile s’agissant des lieux : de nombreux prestataires ou privés proposent désormais des espaces souvent équipés, dotés des dernières nouveautés technologiques. S’agissant d’une collectivité organisatrice, l’idéal est de « disposer » d’un tel lieu sur son territoire (la Fabrique Lu à Nantes, par exemple) afin de pouvoir maîtriser l’organisation d’un événement sur son territoire.

 

Lire en complément
https://www.narthex.fr/oeuvres-et-lieux/sites-et-architecture/des-lieux-singuliers-pour-decouvrir-lart-contemporain
http://www.vie-artive.com/lieux-insolites-pour-lart/


 


Bruno COHEN-BACRIE

Directeur de la communication, département de Mayotte

 

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