consultation guide des usages, du protocole et des relations publiques

consultationGuide des usages, du protocole et des relations publiques

V • Hommages publics

Fiche pratique n° 5  Créer ou changer le nom des avenues : l’exemple de la Baule-Escoublac

 

La Baule-Escoublac est une ville balnéaire au sud de la Bretagne, située juste au-dessus de Saint-Nazaire et l’estuaire de la Loire. Elle compte 17 000 résidents à l’année, population qui peut être multipliée par dix en pleine saison estivale. Elle est ainsi surclassée par l’État dans la catégorie 40/80 000 habitants.

 

L’économie locale est donc essentiellement touristique, même si, du fait de l’attractivité renaissante de la ville, des entreprises d’autres secteurs commencent à s’installer.

 

C’est aussi une commune sociologiquement plutôt « aisée », de mentalité conservatrice, avec une population assez âgée : près de 50 % des habitants à l’année ont 60 ans et plus.

 

Depuis le 5 juillet 2020, son maire est l’ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, le Républicain Franck Louvrier. Il est également vice-président de la région des Pays de la Loire, en charge notamment du tourisme.

 

L’élection municipale s’est jouée au second tour lors d’une triangulaire. Sur 33 membres du conseil municipal, la liste majoritaire (droite, centre et société civile) en compte 25, la principale minorité, fusion contre nature de deux listes du premier tour (majorité présidentielle et divers droite) 7, et la liste d’union des gauches un seul.

 

À noter que depuis, le groupe minoritaire de 7 élus s’est scindé en deux, revenant à la répartition initiale du premier tour.

 

L’ambition de la nouvelle municipalité est simple : transformer La Baule-Escoublac de simple station en véritable ville balnéaire avec des activités à l’année.

 

En trente mois de mandat municipal, les résultats sont déjà là : accroissement notable de la population, du nombre de foyers fiscaux, d’électeurs, d’enfants scolarisés, de dossiers d’urbanisme…

 

Malgré un foncier contraint, cela a entraîné le développement de programmes immobiliers comme des zones pavillonnaires et la création de nouvelles artères. Celles-ci doivent logiquement être baptisées pour exister au niveau cadastral et fiscal.

 

En parallèle, dans une localité où la population est relativement âgée et plutôt conservatrice, les commémorations constituent des moments importants de la vie municipale. Ainsi, depuis deux ans et demi, la ville a été le théâtre d’un certain nombre de manifestations au cours desquelles des plaques commémoratives ont pu être apposées. C’est à ce processus de pose de souvenirs mémoriels et de dénominations de sites que nous allons nous intéresser.

 

A - La pose de plaques commémoratives

 

1. L’hommage à une personnalité locale

 

La Baule-Escoublac fait partie des dernières communes balnéaires à disposer d’un cinéma en plein centre-ville, le « Gulf Stream », à quelques centaines de mètres de la plage.

 

Ce multiplexe de cinq petites salles est un bâtiment municipal géré sous forme de DSP (délégation de service public) dirigée par Tony Molière et sa famille. Cette personnalité culturelle locale décéda à la fin du mois de novembre 2021.

 

Voici des extraits du communiqué alors publié par le maire, qui témoigne du rôle du disparu :

« C’est une figure bauloise qui vient de s’éteindre à l’âge de 87 ans. Tony Molière était un incontournable du cinéma français.

Connu pour sa gentillesse, ce passionné aura consacré sa vie au 7e Art. Il avait la narration facile et vous faisait voyager dans ce monde de l’image et du son avec délectation.

Débutant très jeune comme vendeur de tickets dans un cinéma du Quartier latin, il fut ensuite distributeur, coproducteur, producteur de longs métrages, patron de plusieurs salles. Décoré de la Légion d’honneur en 1992 pour son action en faveur du cinéma, Tony Molière aura notamment produit ou coproduit de fameux réalisateurs étrangers, comme Carlos Saura (Cria Cueros), Wim Wenders (L’Ami américain) ou Andrzej Wajda avec lequel il obtiendra la Palme d’or à Cannes en 1981 avec L’Homme de fer.

(…) Cet homme élégant avait en 1983 pris en main la direction du « Gulf Stream » à La Baule-Escoublac et créé en 2009 le complexe « Ciné Presqu’île » à Guérande. (…) Il aura réussi à animer et pérenniser le cinéma baulois, l’un des derniers en plein centre-ville. Ciné-débats, ciné-concerts, cycles thématiques, retransmission d’opéras et de pièces de théâtre, Tony Molière n’en finissait pas de diversifier l’offre cinématographique pour en renforcer l’attrait et divertir les spectateurs. »

 

Dans la foulée, le maire Franck Louvrier décida de faire poser une plaque commémorative en son honneur sur un des pignons du cinéma. Le bâtiment appartenant à la municipalité, une délibération en conseil municipal n’était pas nécessaire : seule une validation par la commission « Culture » suffit. Par précaution, l’accord écrit de la famille fut demandé.

 

Une fois la décision actée, le service communication de la ville fut chargé de sa mise en place : dimensions de la plaque, son contenu, réalisation physique puis mise en place de la cérémonie d’inauguration (rétroplanning, déroulement, invitations, contacts presse, relais sur les réseaux sociaux, mise en place).

 

Celle-ci fut ainsi organisée le 1er juillet 2022 à 11 heures 30 devant le cinéma pour dévoiler officiellement cette plaque. Cette date a été retenue parce qu’elle marquait le début de la saison estivale et qu’aucune date « anniversaire » (naissance ou mort) n’était compatible avec l’agenda du maire.

 

Pour cette cérémonie, le protocole fut réduit à sa plus simple expression : outre la presse (systématiquement conviée), ne furent invités que les membres du conseil municipal, la famille de Tony Molière et quelques figures culturelles locales. Le maire fit une intervention d’une dizaine de minutes pour retracer le parcours du défunt et son apport à La Baule-Escoublac.

 

À noter
Pour ce genre de prise de parole en extérieur, le service communication dispose de deux pupitres (un très léger et un normal) et d’une sono transportable avec micros HF, permettant des discours de qualité en toutes circonstances.
Hormis le temps agent, cette commémoration n’aura coûté qu’une centaine d’euros, le prix de fabrication de la plaque.


 

2. Un hommage historique : Pierre 1er de Serbie

 

À l’automne 2021, la communauté serbe de France avait pris contact avec la ville pour poser une plaque commémorative en l’honneur du roi Pierre 1er de Serbie à l’occasion du centenaire de sa mort.

 

Il faut savoir qu’en dehors de Paris qui possède une très chic avenue au nom de ce monarque, La Baule-Escoublac est la seule commune de France à avoir attribué son patronyme à une de ses avenues, ce qui peut en effet sembler étonnant.

 

Pour faire bref, il faut se remettre dans le contexte de l’entre-deux-guerres et se plonger dans l’histoire des relations franco-yougoslaves à ce moment. Une victoire militaire commune sur le front de Salonique obtenue par l’armée serbe reconstituée et l’armée française d’Orient menée par Franchet d’Esperey a permis de tisser des liens très étroits qui perdureront.

 

Ainsi, en juillet 1939, alors que le contexte européen était déjà très lourd, les poilus d’Orient voulurent organiser sur la Côte d’Amour des fêtes d’amitié franco-yougoslaves. En prévision, le conseil municipal de La Baule voulut donner à la rue de la gare, lieu d’accueil par excellence, un nom pour honorer les Serbes. Rapidement, le choix se porta sur Pierre 1er de Serbie, figure emblématique de ce trait d’union franco-serbe historique, « le roi libéral » adoré de son peuple qui le surnommait « l’oncle Pierre ».

 

Né le 29 juin 1844 et mort le 16 août 1921 à Belgrade, il fut le dernier roi de Serbie de 1903 à 1918, puis au terme de la Première Guerre mondiale, de 1918 jusqu’à sa mort, le premier roi du royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui va devenir plus tard le royaume de Yougoslavie, « les Serbes du Sud ».

 

Après quelques tergiversations et allers-retours, après validation par la commission « Tranquillité publique », le principe fut agréé : une plaque commémorative serait apposée dans le square qui borde l’un des deux côtés de cette courte avenue et déjà dénommé « Jardin Pierre 1er de Serbie ». La date retenue serait le samedi 5 novembre 2022, dans l’après-midi, afin de permettre au personnel diplomatique serbe désireux de l’être d’être présent.

 

Comme à chaque fois, le service communication fut chargé de l’organisation (cfsupra).

 

Cependant, du fait du caractère plus officiel de la manifestation et de la présence d’une consule et d’attachés d’ambassade, le protocole fut plus étoffé. Furent ainsi invités en plus de la presse tous les conseillers municipaux, les deux conseillers départementaux du canton, le sous-préfet, les représentants des associations patriotiques locales, quelques officiers connus en retraite sur la presqu’île et tous les membres du CMJ (conseil municipal des jeunes) et du CJA (conseil municipal des jeunes adultes). La police nationale fut également informée de ces présences par sécurité.

 

Avant que la plaque ne soit dévoilée, trois prises de parole se succédèrent : le maire, le président de l’Union des Serbes de France à l’origine du projet, et la consule de Serbie en France. Puis le verre de l’amitié fut proposé à l’assistance par le service intendance de la mairie.

 

Encore une fois hormis le temps agent, cette manifestation aura coûté moins de 300 euros, le prix de la collation finale, la fabrication de la plaque ayant été prise en charge par les associations serbes.

 

B - Changement de nom d’un lieu

 

Pour devenir une ville balnéaire à part entière, La Baule-Escoublac essaie de diversifier son offre en développant le tourisme d’affaires hors période estivale.

 

Pour cela, elle dispose d’un très bel outil, récemment modernisé et connecté, son palais des congrès Atlantia, avec en particulier un auditorium de près de 1 000 places.

 

Cet équipement fut inauguré le 7 mai 1987 par Jacques Chirac, alors Premier ministre.

 

Pour célébrer les vingt-cinq ans de cet équipement, le maire Franck Louvrier a voulu rendre hommage à l’ancien président de la République, décédé en 2019. Outre la trace qu’il laissera dans l’histoire de notre pays, celui qui fut longtemps « l’homme politique préféré des Français » avait aussi des attaches avec la ville balnéaire où il était souvent venu en vacances, en dehors de ses activités politiques. L’ambition était de donner un nouveau rayonnement au lieu, notamment à l’étranger, en profitant de la renommée dont l’ancien chef d’État y avait joui.

 

Le processus fut logiquement un peu plus long à mettre en place.

 

Le palais des congrès étant propriété de la ville, il y eut d’abord une délibération adoptée à l’unanimité en conseil municipal.

 

Le site est géré par une SPL (société publique locale) via une DSP. Son conseil d’administration est composé de dix membres, huit élus municipaux baulois et deux élus communautaires, puisque la communauté de communes, CAP Atlantique, est actionnaire de la structure. Il fallait donc que celui-ci valide également cette décision, ce qui fut fait dans la foulée de la délibération.

 

Pour éviter tout impair, Claude, une des filles de Jacques Chirac, fut contactée et informée du projet. Très touchée, elle l’accepta immédiatement et indiqua qu’elle serait présente pour l’inauguration.

 

Une fois les derniers détails réglés, la date de celle-ci fut fixée au 21 novembre 2021, en fin de matinée.

 

Le service communication de la ville eut alors à gérer une manifestation d’une tout autre envergure que la simple pose d’une plaque. Le champ des personnes invitées s’est trouvé de fait très étendu : anciens élus locaux, militants du RPR et de ses avatars successifs, notables et présidents d’associations locales, artistes et people régulièrement présents en presqu’île, les abonnés à Atlantia… Ce qui nécessita de renforcer la sécurité le jour dit avec une forte présence de la police municipale et de quelques agents d’une société privée.

 

Comme en cette période de l’année, la météo est incertaine, une immense structure de type barnum fut montée, avec à l’intérieur moquette, lumières, décorations et une vraie sono pour les discours puis le buffet.

 

En parallèle, une plaque nominative et une œuvre d’art à l’effigie de l’ancien président furent commandées.

 

La cérémonie se déroula en présence de 250 personnes environ qui, après les discours du maire et de Claude Chirac, purent profiter du buffet.

 

Cette nouvelle dénomination, « Palais des congrès et des festivals Jacques Chirac-Atlantia », a néanmoins eu un certain coût, de l’ordre de 20 000 euros (communication préalable, barnum, buffet, plaque…), auquel il faut ajouter les 8 000 euros qu’aura coûté l’œuvre à l’effigie du président Chirac.

 

Ce changement d’appellation a également eu des incidences sur la communication de certains organismes : en premier lieu, le palais des congrès lui-même, qui fut dans l’obligation de revoir pour le début de 2022 sa signalétique et l’ensemble de ses documents de communication ; ce fut aussi le cas pour l’office du tourisme, qui intégra ce changement dans ses nouveaux documents au fur et à mesure de l’utilisation des anciens. Sans oublier la société des transports en commun locale, Lila Presqu’île, dont deux lignes desservent le site : il lui fallut changer dans les semaines qui suivirent les plaques indiquant l’arrêt. Elle attendit quand même la publication de ses horaires d’été pour procéder à la mise à jour sur ses indicateurs.

 

Enfin, la ville procéda au changement du jalonnement indiquant la direction du palais des congrès au cours du premier trimestre 2022.

 

Ce changement de dénomination pourrait paraître anecdotique et sensiblement onéreux, il n’en demeure pas moins qu’il est entré dans les mœurs et procure une certaine efficacité à la communication et la valorisation du site, comme l’a montré notamment la dernière édition du Festival du cinéma et de la musique de film en juin dernier.

 

C - La dénomination de lieux nouveaux

 

1. Création d’un square sans riverains

 

L’entrée de ville principale de La Baule-Escoublac se fait par un boulevard entrant directement dans le cœur de la commune en passant sur un autopont datant des années 1920.

 

Celui-ci, obsolète et dégradé, a nécessité des travaux de modernisation (renforcement, doublement de la largeur, création d’une piste cyclable…) qui ont duré plus d’un an et demi pour s’achever fin avril 2022. La gestation du projet avait déjà été compliquée : en plus de la ville intervenaient l’État (l’axe étant une route nationale), la DRAC (il s’agit de l’un des derniers autoponts encore existants et à ce titre classé), RFF (propriétaire de l’ouvrage) et la SNCF, puisqu’à certains moments le trafic ferroviaire devait être interrompu par les travaux.

 

Au final, un nouvel espace s’est dégagé d’un côté du pont, rapidement aménagé en square.

 

Au moment de lui donner une appellation, plutôt que de le nommer « square Chevrel » du nom dudit boulevard, un élu, ancien militaire, suggéra de le baptiser « square Bir Hakeim » dont 2022 était le 80e anniversaire de cette bataille qui fut le déclencheur de la reconnaissance politique de la France libre par les Alliés.

 

L’idée fit son chemin et après concertation, il fut décidé d’appeler le lieu « square de la France libre » et d’y apposer en complément deux autres plaques, une en mémoire de Bir Hakeim, l’autre en celle de Pierre Louis-Dreyfus, combattant baulois de la France libre et compagnon de la Libération, six fois cité.

 

Pour comprendre ce choix, il faut remonter l’histoire.

 

Lorsqu’en 1940, après la demande d’armistice le 17 juin suite à l’invasion de notre pays par l’Allemagne, des hommes de valeur et courageux se levèrent pour s’opposer à l’occupant.

 

La résistance extérieure fut constituée par le ralliement au général de Gaulle des Français, militaires et civils, qui voulaient poursuivre la lutte contre l’Allemagne aux côtés des alliés britanniques et qui, suite à son appel du 18-Juin, l’entendirent et rejoignirent l’Angleterre. Ainsi fut créée la France libre.

 

Alors que peu de lieux portent mémoire de ces combattants à qui nous devons tant, il était important que La Baule-Escoublac, dont le maire de 1971 à 1995, Olivier Guichard, fut longtemps le chef de cabinet du général de Gaulle, rende hommage à ces soldats qui s’illustrèrent au service de la liberté.

 

Cette dénomination ayant un impact sur le cadastre, il convenait qu’elle soit validée par le conseil municipal qui le fit à l’unanimité.

 

Suivant le principe que toute délibération soumise à examen doit auparavant passer en commission, celle-ci fut préalablement approuvée par le CCQ (comité consultatif de quartier) concerné.

 

Pour être précis, dès son arrivée à l’hôtel de ville, afin d’être au plus proche des administrés, la nouvelle équipe municipale a mis en place ces CCQ, au nombre de six, couvrant toute la ville et correspondant à des secteurs très marqués de la commune.

 

Ils sont constitués de 3 collèges pouvant aller jusqu’à 8 membres :

- 8 membres désignés par le conseil municipal, dont des élus ;

- des représentants des associations locales du quartier ;

- des habitants volontaires du quartier (professionnels, résidents…).

 

Ils agissent comme une sorte d’interface entre les élus municipaux et les résidents.

 

Leurs réunions, deux à trois par an, sont l’occasion d’échanges autant sur les projets en cours que sur ceux à venir, que ce soit à l’échelle de la commune ou du quartier, mais aussi sur les attentes et aspirations de ses habitants.

 

Ainsi, élus et agents communaux rendent compte de l’avancée des différents dossiers (aménagements, voiries, environnement, mobilité, école…) et apportent des éléments de réponses aux éventuelles interrogations des riverains.

 

Ils présentent également les projets à venir sur le quartier et les soumettent à l’avis des membres du CCQ.

 

Par le biais de ces réflexions conjointes, les CCQ participent au processus démocratique local et à l’élaboration d’une décision, même si celle-ci reste au final de l’entière responsabilité du conseil municipal.

 

Ainsi, dès que se pose le problème de dénomination de voirie, le CCQ concerné est consulté et son avis compte. Nous y reviendrons.

 

La cérémonie qui fut organisée le samedi 10 décembre 2022 dans l’après-midi était de la même teneur que celle de la pose de la plaque « Pierre 1er de Serbie » (cfsupra), il n’est nul besoin d’y revenir.

 


 

2. Création d’artères dans un nouveau lotissement

 

L’expansion de la ville entraîne un développement urbain, même si le foncier est contraint par nature sur le territoire.

 

Ainsi, principalement dans deux quartiers périphériques, Escoublac et Le Guézy, des lotissements sortent de terre avec l’apparition de nouvelles dessertes internes : avenue, allée et impasse (La Baule-Escoublac a la particularité de ne compter aucune « rue » dans sa voirie).

 

Avant livraison de ces nouvelles zones d’habitation, il convient de procéder à l’appellation de celles-ci et à la numérotation des nouveaux logements. Cela passe par une délibération globale pour l’ensemble du lotissement, détaillant néanmoins le nom de chaque artère. Une fois la délibération votée, le cadastre les répertorie et en informe ensuite les services fiscaux, la Poste…

 

En 2022, La Baule-Escoublac a eu à procéder de la sorte à deux reprises.

 

À chaque fois, le CCQ (cfsupra) concerné a d’abord été consulté, mais de deux façons différentes.

 

À Escoublac, quatre programmes sont en cours de réalisation, à l’extrême limite de la ville, quasiment en zone rurale. La commission « Urbanisme et habitat » a pris le parti de dénommer ces nouvelles dessertes par des noms de fleurs évoquant la campagne (avenue des Tournesols, allées des Colchiques, des Capucines…).

 

Les propositions ont été présentées au CCQ d’Escoublac, qui les a validées. Le conseil municipal a ensuite voté l’ensemble.

 

Autre démarche, au Guézy. Un important lotissement de 146 logements finit de sortir de terre. Le promoteur a choisi de l’intituler « L’Hermione », du nom du navire qui emmena Lafayette se battre aux côtés des Américains pour leur indépendance.

 

Là, c’est le cabinet du maire qui est intervenu en suggérant d’axer les dénominations des dessertes internes à venir, trois avenues et quatre impasses, sur d’autres noms de bateaux et sur ceux de navigatrices célèbres, d’en établir une liste et de la soumettre à sondage auprès des membres du CCQ idoine. En effet, outre la vocation marine de la ville, à quelques centaines de mètres du lotissement existe une salle omnisports appelée Maud Fontenoy, tandis qu’une certaine féminisation des noms d’artères était souhaitée par le maire Franck Louvrier.

 

L’élue responsable du CCQ du Guézy établit deux listes, la première composée de noms de 6 navigatrices et la seconde d’une dizaine de noms de bateaux. Elles furent soumises à consultation auprès des membres du CCQ qui choisirent trois femmes (dont une décédée) pour les avenues et quatre navires pour les impasses.

 

Le service juridique prit alors contact avec les deux navigatrices vivantes et avec la famille de la défunte pour obtenir leur accord. Une fois celui-ci obtenu, le conseil municipal a adopté à l’unanimité une délibération validant ces dénominations.

 

Dans chaque cas, le service de l’urbanisme enregistre ces nouvelles dénominations créées et transmet les informations aux services intéressés, l’administration fiscale, la Poste…

 

En général, une fois le programme immobilier terminé, c’est le promoteur qui organise la cérémonie d’inauguration avant livraison des premiers logements. De cette façon, l’ensemble des nouvelles artères sont baptisées en une seule fois, de façon globale. Pour la ville, c’est donc une bonne opération de communication (« La commune se développe ») qui ne coûte rien.

 

D - Changement de nom d’une avenue : avenue Jean-Pierre Beltoise

 

La nouvelle municipalité a décidé de consacrer chaque année la ville à un thème particulier, générant manifestations et événements divers tout au long de l’année.

 

Ainsi 2021 fut « l’Année du cheval » en l’honneur de la 60e édition du Jumping international 5* de La Baule.

 

Poursuivant cette déclinaison des années à thème, 2022 fut dédiée à l’automobile.

 

En effet, si la naissance de La Baule-Escoublac coïncide avec l’arrivée du chemin de fer, son histoire est aussi étroitement liée à celle de la voiture : les deux sont quasiment nées en même temps et leurs deux histoires sont totalement parallèles. La ville possède dans ce domaine un passé très riche, avec ses grands prix sur la plage, ses rallyes, ses concours d’élégance, le circuit d’Escoublac et le développement économique lié à l’essor du tourisme et des mobilités. C’est ainsi que l’automobile s’est particulièrement ancrée dans l’ADN de La Baule-Escoublac : sur à peine cent ans, peu de villes ont un passé commun aussi riche avec la voiture.

 

Mais cette consécration n’aura pas été qu’un retour dans le passé, car la place de l’automobile dans la société de demain ne sera plus comparable avec celle qu’elle occupait hier. Cette année fut aussi l’occasion d’aborder les enjeux de mobilité et environnementaux du futur : avec l’arrivée des nouvelles motorisations, hybride, électrique, hydrogène, il était important de montrer que dorénavant la ville porte l’ambition de ces nouvelles énergies.

 

Parmi d’autres projets, le coordinateur de cette « Année de l’automobile » fit une proposition particulière qui surprit tout le monde au départ : rebaptiser l’artère où il réside de « avenue des Sports » en « avenue Jean-Pierre Beltoise ». Cette idée était motivée par deux raisons principales.

 

D’abord profiter de cette « Année de l’automobile » pour rendre un hommage particulier au pilote automobile Jean-Pierre Beltoise. En effet, son histoire est intimement liée à celle de la commune où il passait toutes ses vacances au sein de la maison familiale. Toute sa vie, il aura gardé des liens très proches avec sa ville de cœur. C’est là qu’en 1952 le jeune Jean-Pierre reçoit le déclic de la compétition automobile en assistant au grand prix automobile de La Baule sur le circuit d’Escoublac ! Il apprend à conduire ici et gagnera ensuite l’un des premiers gymkhanas (concours d’adresse au volant) de la place des Palmiers.

 

Ce grand champion a été le symbole du renouveau du sport automobile français avec notamment 86 grands prix de Formule 1 courus, dont une victoire le 14 mai 1972 sur le mythique circuit de Monaco. Après sa carrière sportive, il s’est totalement consacré à la prévention et la formation aux risques routiers avec notamment l’ouverture de l’école de conduite sur circuit « Conduire juste ».

 

L’autre raison tenait à des difficultés et des confusions d’acheminement du courrier avec l’avenue perpendiculaire, nommée avenue du Parc des Sports. Or, entre les deux voies, l’avenue des Sports est la plus courte, avec seulement une vingtaine de riverains, dont de nombreux résidents secondaires présents seulement en période estivale. Le changement de dénomination présenterait donc moins de difficultés.

 


L’idée fut finalement validée par le maire.

 

Dans un premier temps, le CCQ fut consulté qui accepta le projet avec enthousiasme. Puis un élu et le coordinateur rendirent visite à chaque riverain pour leur soumettre l’idée, tandis qu’un courrier était adressé au domicile principal des résidents secondaires pour les sonder. Le projet ne rencontra pas une seule objection ! Le processus de changement de nom pouvait donc s’enclencher.

 

Une fois l’accord des deux fils de Jean-Pierre Beltoise obtenu, le conseil municipal l’adopta à l’unanimité.

 

Le service de l’urbanisme en informa alors l’administration fiscale et les services postaux. En parallèle, une communication permanente fut établie avec les riverains, avec notamment la création d’une cellule d’aide à l’hôtel de ville pour toutes les démarches administratives qui pouvaient se présenter avec ce changement d’adresse (organismes bancaires, opérateurs téléphoniques, abonnements divers…).

 

Il fut convenu aussi que pendant au moins deux ans, les plaques de rue seraient doublées, avec une seconde en dessous portant la mention « Anciennement avenue des Sports ».

 

Enfin, l’office du tourisme procéda au changement sur les plans de la ville qu’il édite chaque année à la fin du printemps.

 

Le baptême de l’avenue des Sports en avenue Jean-Pierre Beltoise et le dévoilement de la plaque eurent lieu officiellement le dimanche 9 avril en fin de matinée, en présence de plus de 350 personnes, dont un de ses fils qui prit la parole après le maire pour exprimer son émotion et sa gratitude envers la ville. Pour cette cérémonie, le service communication avait vu les choses en grand, avec dans l’artère une exposition de véhicules anciens et de prestige, la présence d’une voiture de course en démonstration et un buffet des grands jours.

 

Cette inauguration représenta un coût d’environ 15 000 euros, certes important, mais avec des retombées médiatiques conséquentes autant dans la presse régionale que dans les médias nationaux.

 

La leçon de cette démarche est que le changement de nom d’une voie est finalement moins compliqué qu’il peut y paraître. L’essentiel est de bien communiquer pour l’expliquer et de procéder avec méthode. Dans notre cas, l’adhésion des riverains a été une bonne surprise, et au-delà, de nombreux Baulois ont manifesté leur sympathie pour cette nouvelle dénomination, souvent empreinte d’un brin de nostalgie.

 



 

Pour consulter le contenu dans son intégralité ...

Vous devez être abonné.

Contenu réservé

J'ai un compte

Je m'identifie

Je n'ai pas encore de compte :

Je crée mon compte
 

Vous possédez un compte si vous êtes inscrit sur un des sites du Groupe Territorial ou sur le site lagazettedescommunes.com. Utilisez votre identifiant et votre mot de passe pour vous connecter.


Les sites du Groupe territorial

 

Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978, vous bénéficiez d'un droit d'accès et de rectification aux informations qui vous concernent. Pour exercer ce droit d'accès, cliquer sur la rubrique « Mon compte » du site web ; pour obtenir communication des informations vous concernant, rendez-vous sur la page « contacts » du site.


(Règlement par CB, chèque bancaire ou mandat administratif)


Vous n'êtes pas abonné ?

 

Haut de page

Sommaire

Rechercher par mots clés