consultation Handicaps et ville

Accessibilité en ville : guide des équipements publics

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III • Les habitations

Fiche de cas n° 2 Un guide pratique pour aménager des logements accessibles

 

Pour répondre aux attentes des personnes handicapées et accompagner les bailleurs sociaux dans la mise en œuvre des logements accessibles, un document intitulé Guide pratique pour la production de logements accessibles aménagés a été réalisé par Union et Solidarité, le regroupement des 10 bailleurs sociaux de la métropole du grand Nancy. Ce guide est le résultat d’un travail en partenariat des bailleurs sociaux avec le concours de l’Arelor et de l’Association Fondation Bompard. Il est destiné aux bailleurs, avec « l’ambition d’être un outil d’aide à la conception d’un habitat accessible à tous, mais également promoteur de citoyenneté pour les personnes handicapées ».

Ce guide qui inclut dans sa réflexion la notion d’universalité et de sphère sociale, a pour objectifs de proposer aux bailleurs des aménagements complémentaires, au-delà des exigences de la loi de février 2005, et de leur apporter des conseils pour améliorer, de façon graduée, l’accessibilité des logements pour les personnes à mobilité réduite, principalement des personnes en fauteuil roulant, mais aussi de toutes personnes ayant une déficience motrice, sensorielle ou intellectuelle. Ce guide s’articule autour des différents espaces qui constituent l’habitat :

- espace public, la sphère de la citoyenneté ;

- espace commun, la sphère du voisinage ;

- espace intime, l’intérieur du logement, pièce par pièce.

 

Les éléments présentés ci-après se basent sur les préconisations de ce guide pour l’aménagement de la salle de bains.

 

1. Accès à la salle de bains

 

Pour permettre à une personne en fauteuil roulant de franchir, sans manœuvre intermédiaire, une porte de 80 cm non accessible de face, selon ce guide, les largeurs minimales exigées par la réglementation de l’accessibilité pour les circulations et les portes intérieures sont insuffisantes.

 

a) Accès

 

Il est conseillé de privilégier des solutions comme par exemple :

- un accès à la salle de bains de face depuis le couloir ;

- un agencement judicieux des parois, par exemple avec un angle à 45° ;

- ou l’élargissement du couloir ou de la porte pour respecter la règle suivante concernant les circulations : pour qu’une personne en fauteuil roulant puisse aborder aisément un virage à angle droit ;

- ou une distribution depuis une surface offrant un espace de giration de 150 cm de diamètre permettant un demi-tour complet devant la pièce. Par exemple, la distribution des pièces depuis le hall d’entrée.

 

b) Portes

 

Les portes coulissantes à galandage sont conseillées. Ces portes doivent être équipées d’une poignée facile à utiliser par les personnes à mobilité réduite. Si cette poignée n’est pas un modèle spécifique, l’encastrement de la porte sera alors partiel, réduisant le passage utile. Ces éléments sont à prendre en compte lors du choix de la largeur de la baie.

Il est à noter que la structure de la paroi accueillant une porte à galandage peut être incompatible avec l’installation d’éléments suspendus dans la salle de bains (siège de douche, lavabo, barres d’appui…). De même, l’installation d’une porte coulissante en applique intérieure à la pièce risque de générer un conflit avec la pose d’équipements tels que barres d’appui.

 

2. Espace de la salle de bains

 

a) Dimensions de la pièce

 

Le minima réglementaire, c’est-à-dire l’espace libre de 150 cm de diamètre nécessaire à l’approche des équipements pour une personne autonome en fauteuil roulant, ne suffit pas dans de nombreuses situations, comme par exemple pour les personnes qui ont besoin d’un aidant pour leur toilette.

 

D’autant plus que la réglementation tolère les cas suivants :

- les parties sans emprise au sol du lavabo et des WC éventuels peuvent empiéter sur cet espace ;

- il est possible de ne pas tenir compte de l’encombrement du lave-linge si son installation est également possible dans une autre pièce, comme la cuisine ;

- dans le cas d’une salle d’eau avec douche équipée d’un siphon de sol et sans seuil, cet espace libre peut empiéter sur la douche.

 

Ainsi, il est primordial de dépasser ce minima réglementaire en matière d’espace libre dans la salle de bains, notamment pour les logements susceptibles d’accueillir des personnes dépendantes (espaces d’intervention des aidants non prévus par la réglementation) ou par exemple pour les locataires réalisant un transfert sur un siège de douche fixé (espace de transfert non prévu par la réglementation). Prévoir plus d’espace permet également d’augmenter la qualité d’usage pour tous, comme par exemple l’usage de la salle de bains par les parents avec enfants…

 

b) Espace unique WC - salle de bains

 

Pour un gain d’espace, il est de plus en plus courant d’avoir un espace unique de WC et salle de bains ensemble. Cette organisation peut avoir des avantages, comme par exemple permettre de minimiser les espaces dédiés aux sanitaires. En effet, l’espace libre de 80 x 130 cm prévu par la réglementation pour les transferts latéraux au niveau des WC peut alors chevaucher l’espace libre de 150 cm de diamètre réglementaire pour la salle de bains. Il permet également d’offrir un vrai cercle de giration à proximité des WC pour en faciliter l’approche, notamment lorsque cela aurait été impossible avec des WC individuels.

 

Cependant, l’espace unique WC-salle de bains peut aussi avoir des inconvénients, comme par exemple pour l’agencement fonctionnel des équipements de la salle de bains, où il peut être plus difficile notamment d’envisager des espaces d’intervention pour les aidants, etc.

 

c) Moyens d’appuis

 

Des points d’appui positionnés en dehors des espaces lavabo-douche-WC peuvent sécuriser les déplacements dans la salle de bains, stabiliser la position de la personne debout pendant le séchage, l’habillage…, comme par exemple des mains courantes, des barres verticales, etc.

 

d) Cloisons

 

Les cloisons sont souvent utilisées, dès l’origine ou ultérieurement, comme support pour fixer des éléments tels que siège de douche, barres d’appui, lavabo / WC suspendus, etc. Elles doivent être renforcées.

 

e) Éclairage

 

Les éclairages de type veilleuse à LED avec détecteur de lumière du jour peuvent être utiles. De plus, certains produits sanitaires sont déjà équipés de veilleuse à LED sensible à la lumière du jour.

 

f) Fenêtres

 

Les fenêtres ne doivent pas être difficiles d’accès. Le dispositif de manœuvre d’ouverture doit être accessible pour une personne en fauteuil roulant. Dans le cas contraire, il faut prévoir des dispositifs de manœuvre à distance, tels que fenêtre motorisée, fenêtre automatique.

 

3. Douche

 

La réglementation impose de concevoir et d’équiper la salle d’eau « de manière à permettre, par des aménagements simples, l’installation ultérieure d’une douche accessible à une personne handicapée » sans toutefois définir les caractéristiques d’une telle douche. Toutefois, dans le cas où la personne aurait besoin des aides techniques, certains produits et équipements nécessiteraient des caractéristiques particulières de la douche pour être installés. Par ailleurs, même s’il est nécessaire et généralement conseillé d’installer, dès l’origine, un siphon de sol, il est utile de mener une réflexion préalable sur le choix des dimensions et de l’orientation de l’espace douche, l’implantation de la robinetterie, etc., afin de ne pas rencontrer d’obstacle lors de l’installation et/ou l’utilisation des équipements et produits d’assistance spécifiques.

 

a) Dimensions

 

Si la stratégie consiste à mettre en attente un siphon de sol, il faudra également prévoir dès l’origine une surface de pente adaptée à la solution future retenue, sinon il sera difficile d’obtenir ultérieurement des dimensions adaptées aux besoins du locataire. Pour être adapté au plus grand nombre, l’espace idéal est de 140 x 100 cm. Toutefois, un espace de douche de 100 x 80 cm permet l’installation d’un siège de douche fixé au mur et de dimensions « classiques ». Pour les personnes dont la corpulence exige un siège plus large (modèles XL), les dimensions minimales de l’espace douche sont de 120 x 90 cm pour respecter la qualité d’usage.

 

b) Douche à siphon de sol

 

Certaines règles techniques de mise en œuvre d’une douche à siphon de sol peuvent induire la création d’un ressaut (<2 cm). Un agencement étudié permettrait d’éviter la nécessité de créer de tels ressauts qui peuvent représenter un risque de chute et une entrave à l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite marchantes.

 

c) Revêtements de sol

 

Les revêtements de sol doivent être conformes aux règles d’accessibilité, notamment en termes de glissance, mais ils doivent également être faciles par rapport à l’entretien. Par exemple, certains carrelages « trop » antidérapants sont difficiles d’entretien, les sols plastiques perdant leur pouvoir antidérapant sous l’effet des produits d’entretien non adaptés…

 

d) Robinetterie

 

Il est conseillé de choisir un modèle avec système anti-échaudage, afin de limiter les risques de brûlures. Un pommeau de douche léger, facilement préhensible et à jet orientable limitera les projections d’eau en dehors de la douche, notamment en cas d’intervention d’un aidant. Un tuyau long (2 m) permettra de faciliter l’intervention d’un aidant, notamment pour les personnes accédant à la douche avec un fauteuil de douche mobile. Le support de douchette doit être facile à régler et surtout à atteindre pour une personne en position assise.

 

e) Équipements spécifiques

 

Les équipements, tels que les sièges de douche, barres d’appui, systèmes de fermeture de douche (rideaux ou portes) sont installés selon les besoins des habitants et leur mode d’utilisation, seuls ou avec un aidant. Toutefois, les caractéristiques techniques de la douche doivent être pensées en amont pour permettre la fixation d’équipements spécifiques ultérieurement.

 

Il est possible de concevoir une douche accessible que chaque habitant pourra adapter avec ses propres aides techniques spécifiques. Ainsi, pour obtenir des conditions de qualité d’usage satisfaisantes, il est nécessaire de prévoir des caractéristiques particulières lors de la conception de l’espace douche ; par exemple, le renforcement des murs, notamment la paroi située dans la largeur de la douche afin que l’utilisateur soit assis dans le sens de la longueur de la douche.

 

4. Lavabo

 

Pour être accessibles à tous, le lavabo et ses équipements doivent présenter certaines caractéristiques. Pour autant, il n’est pas strictement nécessaire de choisir du matériel spécialement conçu pour le « marché du handicap ». En effet, si la conception et le choix du matériel sont bien étudiés, il est possible de « faire accessible et adapté » avec du matériel « grand public ». L’avantage est souvent esthétique et budgétaire.

 

La réglementation ne donne pas de caractéristiques particulières pour les lavabos, sinon la nécessité de prévoir des espaces nécessaires pour le passage des jambes pour les personnes assises sous le lavabo. C’est au niveau de la conception de l’espace qu’il faut veiller à installer des lavabos utilisables par tous. Par exemple, il faut éviter les lavabos-totem ou sur colonne ainsi que les meubles-vasques classiques, et préférer les vasques suspendues. Si le siphon est apparent, il devra être déporté ou de type gain de place souple et isolant pour ne pas compromettre le passage des membres inférieurs ni entraîner de blessures/brûlures par contact avec les genoux. Cependant, la hauteur standard de 85 cm est souvent trop importante pour les personnes assises. Une hauteur de 80 cm est plutôt recommandée.

 

Il existe des lavabos ergonomiques optimisant l’accès en fauteuil roulant mais ayant généralement le désavantage de proposer un design pouvant marquer le produit comme relevant du marché spécifique du handicap. De plus, peu de modèles spécifiques offrent un siphon caché ; or un siphon PVC apparent peut être considéré comme disgracieux. En revanche, des modèles de lavabos « grand public » peuvent offrir des dimensions permettant de bonnes conditions d’accès en position assise, une large plage de dépose autour de la vasque pour que les objets du quotidien restent à portée de main (« lavabos-tables » / « plans-vasques »), tout en proposant un design et un prix « grand public ». Certains modèles proposent également un cache-siphon peu encombrant ne compromettant pas la position assise ou l’accès en fauteuil roulant.

 

a) Robinetterie

 

Pour des raisons de sécurité, il faut choisir des modèles anti-échaudage. Pour la qualité d’usage, il convient d’éviter les dispositifs de vidange à tirette qui peuvent être difficiles à manipuler. Des bondes à ouverture et fermeture par simple pression sur le bouchon sont plus faciles à l’usage.

 

b) Choix du miroir

 

Pour être accessible par tous, il est recommandé de positionner le miroir de sorte qu’il soit utilisable par une personne en position debout comme par une personne assise ou de petite taille (enfants, personne âgée assise sur une chaise, personne en fauteuil roulant…).

 

Il existe des produits spécialisés offrant un réglage du miroir (inclinable, coulissant…) pour une utilisation en position assise comme debout. Dans ces modèles, le choix de l’esthétique est souvent réduit et la commande (exemple : levier décuplé) peut marquer le produit comme relevant du marché spécifique du handicap. En revanche, il est possible, par exemple, de choisir un grand miroir plat positionné verticalement depuis la base du lavabo. Il existe un large choix de modèles et donc de prix sur le marché « grand public » qui peuvent être utilisables en position assise comme debout.

 

c) Appuis

 

Les points d’appui au lavabo peuvent servir à passer en position debout, à maintenir la position debout ou semi-debout (le temps de la toilette intime par exemple), à ajuster le positionnement du fauteuil roulant face au lavabo. Plusieurs solutions « spécifiques » existent comme :

- les barres d’appui verticales de part et d’autre du lavabo (qui peuvent toutefois être difficilement accessibles par des personnes assises et de tailles moyenne ou petite) (et en fonction de la profondeur du lavabo) ;

- les barres de lavabo en U (qui viennent entre autres compenser la résistance d’un lavabo suspendu non pensé pour supporter des appuis).

Le rajout de barres d’appui et le déchaussement prématuré du lavabo peuvent être évités par le choix d’un lavabo dont la forme offre des points d’appui fiables et dont l’installation sur châssis renforcé permet de supporter des appuis et tractions.

 

5. Déclenchements automatiques

 

Les systèmes à déclenchement automatique de robinetterie ou de luminaire peuvent être bénéfiques pour les personnes ayant des troubles moteurs. Certains estiment que ce système pourrait être handicapant pour les personnes ayant des troubles cognitifs.

 

6. Repérage visuel

 

Le contraste visuel est aussi important pour les personnes avec déficiences visuelles que pour les personnes âgées. Il est utile de contraster les équipements de la salle de bains, comme la commande d’éclairage, le receveur de douche, les barres d’appui, etc., par rapport au sol et aux murs. Il s’agit soit de choisir des couleurs de revêtement sol/mur contrastant avec les couleurs des équipements qui sont généralement blancs ou gris, soit de prendre des équipements en couleur (mais souvent plus onéreux). Dans tous les cas, il convient d’éviter le chrome et le gris qui rendent difficile la perception visuelle des équipements.

 

Contact
Jean-Marie Schleret, Président d’Union et Solidarité : jm.schleret@wanadoo.fr


 

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