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Le modèle français : contenu, contours et perspectives

Article du numéro 463 - 01 mai 2013

Idées

Le modèle français ne se résume pas à la protection sociale. Mis à mal depuis une trentaine d'années, il rencontre des difficultés mais présente des atouts. Sous la plume du normalien pédagogue, rompu à l'exercice des plans et des dissertations à destination des étudiants en classe préparatoire économique et commerciale, ce court ouvrage porte sur le modèle économique français tel qu'imaginé et forgé par une génération, à laquelle l'auteur rend hommage, de responsables politiques et de hauts fonctionnaires.

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Pascal Gauchon, Le modèle français depuis 1945 PUF, 2012, 128 pages, 9 euros.


Un grand passé

Selon l'historien Pascal Gauchon, le modèle français a connu trois âges. Le premier s'identifie à la monarchie, le deuxième à la République. Unité et accroissement du royaume appellent d'abord une intervention de l'État sous la forme typique du colbertisme. Au début de la troisième République, l'intervention de l'État est à nouveau décisive pour mettre en ½uvre les idées issues de la Révolution. Après-guerre, après l'expérience de « modernisation autoritaire » de Vichy, nationalisations et planification deviennent les outils de dirigeants passés par l'X, Sciences Po et la nouvelle Ena. Dans les décennies qui suivent, les Français travaillent, reconstruisent, font des enfants. L'État est là pour assurer la croissance et nourrir la modernisation, notamment par l'intermédiaire de grands travaux d'infrastructure. L'indé­pendance politique gaullienne se double d'une ouverture économique, en particulier par la voie de la construction européenne.


Un virage et des difficultés

Avec la crise pétrolière, la France abandonne la planification contraignante et renforce ses investissements européens. La volonté de rendre à l'État un rôle moteur, par l'extension du secteur public et par un volontarisme redistributif, achoppe en 1983 sur la « pause » dans les réformes. Depuis, l'ouverture n'a jamais été remise en question, l'État s'est désinvesti. L'auteur note que la défense du modèle se déplace de l'économique vers le social et le culturel. Au-delà des exceptions culturelles et sociales, la France a pu s'insérer dans l'économie mondiale, avec son lot de conséquences positives et négatives. Cependant depuis 2000, des données très inquiétantes s'accumulent. Leur convergence ne peut qu'accréditer le fait que la France perd des places dans le concert économique des nations.


Et après ?

Dans ce contexte, l'État paraît entravé dans une relative impuissance publique, tandis que les entreprises ont gagné des marges de man½uvre très substantielles. Gauchon n'est pas véritablement pessimiste. Un nouvel âge du modèle est toujours possible. Mais il nécessite une nouvelle génération de dirigeants. Car comme l'écrit l'auteur, « derrière le modèle, les hommes ».
On trouvera dans cet essai, extrêmement clair, une vraie thèse, sans tergiversations politiquement correctes, sur les cinquante dernières années « à la française ». On y trouvera également une synthèse très riche sur les entreprises publiques, les élites, et un demi-siècle de politique économique.
Au final, on a bien là un essai qui permet, après l'avoir refermé, d'avoir le sentiment de pouvoir répondre « un peu plus » à la question « Que sais-je ? ».