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Article du numéro 459 - 01 mars 2013
Magali Giovannangeli |
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Je n'ai ressenti aucun de ces deux sentiments. L'immense majorité des maires des Bouches-du-Rhône refuse le principe d'une grande métropole européenne. Nous militons pour une autre formule, celle d'un Établissement public opérationnel de coopération (EPOC). À l'évidence, Marylise Lebranchu sait écouter, mais elle répète toujours la même chose, à savoir que le principe d'une métropole est indiscutable pour sortir Marseille de l'ornière et que les cinq autres intercommunalités autour de la ville disparaîtront (1). On peut souligner une petite évolution du fait qu'elle nous a assuré qu'elle examinerait de près le mode de fonctionnement de l'EPOC. Toutes les semaines, les maires des grandes villes et des intercos concernées se réunissent pour travailler à sa fondation. Nous voulons que l'État fasse confiance aux élus locaux.
Notre refus de cette métropole n'est pas une simple posture : nous ne voulons pas d'une recentralisation qui détruira à terme le rapport de proximité avec le citoyen ; nous sommes dans le flou complet quant à la fiscalité unique de cette métropole, sans visibilité sur les retombées pour chaque territoire. Nous ne sommes pas là pour payer la casse, organisée par l'État et la ville de Marseille, de la deuxième ville de France. Bien sûr, nous avons tout intérêt à ce que Marseille redynamise son économie mais pas dans n'importe quelles conditions. On ne balaie pas le besoin de mieux vivre par le mieux-disant fiscal. À la métropole, nous opposons le principe de coopérations librement consenties.
Le reproche est trop facile. Effectivement, le pôle métropolitain dans lequel les 9 intercommunalités des Bouches-du-Rhône étaient engagées travaillait sur la problématique des transports et nous étions confrontés à certaines résistances. Lorsque nous sommes parvenus à dégager une perspective de consensus, notamment sur un versement transport unifié, le Premier ministre est arrivé à Marseille pour annoncer la création d'une métropole. Nous n'avons pas donc pas eu l'occasion d'aller au terme du processus.
Je me révolte contre cette idée de « modernité » de la métropole. C'est, au contraire, un concept qui devient ringard. Je participe à un des réseaux de villes les plus anciens, transfrontière sur le plan politique, Cités et gouvernements locaux unis (CGLU). Les grandes métropoles, telles Mexico, se rendent compte qu'elles ne peuvent plus répondre aux besoins de proximité exprimés par les habitants. Cet éloignement complique la tâche des élus. Barcelone, qui reste une ville riche et prospère malgré la crise espagnole, a du mal à agir sur le plan social du fait de son organisation métropolitaine. C'est pour cette raison que nous nous battons avec autant de détermination. Ce qui se passe sur ce dossier dépasse le sujet de l'organisation institutionnelle de l'agglomération marseillaise. Elle pose la question du rapport de confiance entre les élus et l'État.
(1) Seule la partie arlésienne du département conserverait son « indépendance » intercommunale.