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Qu'est-ce que la démocratie ?

Article du numéro 448 - 01 septembre 2012

Repères

Est-ce le gouvernement du peuple par les marchés ? À l'évidence une large part de la vie consciente des Européens est aujourd'hui déterminée par ceux-ci : l'emploi - si essentiel pour qui veut assurer son autonomie, vivre en société et bâtir son projet personnel - dépend d'abord de ce monstre gigantesque et anonyme, sur lequel, en tant que citoyens, nous avons peu de prise et dont - soyons francs - nous ne parvenons guère à comprendre ou à prévoir les réactions, les zigzags et les sursauts.

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Est-ce le gouvernement du peuple par les marchés ?

À l'évidence une large part de la vie consciente des Européens est aujourd'hui déterminée par ceux-ci : l'emploi - si essentiel pour qui veut assurer son autonomie, vivre en société et bâtir son projet personnel - dépend d'abord de ce monstre gigantesque et anonyme, sur lequel, en tant que citoyens, nous avons peu de prise et dont - soyons francs - nous ne parvenons guère à comprendre ou à prévoir les réactions, les zigzags et les sursauts.


Est-ce le gouvernement du peuple par les médias ?

Coincés entre, d'une part, les mille et uns soucis, familiaux, professionnels, administratifs... de nos existences quotidiennes, avec cette avalanche de mails, de SMS, de sonneries de nos portables qui laissent si peu de temps à la réflexion distanciée et à la vie intérieure, et d'autre part, le bombardement continu de médias qui choisissent pour nous les événements qui sont censés être les plus importants et l'idée qu'on doit s'en faire (« Voilà ce que l'on peut dire sur... », « Voilà ce qu'il faut savoir sur... »), nous finissons par devenir les victimes consentantes du « prêt à penser » et du « politiquement correct » ; l'inverse même de ce que l'on appelle le choix volontaire et réfléchi d'un citoyen.


Est-ce le gouvernement du peuple par les sondages d'opinion ?

Il nous est dit si souvent « Voilà ce que vous pensez », que nous finissons par le croire. Et ce qui n'était que le reflet momentané et flou d'un instant devient la ligne de conduite d'une société : le miroir finit par imposer des comportements durables à ceux qui ne faisaient que passer devant lui. Où est la liberté personnelle ?


Est-ce le gouvernement du peuple par les partis politiques ?

Sans doute ont-ils une utilité bien que le web 2.0 remette sans doute en cause cette affirmation. Mais qui a vécu à un moment de sa vie un véritable engagement politique sait que le militant, pour sympathique qu'il soit, devient très vite hémiplégique : c'est un danger public. Il croit qu'il a complètement raison et donc que les autres, en face, ont complètement tort. Et « la bêtise au front de taureau » n'est pas loin. Comme le disait joliment un philosophe français qui eut des responsabilités ministérielles « Entre un homme de droite généreux qui comprend les contraintes sociales et un homme de gauche rigoureux qui comprend les contraintes économiques, on voit mal où est la différence ». Mais la sottise réductrice des mots « Droite et Gauche » finit toujours par nous emporter vers ce drame décrit par le regretté Jacques Marseille, l'affrontement imbécile d'une France de « guerre civile ».


Est-ce le gouvernement du peuple par des systèmes électoraux ?

Tous ceux qui ont quelques compétences dans cette pseudo­science, savent que selon le choix de système que l'on fait - scrutin uninominal à un tour ou à deux tours, scrutin de liste avec représentation proportionnelle, avec ou sans panachage, avec ou sans répartition au plus fort reste ou à la plus forte moyenne (et ces techniques peuvent se sophistiquer à l'infini)... - la représentation populaire peut être non seulement profondément différente mais elle peut même produire des majorités totalement inverses avec le même corps électoral.
Et l'on n'a pas évoqué ici « le gouvernement du peuple par les experts », ces fameux technocrates, dont Georges Elgozy disaient un peu méchamment : « Ce sont des gens qui se trompent, mais sérieusement, avec des chiffres ! ».
Et si la démocratie, c'était le gouvernement du peuple par le peuple ? Ce serait une idée merveilleuse. Il faudrait l'essayer.


 
 
 
 

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