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La Lettre du Cadre Territorial

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"C'est la ouate qu'elle préfère"

Article du numéro 444 - 01 juin 2012

Repères

À l'aube d'un nouveau quinquennat, les besoins de réformes survivront-ils au poids de la finance et au désir de confort des Français ? Rien n'est moins sûr.

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Superbe chanson anticipatrice : en 1987, la chanteuse Caroline Loeb annonçait nos choix d'aujourd'hui. Que nous percutent les chocs d'une mondialisation qui semble mettre à mal notre modèle social, les chocs d'une planète qui n'en peut plus de nos excès, les chocs d'une financiarisation absurde qui périme les lois de l'économie réelle, ceux d'une dette publique qui pourrait condamner durablement nos systèmes sociaux, ceux d'une Europe qui paraît ne plus croire en elle-même, d'un système éducatif qui a perdu son sens, d'une démocratie remise en cause par ces technologies collaboratives du web 2.0 qui dévoilent son immense rusticité et son incapacité à traduire les réponses du peuple dans son extrême diversité, nous voici interpellés par des questions qui nous dépassent et auxquelles les repères d'hier ne nous permettent plus de répondre.


Que rien ne bouge

Bien sûr, nous le savons tous, pour que ceux qui viendront après nous aient une vie meilleure, il nous faudrait accepter de remettre en cause nos habitudes, nos rentes de situation et nos avantages acquis, y compris ceux qui sont personnellement chers à chacun d'entre nous ; et de cela, il n'est évidemment pas question. Comme l'écrivait Georges Elgozy, « Ne sont insupportables, en France, que les injustices dont je ne profite pas ». Les corps intermédiaires, que nous avons eu tant de mal à construire, à élire et à consolider face à un État omnipotent et à un marché sans âme, sont les meilleurs défenseurs de l'ordre établi : surtout que rien ne bouge. Ceux que nous appelons en France, sans doute par antiphrase, les forces progressistes, demeurent les gardiens sourcilleux de nos pratiques, de nos habitudes et donc de nos conservatismes. Et même ceux qui les contestent dans les urnes, au fond de leur c½ur les en remercient secrètement.
Réjouissons-nous : derrière l'habituelle logorrhée républicaine si prompte à évoquer les grands ancêtres - de Jaurès à De Gaulle - et les grandes révolutions, dès qu'une échéance électorale pointe son nez, aucun candidat ne propose sérieusement de vrais changements d'envergure. Pas question de heurter tel ou tel segment de la population : la meilleure façon de séduire la majorité d'un peuple qu'effraient, à juste titre, les mutations imprévisibles - et demain colossales - d'un monde en gésine, c'est de lui offrir la « barbe à papa » d'un consensus mou. « Dormez en paix, bonnes gens ; nous veillons et vous protégerons de toutes les catastrophes ! ».


Touche pas à mon confort

Et, de vous à moi, attendons-nous vraiment autre chose des acteurs politiques que de ces calmants, de ces anxiolytiques qui permettent de passer les caps difficiles et d'espérer des jours meilleurs et des chances inattendues, tant nous sommes dorénavant convaincus que, quels que soit leur énergie et leurs fermes propos, ceux que nous choisissons démocratiquement n'ont plus vraiment les moyens (le voudraient-ils) de peser sérieusement sur le destin de notre histoire collective ?
« De toutes les matières, c'est la ouate qu'elle préfère ! » : le refrain de Caroline Loeb pourrait être le slogan clé de notre République à l'orée de ces temps nouveaux qu'ouvre la nouvelle présidence. Nous ne demandons pas au vainqueur l'impossible mais une seule chose en vérité, qu'il touche le moins possible à notre confort individuel, même s'il est relatif, même s'il est précaire, même si nous souhaitons l'améliorer ; mais surtout, que rien ne change vraiment, nous risquerions d'y perdre, et, pire, d'avoir à remettre en cause nos façons d'être et les courts avantages de nos modestes prés carrés.
Ah, décidément, quelle jolie chanson !


 
 
 
 

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