Les chaînes d’information en continu et la « transparence » appliquée à la vie des collectivités, des entreprises ou des associations via les réseaux sociaux sont deux réalités qui nécessitent plus que jamais une préparation pour une rencontre média.
1. De quoi parlons-nous ?
De la capacité, pour un interlocuteur qui connaît son sujet et qui est légitime dans sa fonction de porte-parole, à :
- exprimer une idée, prendre position ou réagir sur un sujet de société ;
- défendre une action, ou justifier une décision qui va à l’encontre des habitudes ;
- conforter une politique, dont les résultats espérés ne sont pas encore au rendez-vous ;
- expliquer une situation de crise tout en étant attentif aux victimes de la crise.
2. À qui et quand parlons-nous ?
- À des journalistes spécialisés… ou pas : la pédagogie d’un sujet doit être adaptée de façon inversement proportionnelle au niveau de connaissance supposé du journaliste sur le sujet traité ;
- À un public spécialisé… ou pas : si le journaliste est généraliste et représente un média grand public, le discours de l’émetteur sera tout à fait différent de celui qui sera proposé à un journaliste « expert » dans le domaine traité, s’adressant à un lectorat avisé ;
- Dans une période sereine… ou pas : en période de crise économique, de réduction des effectifs ou de refonte des modalités de travail, le choix des mots dans le cadre d’une prise de parole média est déterminant ;
- Éventuellement, en période électorale… toujours sensible ! La dernière ligne droite d’une campagne électorale peut être l’objet de tous les fantasmes, mensonges et calomnies. Les candidats et porte-paroles doivent redoubler d’efforts pour contrôler leur discours médiatique.
3. Pourquoi prendre la parole ?
Prendre la parole, assurer un SAV médiatique, c’est, aujourd’hui plus que jamais, une nécessité pour :
- contenir la propagation d’une rumeur : une seule phrase sortie de son contexte et diffusée sur les réseaux sociaux peut devenir une rumeur. Une rumeur devient une information et un démenti une nouvelle information… ;
- tuer dans l’œuf une campagne de désinformation : en évitant une « mise à mort » médiatique qui peut ruiner durablement la réputation et la crédibilité de l’émetteur ;
- valoriser le savoir-faire par le faire savoir : dans un monde qui communique sur tout, tout le temps et en temps réel, il ne suffit plus de faire mais il devient indispensable de le faire savoir ;
- apporter aux usagers les informations concernant leurs attentes et leurs besoins : les médias peuvent aussi être mis à contribution pour informer les citoyens/consommateurs sur les politiques en vigueur.
4. Pourquoi faut-il se préparer ?
La prise de parole média est toujours un exercice complexe, qui nécessite une bonne préparation dans le fond et la forme car les journalistes relèveront toujours :
- les incohérences dans le discours lors d’une situation de crise ;
- les messages déjà exprimés, et peut-être en contradiction avec un précédent point presse ;
- les erreurs dans les chiffres énoncés ou les non-réponses sur une question précise ;
- l’exploitation d’un discours trop long, trop technique… et donc restitué (réduit) au fait le plus anecdotique.
5. Comment se préparer ?
La meilleure façon d’affronter un interlocuteur à armes égales étant de le connaître, il est important de savoir :
- comment fonctionne un journaliste dans l’exercice de sa mission :
* les motivations du journaliste,
* les contraintes du travail de journaliste,
* les attentes du média qui emploie le journaliste,
* les points à éviter pour ne pas braquer un journaliste,
* le mode de fonctionnement, le relationnel, qui peuvent ou doivent exister avec un journaliste ;
- les règles qui régissent les principes de l’information :
* l’information est toujours « urgente » pour les « médias courts » comme pour les « médias longs »,
* l’information a un coût, un « espace » qui a une conséquence directe sur l’intérêt que peut porter un média à une information… ou pas,
* l’exigence des médias spécialisés ou grand public n’est pas le même pour un même sujet,
* les contraintes des supports de presse écrite, radio, télévisée ou électronique ne sont pas les mêmes en termes de périodicité et donc de réactivité, ni d’espace disponible,
* la grille de lecture des médias nationaux ou régionaux n’est pas la même quant à l’importance d’une information (en règle générale, « l’importance » d’une information est inversement proportionnelle au nombre de kilomètres qui séparent l’événement du public média).
6. Qui sont les journalistes ?
- Dans leur grande majorité, les journalistes ne sont pas des journalistes d’investigation ni des aventuriers, mais bien des « suiveurs ». Tous les médias traitent la même information pour 90 % des sujets ;
- Quelques médias et journalistes prescripteurs nationaux donnent le tempo sur les informations considérées comme « importantes », pour la journée ou la semaine ;
- Les journalistes sont toujours dans l’urgence, soit pour cause de bouclage ou de conférence de rédaction, soit par manque chronique d’effectifs ;
- Les contraintes des journalistes sont souvent similaires d’un média à l’autre : respect de la ligne éditoriale, manque de place et/ou de temps, besoin de donner un « scoop » et nécessité de se démarquer vis-à-vis de la concurrence.
7. Préparer une rencontre média
La tenue d’un point presse ou la réalisation d’une interview est un travail en soi, un outil devant répondre à un objectif précis.
Ce n’est ni l’aboutissement d’une action, ni un temps d’autosatisfaction.
- Cadre de la rencontre média :
* qui est le public ? expert, grand public… ;
* quel est l’environnement du moment ? situation normale ou de crise ;
* comment (avec qui) baliser son intervention ? vérifier les informations auprès de ceux qui sont à l’origine du sujet ;
* le sujet peut-il être traité à 100 % ? Dire une vérité ou dire la vérité.
- Construction du message faisant l’objet d’une rencontre média :
* choisir le (les) message(s) clés et les hiérarchiser… ce que le journaliste doit retenir de l’entretien ;
* adapter les messages au public média… presse spécialisée/grand public, nationale/régionale ;
* l’exposé doit-il être soutenu par des supports écrits ou audiovisuels ? Toute diffusion ou distribution de documents sera éventuellement une preuve à charge, même 10 ans après les faits ;
* l’histoire proposée doit être racontée sans hésitation (enchaînement de faits cohérents)… Quand il y a hésitation, il y a doute ; quand il y a doute, il y a interprétation ou mauvaise compréhension, puis rumeur.
8. Quand rien ne se passe comme prévu…
Quand une question piège est posée par un journaliste à un émetteur qui ne connaît pas la réponse, ou dont la réponse peut poser problème, il est souhaitable de réagir en trois temps :
- remercier l’interlocuteur pour sa question pertinente : valorisation du journaliste ;
- noter, au mot près, la question et la relire : connivence avec le journaliste et compréhension de la question ;
- assurer l’interlocuteur d’une réponse sous 24 heures : considération pour le travail du journaliste.