Articles de presse

Accueil > Services > Base de données > Articles de presse

La Lettre du Cadre Territorial

Un magazine à destination des cadres de la filière administrative qui balaye l'ensemble des questions managériales et décrypte l'actualité dans les domaines RH, finances et juridiques sur un ton impertinent, engagé et incisif.

Ajouter au panier Vous abonner (voir tarif )
(Règlement par CB, chèque bancaire ou mandat administratif)

A partir de :

129 €

Une troisième voie pour le logement

Article du numéro 437 - 15 février 2012

Leader

Alain Jund est adjoint chargé de l'urbanisme de la ville de Strasbourg et porte-parole du réseau national de coopération des collectivités d'habitat participatif. Créé fin 2010, ce réseau réunit Arras CU, Besançon, Bordeaux, Brest Métropole océane*, Grand Lyon, Grenoble, Lille, Metz*, Montreuil, Nanterre*, Paris, Plaine Commune*, Rennes, Saint-Denis, Strasbourg, Toulouse, CU Grand Toulouse, Vandoeuvre-lès-Nancy*, Rhône-Alpes et Ile-de France. (*signature en 2012).

Envoyer cette page à un ami

Soyez le premier à rédiger un commentaire !

Tous les articles du numéro 437

Télécharger cet article en PDF

Qu'entend-on par habitat participatif ?

Le terme recouvre une diversité d'approches. On y trouve tant des projets de coopératives d'habitants, portés par des valeurs antispéculatives appuyées, que des projets de promotion immobilière autogérée ou des projets de copropriétés plus classiques. Pour l'essentiel, l'habitat participatif qualifie des ménages qui se regroupent pour concevoir ensemble leur logement, le groupe constituant ainsi son propre promoteur. L'objectif est de concevoir une programmation adaptée aux besoins propres et généralement caractérisée par la mutualisation de ressources - buanderie, chambre d'amis, espaces extérieurs...


Cette démarche peut-elle contribuer à répondre aux enjeux de la crise du logement ?

L'habitat participatif ne prétend pas régler le problème du logement en France. Il se veut une troisième voie entre le logement social et la promotion privée. Le mouvement est encore discret dans notre pays ; on dénombre environ 200 projets en cours. Il est beaucoup plus présent dans les Pays nordiques, aux Pays-Bas, en Suisse, en Italie, en Allemagne, où il joue un rôle significatif dans la production de logements. À Tübingen (Bade-Wurtemberg) par exemple, près de 75 % des projets de construction en cours relèvent d'un processus participatif. Du reste, si l'aspect quantitatif est important, il ne doit pas faire oublier l'enjeu urbain et citoyen : l'habitat participatif est un processus ascendant de construction de la ville avec les habitants.


En France, la démarche rime avec « bobos ». Peut-elle également concerner des populations plus fragiles économiquement ?

Le risque de « l'entre-soi » existe. Les exemples étrangers démontrent qu'il peut être dépassé. À Strasbourg, un des projets en cours associe « habitat et humanisme » et, dans un autre, une société HLM s'investit dans l'opération. Au-delà de ces exemples, il est effectivement nécessaire d'affirmer une volonté politique de généralisation et de démocratisation de la démarche. C'est l'un des enjeux de la constitution d'un réseau de coopération entre collectivités et de la signature d'une charte par ses membres (Grenoble, le 27 novembre 2011 - ndlr). À travers elle, l'habitat participatif entre dans la sphère politique : les collectivités s'engagent à en faire une composante de leurs politiques du logement et du développement urbain, à identifier les freins à l'éclosion des projets et à travailler ensemble à la recherche de solutions opérationnelles.


Beaucoup de projets ne parviennent pas à se concrétiser face à la complexité et la technicité des étapes à franchir. Que peuvent faire les collectivités ?

Pour prendre toute sa place dans le paysage institutionnel des politiques publiques, l'habitat participatif doit être inscrit dans une loi. Nous y travaillons. Cette évolution du cadre réglementaire permettra notamment de sécuriser le dialogue des porteurs de projets avec les financeurs. Un levier majeur réside dans l'aide à l'accès au foncier. À Strasbourg, nous avons mobilisé dix terrains appartenant à la commune et lancé pour chacun d'eux un appel à projets sur la base d'un cahier des charges. Une commission à laquelle ont participé des représentants de l'ordre et de l'école des architectes, des comités de quartiers... a ensuite sélectionné les projets retenus. C'est le gage d'un processus transparent, limitant par ailleurs la tendance à privilégier les projets « d'initiés », souvent ceux portés par un groupe comprenant un architecte en son sein. À la différence de l'Allemagne en effet, il n'existe pas en France une filière professionnelle, avec notamment des métiers d'accompagnateurs de groupes (assistants à maîtrise d'ouvrage). Le développement de dynamiques naissantes à cet égard constitue un enjeu crucial pour permettre la généralisation et la démocratisation des projets.


Réseau national de coopération des collectivités d'habitat participatif

Contact : Pierre Zimmermann, coordinateur du réseau national, ville de Strasbourg
pierre.zimmermann@strasbourg.eu