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Donner à voir aux citoyens

Article du numéro 437 - 15 février 2012

Démocratie locale

Des débats qui ne donnent rien, des consultations publiques de pure forme... les citoyens ont parfois du mal à voir les avantages concrets de la démocratie participative. Pourtant, de plus en plus d'outils permettent de visualiser les résultats du débat public. Petit tour d'horizon.

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Les politiques publiques s'inscrivent de plus en plus dans la durée. Dès lors, plus que jamais, le citoyen a besoin d'outils pour suivre leurs avancées. Cette démarche permet de répondre à une autre question : comment rendre compte de la complexité d'un projet sans tomber dans la simplicité extrême ? La cartographie d'information semble répondre parfaitement à ces problématiques. Comment ? En donnant, justement, à voir aux citoyens.


Cartographier les débats
Débattre reste l'un des fondements de la démocratie. Toutefois, bien souvent, le débat s'enlise dans les polémiques ou se perd dans des conjectures. De même, à l'instar de nombreuses réunions, la plupart des débats sont rarement suivis de suites concrètes.
Cartographier le débat va permettre d'une part d'obtenir une photographie des échanges, d'autre part de les mettre en forme pour les rendre plus lisibles. Plusieurs techniques existent (la plupart sont d'origine anglo-saxonne) pour cartographier les débats.

- La cartographie de controverses
« La cartographie des controverses est une méthode pédagogique visant à apprendre aux étudiants (et futurs citoyens) la navigation dans l'univers incertain des controverses. En tirant parti des potentialités interactives, hypertextuelles et multimédias de la communication électronique, les sites-controverse sont des atlas numériques réunissant les différentes représentations d'un débat, ses enjeux et ses acteurs », selon la définition de Bruno Latour, sociologue des sciences et directeur scientifique de Sciences Po.
Source : http://www.futur-en-seine.fr/fiche/cartographie-des-controverses/

- La cartographie de dialogues
La carte de dialogues est une forme graphique pour représenter les interactions d'une discussion publique (voir en anglais http://pictureitsolved.com/resources/dialoguemapping.cfm).

- La cartographie d'arguments
La carte d'arguments (en anglais argument mapping) est une forme graphique pour représenter les positions contradictoires. Aux USA, elle sert par exemple aux avocats pour cartographier les arguments lors de procès.

- La cartographie de causes
La carte de causes (en anglais causal mapping) montre les relations de causes et de conséquences dans un ensemble d'information (voir en anglais http://pictureitsolved.com/resources/causalmapping.cfm).


Des logiciels pour cartographier des débats

Plusieurs logiciels permettent de cartographier des débats.
CmapTools : logiciel utilisé notamment par la NASA pour cartographier ses missions sur mars.
Vue : logiciel libre de la Tuft University
OpenOffice Draw : tout logiciel de dessin ou de bureautique permet de cartographier un débat. Toutefois, les manipulations seront plus faciles avec le logiciel adéquat.
À ce jour, il n'existe malheureusement pas d'outils pour cartographier un débat de façon dynamique. Néanmoins, les outils existants permettent de rendre visible l'état d'un débat à un moment donné.


S'inscrire dans la durée grâce à la ligne de temps

Le temps de l'administration ne s'inscrit pas dans l'immédiateté. En effet, monter un projet de A à Z prend du temps. Durant cette période, les citoyens peuvent s'interroger à juste titre sur l'avancement du projet. Donner à voir l'avancée du projet via une ligne de temps peut être un bon moyen pour accompagner le citoyen dans son besoin légitime de suivre le projet dans sa continuité. La ligne de temps offre la possibilité non seulement de garder une trace mais aussi de donner du sens à une histoire collective. Elle permet également de relier le temps au territoire. De plus, pour le citoyen (sans doute marqué par la frise chronologique vue durant sa scolarité, notamment pendant les cours d'histoire) une ligne de temps reste plus parlante qu'un diagramme de Gantt.
Le conseil régional du Nord - Pas-de-Calais a par exemple représenté son projet de démocratie participative via une ligne du temps.
De nombreux outils existent désormais pour créer une ligne de temps. Ils permettent d'ajouter toutes sortes de contenus multimédias sur une ligne de temps puis de la partager.
Dipity : service en ligne gratuit, possibilité de partager la ligne de temps.
Timetoast : Service en ligne gratuit
Chronoo : plugin OpenOffice


Mettre en avant les territoires

Les citoyens ont également besoin de voir les projets s'inscrire dans les territoires. Désormais, de nombreux outils (comme Google Maps ou OpenStreet Map) permettent de géolocaliser des éléments et de les publier sur son propre site web. Certains services de géolocalisation sortent toutefois du lot :
- le service en ligne MetaMap, créé par l'association Labomedia et le CRIJ (Centre régional information jeunesse) de la région Centre, en collaboration avec la Maison populaire de Montreuil et le laboratoire LMA de l'université Paris 8, propose de positionner sur la carte des photos, des vidéos, des textes, des sons et des flux, afin que l'internaute citoyen puisse partager sa perception du territoire ;
- le service en ligne Kinomap permet par exemple de géolocaliser et de partager des vidéos.
L'association régionale pour la surveillance et l'évaluation de l'atmosphère Nord -Pas-de-Calais, soutenue par l'Ademe et le conseil régional, a publié son étude sur la pollution de l'air dans nos voitures à l'aide de l'application Kinomap.
Les citoyens peuvent aussi donner à voir aux autres citoyens. La facilité d'utilisation de services web offre la possibilité de partager une représentation géographique autour de thématiques dédiées. Le site WheelMap propose ainsi aux internautes d'ajouter des informations sur l'accessibilité des lieux en chaise roulante.
La cartographie d'informations offre la possibilité aux politiques publiques de prendre corps aux yeux des citoyens. Elle permet également de resituer un projet dans le temps et l'espace. Bref, elle permet de le recontextualiser pour lui donner du sens.
Les outils pour cartographier l'information sont désormais répandus et faciles d'utilisation. À moindre coût, ils permettent aux collectivités de rendre visibles leurs politiques publiques.


La cartographie d'informations

Face à la surabondance d'informations, la cartographie d'informations permet de simplifier la complexité. L'actualité en matière d'ouverture des données publiques va d'ailleurs renforcer son intérêt. La cartographie d'information recouvre deux champs distincts :
- la cartographie des données géographiques (ces représentations se baseront notamment sur des outils de SIG) ;
- la cartographie des données abstraites (idées, concepts).
Plusieurs formes graphiques permettront de représenter les données abstraites : la carte mentale, la carte conceptuelle, etc.
Le projet Mindcator lancé dans le cadre des projets tutorés du Master IDEMM à l'UFR IDIST (Université Lille 3) a pour but de devenir le point d'entrée dans l'univers de la cartographie d'informations.