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Savez-vous parler la politique de la ville ?

Article du numéro 435 - 15 janvier 2012

Repères

On a souvent l'impression que le langage de la politique de la ville, bourré d'acronymes et de barbarismes, est fait exprès pour exclure les non spécialistes. Pourtant, sur des enjeux aussi essentiels que le vivre ensemble, il est plus que jamais nécessaire de parler un langage partagé par tous.

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La DREIF s'est prononcée pour une ZPPAUP sur le PNRQAD, à la condition qu'elle tienne compte de la ZNIEFF et du PRU... À l'origine était le langage ! La compréhension par d'autres que les professionnels de l'urbain relève de l'apprentissage d'une langue étrangère. Sommes-nous si éloignés de ce que nous fustigeons dans le milieu médical par exemple ?


Posséder un langage commun

L'urbanisme est au c½ur des politiques publiques territoriales. Il fait appel à de nombreux acteurs, initiés ou non, et s'appuie par nature sur des partenariats complexes, qui ne peuvent fonctionner si le sens de ce qui est dit n'est pas compris de tous. Comment discuter ensemble d'orientations proposées si nous ne partageons pas la signification des mots ? Il n'est pas de programme politique qui ne mette la personne, le citoyen, l'homme au centre des préoccupations. Au-delà des discours, le chemin vers la traduction dans les faits de ce v½u parfois pieu est jalonné de projets, de débats, de décisions qui permettront ou non d'atteindre le but. La concertation doit être mobilisée, élément de l'activité démocratique locale autant que levier pour ancrer les projets dans le réel. Or, pour échanger, il faut posséder un langage commun. N'y participe évidemment pas l'usage quotidien que nous autres, acteurs de l'urbain, faisons de signes mystérieux pour toute personne étrangère à notre milieu. Nous devons, et c'est une part de notre responsabilité professionnelle, faire l'effort de rendre lisible, compréhensible, de traduire des sujets complexes de manière simple, de donner à voir, d'informer pour que l'échange soit réel, fructueux, pour que le parcours que constitue un projet urbain soit entraînant plutôt qu'il ne mette sur la touche.


Slogans et lieux communs

Que dire alors de l'usage de lieux communs ? Ils ne sont parfois que manque de réflexion et mystification de l'interlocuteur. Faut-il vraiment marquer un lieu ? Un territoire n'est pas fait que d'exploits, d'exceptionnalité. Les entrées de ville sont une constante du discours urbain. On y met du savoir, de l'argent. Or, leur situation géographique et leur aspect changent vite au gré du temps. Ne vaut-il pas mieux garder cette énergie pour ailleurs ? Au moins, si nous devons y intervenir, faisons-le en connaissance de cause et non comme un a priori indiscutable. La mixité est un slogan. Mais les résultats obtenus se révèlent souvent peu à l'échelle des objectifs que l'on s'est donnés. Ils peuvent même être contraires comme dans certaines politiques de rénovation de centres-ville. Ne faut-il pas plutôt affronter la réalité, les contradictions et conduire des initiatives moins pompeuses mais plus pragmatiques ? Il faut désenclaver un quartier, discours récurrent de toute intervention sur un grand ensemble. Pour ce faire, on perce des voies et il arrive que l'on démolisse des bâtiments habités uniquement pour que la rue soit droite, qu'elle ne fasse pas un coude. À quel prix dans tous les sens du terme ? Le terme « désenclaver » prend dans ce cas un sens quasi mystique quand il est plutôt nécessaire de comprendre des contextes, d'apporter des solutions adaptées, évolutives, fondées sur une approche raisonnée des moyens disponibles, des priorités à se donner.
Le langage, là, est moins le signe d'une mise à distance qu'il ne masque un manque de réflexion : nous n'avons rien à gagner en l'appauvrissant dans la mesure où justement c'est la précision et la profondeur de ce qui est discuté qui conditionnent la pertinence de ce qui est conduit.