La Lettre du cadre territorial

Le magazine des professionnels de la gestion territoriale.

Accueil > Magazines > Lettre du cadre

La Lettre du Cadre Territorial

Un magazine à destination des cadres de la filière administrative qui balaye l'ensemble des questions managériales et décrypte l'actualité dans les domaines RH, finances et juridiques sur un ton impertinent, engagé et incisif.

Ajouter au panier Vous abonner (voir tarif )
(Règlement par CB, chèque bancaire ou mandat administratif)

A partir de :

129 €

Les déplacements mode doux se diffusent...

Article du numéro 423 - 01 juin 2011

Transports

Après plusieurs années de tâtonnement, les premiers retours d'expérience valident des pratiques et modes d'organisation, qui font efficacement reculer l'usage de la voiture dans les déplacements liés au travail.

Envoyer cette page à un ami

Soyez le premier à rédiger un commentaire !

Tous les articles du numéro 423

Télécharger cet article en PDF

«C'est l'engorgement des villes qui est le moteur dans la mise en place de plans de déplacement entreprise » retient Muriel Mariotto, chargée de projets management de la mobilité au Certu, de l'étude « Évaluation des PDE en 2009 » (1). Et son corollaire : le manque de stationnement... À souligner aussi que, pour un tiers des collectivités sondées, la sécurité des agents est une vraie motivation pour promouvoir les modes doux (transports en commun, vélo...). Bref, les modes doux sont pris de plus en plus au sérieux, s'inscrivant bien souvent aussi dans la dynamique d'un plan climat, d'un agenda 21 ou d'un bilan carbone...


Pratiques éprouvées

Des trente monographies de PDE de collectivités, extraites de la dernière étude en date, Muriel Mariotto dégage les actions qui fonctionnent vraiment et font reculer la voiture. Ce sont : « la gestion d'un stationnement en faveur des covoitureurs, l'information multimodale si possible personnalisée pour chaque agent, l'adhésion à un service d'autopartage pour mutualiser les flottes de véhicules de services, la création d'un pool de véhicules de service mutualisés... ».

À titre d'exemple, dans le Grand Lyon, l'instauration d'un tel pool a permis d'éliminer une cinquantaine de véhicules du parc. Les vélos « simples » ou à assistance électrique sont à présent assez régulièrement mis à la disposition des agents, et... utilisés, que ce soit pour les déplacements domicile-travail ou pour se rendre dans la journée d'un service à un autre. Les collectivités ne boudent pas non plus l'innovation qui implique un certain investissement. Dans le Vaucluse, la communauté d'agglomération Ventoux-Comtat Venaissin (CoVe) teste une dizaine de véhicules « propres » au GNV, et elle a dû s'équiper d'un compresseur in situ pour se prémunir d'une rupture d'approvisionnement.


Souci du détail

Mais il suffit de pas grand-chose pour qu'une alternative à la voiture fonctionne mal. Les collectivités scrupuleuses se soucient donc du détail. « Nous avons modifié l'arrêt de bus, qui était de l'autre côté de la route de notre structure et un parc à vélo sécurisé et abrité est à disposition des agents » indique Julien De Michele, chargé de mission au Pôle développement durable de la CoVe. Ailleurs, à Albi notamment, on autorise les vélos à remonter les sens interdits. Geneviève Parmentier, adjointe au développement durable à Albi commente : « les temps de trajets sont vraiment plus courts, ce qui génère à l'évidence de nouveau adeptes du vélo ». 31 agents (sur 691) ont signé une convention avec la collectivité et peuvent disposer gratuitement d'un vélo, week-end compris. La convention a tout prévu : l'entretien est assuré par les services de la ville.
Le Grand Lyon vient de lancer l'expérimentation « Pariez sur le vélo » : des consignes à vélo ont été installées dans les gares pour permettre aux salariés des zones économiques de gérer le dernier kilomètre entre gare et entreprise. La diffusion des modes doux se déroule ainsi pas à pas, mais aussi « à condition d'être coordonnée avec les politiques d'aménagement, du logement, de l'urbanisme... » insiste Muriel Mariotto.


Nouvelles voies

PDE en place ou pas, depuis le décret n° 2010-676 du 21 juin 2010, les collectivités doivent prendre en charge une partie des frais engagés par leurs agents qui utilisent les transports en commun pour se rendre au travail. La CA Ventoux-Comtat Venaissin réfléchit même à étendre ce dispositif au covoiturage. Et pourquoi pas aller un peu plus loin encore et proposer des transports gratuits ? Gap et la communauté d'agglomération du pays d'Aubagne et de l'Étoile ont osé, et pas uniquement pour leurs agents... Une option qui devrait rester marginale. « Les agglomérations ont déjà beaucoup de mal à équilibrer leurs budgets » estime Geneviève Parmentier, qui fait remarquer aussi que « les agents qui travaillent à Albi peuvent faire l'effort d'habiter près de la ville ». Au nom d'une certaine équité, elle cite le cas des cadres habitant loin, qui sont, de fait, exemptés d'astreintes. Mais, entre le prix des logements, et le lieu de travail du conjoint, le personnel n'a souvent pas l'embarras du choix de leur lieu d'habitation.

Une autre voie reste encore à explorer : le télétravail. 25 à 30 agents du conseil général du Lot vont l'expérimenter entre mai/juin et décembre prochain. La durée maximum de jours en télétravail sera de 1,5 jour par semaine. Outre l'enjeu environnemental, le département souhaite valider les avantages en terme de management et mesurer les enjeux. De son côté, le Grand Lyon mène actuellement des études de faisabilité pour monter un centre de télétravail collectif en périurbain afin de promouvoir ce concept et limiter les déplacements. Enfin, à défaut de rendre totalement gratuits les transports en commun, il ne sera pas inintéressant d'installer un système de covoiturage, avec un grand nombre de participants, à l'échelle, d'ailleurs, non plus d'une collectivité mais de plusieurs établissements. Mais qui coordonne, qui anime ?


Vers plus d'animation et de conseil

« Nous avons mis en place un système de covoiturage, qui n'a pas bien fonctionné. Il faut une vraie animation. On ne peut se contenter de faire passer un tableau Excel » confirme Julien De Michele. Nombre de collectivités se tournent aussi vers une cellule « conseil en mobilité », somme toute un service, parfois extérieur à la collectivité, qui s'occupe de faire des diagnostics de PDE pour toutes les collectivités et toutes les entreprises d'un même bassin de vie... En 2000, la loi SRU encourageait les agglomérations de plus de 100 000 habitants à se doter d'un tel service. L'étude de l'Ademe sur les PDE de 2005 souligne que le développement des démarches PDE est étroitement corrélé avec une action de conseil de mobilité...

En 2009, il n'existait cependant encore que 49 CeM selon un état de l'art des Conseils en mobilité en France conduit par l'Ademe. En outre, là où un CeM existe, l'évaluation est également une réalité. « Et l'évaluation est capitale au maintien de la dynamique d'un PDE » assure Muriel Mariotto. Naturellement, le conseil de mobilité est souvent la clé d'entrée pour l'émergence de PDIE1, sorte de « mini-plan de déplacements urbains » entre entreprises et collectivités territoriales. En dehors d'un conseil de mobilité, deux autres acteurs s'intéressent aux déplacements avec une vision sociétale élargie : les bureaux des temps et les agences d'urbanisme.

1. Inddigo/Altermodal


Le Grand Lyon manage la mobilité

« Nous animons 13 PDIE, cela représente 435 entreprises, soit plus de 35 000 salariés, déclare Lucie Verchère, chargée de mission « temps et services innovants » du Grand Lyon. Cette mission « temps » a démarré en 2003, suite à des questions posées par des acteurs du territoire... Des entreprises nous avaient en particulier interpellés sur ce problème : trop de trafic aux abords des zones économiques, des retards du personnel, du stress, les hôtesses d'accueil n'arrivaient pas à l'heure... Le premier PDIE a été lancé en 2006. Il y a aujourd'hui une synergie forte entre nos diagnostics et l'organisation des transports en commun sous la houlette du Sytral, lequel tient compte en effet de nos résultats. Nous avons par ailleurs mis en place un portail de covoiturage www.covoiturage-grandlyon.com en 2009 avec à ce jour 4 000 inscrits, dont 20 % covoiturent au moins une fois/semaine. Nous assurons aussi l'animation de proximité de ce dispositif, élément essentiel de sa réussite. Comment avons-nous fait pour changer les comportements ? En répétant les mêmes choses régulièrement. Nous avons aussi des animateurs de proximité cofinancés par l'Ademe, la Région, le Grand Lyon, qui interviennent auprès des référents « mobilité » en entreprise, les encouragent, animent des petits-déjeuners dans les entreprises, conçoivent des actions spécifiques, font du buzz.


DocDoc

À lire
- Rouen veut se déplacer proprement, La Lettre du cadre territorial n° 376, 15 mars 2009.