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Union pour la Méditerranée : «accélérer le pas»

Article du numéro 382 - 15 juin 2009

Leader

Jean-Louis Reiffers, Président du conseil scientifique de l'Institut de la Méditerranée depuis 1996, Jean-Louis Reiffers est Doyen honoraire de la faculté de Sciences économiques d'Aix/Marseille II et professeur d'économie à l'université de la Méditerranée. Titulaire d'un doctorat d'Etat et agrégé en Sciences économiques, il fut également conseiller auprès du Premier ministre Édith Cresson pour l'éducation et la formation. Il récemment publié un rapport sur l'Union pour la Méditerranée.

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La crise économique est-elle un frein au développement de l'Union pour la Méditerranée ?

Président du conseil scientifique de l'Institut de la Méditerranée depuis 1996, Jean-Louis Reiffers est Doyen honoraire de la faculté de Sciences économiques d'Aix/Marseille II et professeur d'économie à l'université de la Méditerranée. Titulaire d'un doctorat d'État et agrégé en Sciences économiques, il fut également conseiller auprès du Premier ministre Édith Cresson pour l'éducation et la formation. Il a récemment publié un rapport sur l'Union pour la Méditerranée.


Pour le moment, la crise n'a pas encore ­véritablement touché les pays du Sud. Mais elle aura bientôt des effets sensibles, par quatre canaux. Le premier canal de transmission de la crise est l'échange de marchandises. La baisse de la croissance européenne va diminuer les exportations des pays du Sud vers l'UE et rendre la concurrence plus dure. On le voit déjà dans le textile. Le deuxième ­canal est celui du tourisme. Personne ne peut dire quel sera l'effet net entre la diminution des flux touristiques liée à la stagnation des ­revenus et une tendance à l'augmentation liée au fait que les pays méditerranéens sont une destination moins onéreuse qui peut bénéficier d'un effet de report. Le troisième et le quatrième canal, les flux d'investissement ­directs et les transferts de revenus des ­migrants, vont enregistrer de sensibles diminutions. On voit mal comment ces éléments cumulés ne joueraient pas un ­effet dépres­sif important sur les pays du Sud méditerranéen. L'UPM a une chance historique d'aider à l'ajustement. Mais sa crédibilité sera entamée si elle ne conçoit pas un plan de ­relance, n'en discute pas, si elle ne cherche même pas à mesurer les effets de la crise et à assister techniquement les pays.


Qu'en pensent les pays du Sud ?

Nos amis de la société civile nous disent « Accélérez le pas, nous avons besoin de cette Union ». Les représentants officiels sont plus prudents car de lourdes incertitudes ­pèsent sur le processus de paix au Moyen-Orient. Je ne suis pas certain que le moment soit ­approprié pour ­aller beaucoup plus loin dans la libéralisation des échanges, l'ouverture complète du compte de capital, les ­réformes institutionnelles. En revanche, comme tout le monde a bien conscience de l'interdépendance qui existe dans cet espace, vous n'observerez pas de discours protectionniste. Au total, la réalité économique sera plutôt un facteur de rapprochement et j'espère que les partenaires prendront la mesure de l'intérêt qu'il y a à l'affronter ensemble. Ils nous diront alors « il n'y a aucune raison pour que les grands pays, en particulier ceux que nous avons suivis dans le projet d'Union pour la Méditerranée, discutent de la crise et des moyens de la relance sans nous. Il n'y a pas de raisons non plus pour que l'on nous ­explique que, les budgets étant votés jusqu'à 2012 dans des programmations quinquennales à la soviétique, ­aucune action conjoncturelle ne soit possible ».


L'UPM se construit-elle malgré tout, en dehors des États ?

Oui, elle continue à se construire au travers de la société civile et de tous ses opérateurs grâce à la coopération entre les échelons ­décentralisés, mais également par un travail commun des agences officielles. Cette aspiration humaine à l'échange, à la cohabitation, est réciproque. C'est pour cela que les projets continuent à se monter dans des cadres de coopération Nord/Sud.


Quels ont été à vos yeux les progrès les plus tangibles depuis vingt ans ?

Incontestablement le changement de mentalité au Nord vis-à-vis de l'espace méditerranéen et de la nécessité de le consolider. Rappelez-vous au début des années quatre-vingt-dix, qui ­aurait osé parler de partenariat, d'Union ­entre les populations du Nord et du Sud ? Certes, ce changement de mentalité s'est ­accompagné de la prise de conscience de l'importance des grandes régions pour peser dans le monde multipolaire qui se met en place. Mais il y a plus, il y a aussi la prise de conscience de nos propres limites, dues au vieillissement de nos populations et au ­potentiel révélé par les populations du Sud.