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Les « papy-boomers » font de la résistance

Article du numéro 375 - 01 mars 2009

Management - Tribune

Avec la réforme de 2008, bon nombre "d'anciens" ont décidé de repousser de plusieurs années leur départ en retraite. Du coup, les jeunes qu'on avait recrutés pour leur succéder et à qui étaient promis un accès rapide aux responsabilités devront attendre. Jusqu'à quand ?

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Jean-Louis Cros - Directeur général des services d'Avignon  jean-louis.cros@mairie-avignon.com La pyramide des âges des titulaires d'emplois de direction des collectivités territoriales laissait présager, il y a quelques années, une profonde mutation de l'encadrement supérieur, avec des départs prévisibles en retraite relativement massifs. Les médias nous alertaient et la mobilisation générale était proclamée : « Plus de 50 % des territoriaux à la retraite d'ici 2012 », « Fonctionnaires : alerte au papy-boom », « Face au papy-boom, les stratégies s'affinent »... La génération de l'immédiat après-guerre qualifiée jadis de « baby-boom », ­aujourd'hui transformée par le poids du temps en « papy-boomer », allait attein­dre à partir des années 2006, l'âge fatidique de 60 ans. Le cadre d'emplois des administrateurs territoriaux était particulièrement concerné par ce phénomène démographique puisqu'on ­annon­çait, il y a peu encore, le renouvellement de 40 % des effectifs en quelques ­années.


Quarante et une annuités en 2009

Certaines collectivités, anticipant, à juste raison, la perte d'expérience et de technicité qu'elles allaient subir, ont ­décidé de recruter de jeunes administrateurs, souvent lauréats du concours, pour les préparer à assumer la relève, ­offrant ainsi des perspectives de carrière intéressantes à court terme. C'était sans compter sur la réforme des ­retraites dans la fonction publique, avec l'allongement de la durée de cotisation et les décotes qui ont conduit les cadres dirigeants des collectivités à sortir leurs calculettes ou à consulter les simulateurs de la CNRACL pour mesurer les conséquences financières d'un départ mérité mais peut-être précipité dans ce nouveau contexte. Pour percevoir une retraite à taux plein, il fallait 156 trimestres, soit 39 ans d'activités en 2006, 160, soit 40 ans en 2008 et il en faudra (au moins !) 164, soit 41 ans en 2012. Or, contrairement à leurs aînés, la plupart des cadres concernés n'ont généralement pas ­débuté leur carrière à 19 ou 20 ans et ne peuvent pas comptabiliser un nombre d'annuités suffisant pour prétendre à une retraite à taux plein à 60 ans, ayant souvent suivi un cursus dans l'enseignement supérieur et ayant quelquefois travaillé dans le secteur privé avant de rejoindre la fonction publique.


D'autres pouvant pourtant prétendre à une retraite bien méritée à l'issue des années requises, encore alertes sexagénaires, ont aussi voulu bénéficier du système de surcote pour s'assurer une fin de jours plus confortable, d'autant que le montant du régime indemnitaire (souvent plus de 30 % du traitement ­indiciaire) n'est pris en compte dans les pensions que pour une portion congrue. Après mûre réflexion, certains ont donc été conduits à différer l'échéance tant attendue souvent jusqu'à 65, voire 67 ans.


Des responsabilités reportées sine die

Dès lors, voici que nos jeunes cadres promis, de prime abord, à un bel avenir et aux avantages de la fonction, se ­retrouvent en attente d'une affectation, pourtant tant espérée sur les emplois de direction et clairement affichée, reportée sine die. Les voilà piaffant d'impatience devant un statu quo qui tend à se prolonger, ainsi placé devant l'alternative d'un général célèbre : se soumettre ou se démettre. Tels sont en effet les dommages collatéraux d'une réforme rendue pourtant nécessaire pour l'équilibre financier de nos régimes de retraites. Assisterons-nous à une nouvelle querelle des ­Anciens et des Modernes, version fonction publique territoriale ?