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Grand Paris : et la dimension humaine ?

Article du numéro 374 - 15 février 2009

Repères

Penser le dossier du Grand Paris en termes institutionnels est nécessaire. Le penser en termes de projet l'est encore plus. Car seul un réel projet de territoire peut permettre de prendre en compte l'indispensable dimension humaine du développement local.

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Jean-Pierre Charbonneau est ingénieur Arts et Métiers. Urbaniste, consultant en politiques urbaines et culturelles, il a été nominé pour le Grand Prix national de l'urbanisme 2002. Il est actuellement conseiller technique des villes de Saint-Etienne, Saint-Denis, Copenhague, Lyon et Grand Lyon.

On peut être pour le Grand Paris ou contre. Tout dépend du projet que l'on poursuit. Qu'y a-t-il de commun entre celui de Nicolas Sarkozy et celui de Patrick Braouezec, président de Plaine Commune ? Dans un cas, on imagine des tours, des bureaux, des « Défense bis et ter », ­leviers du développement d'une puissance économique qu'on espère bénéficier à tous. Dans l'autre cas, on cherche, grâce à une ­approche territoriale du développement, la création d'un territoire prospère et solidaire, qui facilite le règlement des problèmes ­sociaux au lieu de les renforcer. Cet objectif n'est pas naturel, il ne dépend pas du marché économique, mais vise à l'orienter, à l'infléchir. Il suppose donc de faire de la politique c'est-à-dire de porter un engagement, d'assumer des débats, des conflits. Parler de Métropole renvoie donc à la question : un Grand Paris, pour quel projet politique ?


L'institution est un outil, pas une fin

On voit souvent apparaître le thème du statut institutionnel : « il faut une communauté d'agglomération ». Elle reprendrait des contours proches de feu le département de la Seine. Certes, les sujets de l'urbain se traitent à des niveaux institutionnels et territoriaux différents : l'habitat ou les transports à l'échelle de l'agglomération, la proximité au niveau communal, etc. Or, soit ces niveaux sont opérants pour les thèmes à traiter, soit ils ne peuvent pas l'être (ce peut être le cas sur certains champs de l'économie). Il est alors nécessaire de faire évoluer le statut institutionnel sur les sujets défaillants afin de les aborder à la bonne échelle. Mais une réponse institutionnelle ne ­résoudra jamais tout. Il est des communautés d'agglomération (et des communes) qui, à compétences égales, fonctionnent bien et d'autres non. Alors pourquoi une telle ­réponse quand le problème est autant politique que technique ?


Et la compétence des acteurs ?

Car le développement urbain est un sujet complexe mêlant les multiples rôles et fonctions des villes, la diversité des échelles et les contradictions de toute société humaine. C'est un sujet « savant », qui demande des compétences. Les administrations, les maîtres d'œuvre, les bureaux d'études, les écoles ont des capacités professionnelles et un ­savoir-faire construit depuis vingt ans. Grand Paris ou pas, nous travaillons beaucoup dans les villes pour réparer les erreurs passées, souvent liées à l'incompétence ou à des approches verticales faisant fi de la complexité. Est-il permis d'en parler ?


Des villes très humaines

Le quatrième pilier du développement est lié à la dimension humaine de l'urbain. Elle peut être positive et s'appuyer sur les valeurs d'un territoire, ou toucher à des problèmes très graves comme l'exclusion, voire la ­délinquance ou la drogue. Le choix de la ­métropolisation doit prendre en compte cette réalité comme un objectif fondateur : comment rendre meilleure la vie des citadins en assurant une solidarité urbaine ? Les villes ne sont-elles pas d'abord des sociétés humaines ? Comment le Grand Paris aborde-t-il cette question ? Alors, pour ou contre le Grand Paris ? ­Manifestement, les débats ne pas sont clos. Prenons garde cependant à ne pas nous y perdre ni à y perdre trop de temps, car les problèmes urbains non résolus ne font qu'empirer et, face à cela, il n'y a aucune ­solution miracle.