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Développement durable : une nouvelle frontière

Article du numéro 371 - 18 décembre 2008

Idées

Et si, plutôt que de nous engager à reculons dans le développement durable, comme dans la « drôle de guerre », nous en saisissions à bras-le-corps tout le potentiel de transformation et d'enrichissement de notre façon de vivre ensemble ?

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C'est ce parti-pris que prend Bernard Perret, et il ouvre ainsi de fortes et belles perspectives en matière d'action publique. Car il a vite fait de le démontrer, c'est bien à l'action publique qu'il va falloir redonner toute sa place si nous voulons avoir quelque chance de relever les formidables défis qui se profilent à l'horizon de ce siècle ; à commencer par celui du changement climatique, dont nous venons tout juste de réaliser la gravité.


Changer nos manières de vivre

Une partie des réponses viendra certes du progrès technique, mais il faut se garder de tout en attendre : les avancées technologiques ne se décrètent pas en tous domaines, sinon le SIDA et le cancer seraient éradiqués depuis longtemps. Il serait tout aussi aventureux de s'en remettre à de nouveaux mécanismes de marché : faire payer les nuisances, soutenir une offre de produits et services respectueux de l'environnement est indispensable, mais fait évidemment courir le risque de creuser les inégalités entre les individus comme entre les pays.

La nature de la crise dans laquelle nous sommes entrés nous oblige à chercher plus profond les réponses, en nous gardant de toute illusion de nous en tirer à bon compte sans trop changer nos manières de vivre. C'est d'abord la place de l'économie et du marché qu'il va falloir de nouveau interroger. C'est une question qu'on a pu croire définitivement réglée il y a peu : ce serait désormais le marché qui mènerait le monde, ne laissant à la puissance publique qu'un rôle d'accompagnement et de correction des ­dégâts les plus criants. Avec la crise écologique, et la crise financière, ce nouveau dogme prend un sérieux coup de vieux. Un autre modèle se dessine qui donnera toute sa place à l'action publique : « fixer le cap, configurer les marchés, orienter la production, redéfinir les droits de propriété pour préserver les enjeux collectifs ».


De nouvelles responsabilités publiques


Reprendre la main sur l'économie est le premier enjeu, mais les nouvelles responsabilités publiques qui se dessinent vont bien au-delà. Les pouvoirs publics vont devoir se faire ­pédagogues d'un nouveau rapport à la nature et aux biens matériels. L'ère de l'expansion ­indéfinie des satisfactions matérielles est ­révolue ; c'est l'expression de nouvelles préférences collectives, privilégiant le qualitatif et l'immatériel, qu'il va falloir organiser.

Un tel enjeu ne va pas sans poser de problèmes : l'idée de voir l'État se mêler de la ­définition du bonheur réveille de forts mauvais souvenirs. C'est bien pourquoi il ne faut pas imaginer la nécessaire réhabilitation de l'action publique comme un retour à d'anciennes manières de faire. La gouvernance dont nous avons besoin pour assumer l'épreuve de la crise est à inventer. Elle devra tout particulièrement soigner l'articulation entre contrainte (il faudra poser des règles et gérer des frustrations) et démocratie (rien de profond ne réussira sans l'assentiment et la participation active des intéressés). Elle devra aussi se déployer de manière cohérente à toutes les échelles territoriales : la qualité du chaînage des politiques publiques du global jusqu'au local sera déterminante.

Voilà l'essentiel du défi qui se présente à nous : créer de nouvelles capacités d'agir ­ensemble. Quel plus noble dessein que celui-ci, pour nos organisations publiques ­aujourd'hui en quête de sens ?


Le capitalisme est-il durable ?
Bernard Perret,
Éditions Carnets Nord.
Retrouvez des extraits de cet ouvrage sur www.lettreducadre.fr/comp-redac.html, complément rédactionnel n° 880.